Le hasard avait voulu que vienne sinstaller dans le pavillon voisin du nôtre un jeune couple, Julie et René, dont le mari était le collaborateur récent de mon épouse dans la grande surface de la ville. Sabine, mon épouse avait gravi par promotion interne les échelons de la hiérarchie et devait encadrer la nouvelle recrue issue dune école de commerce. Ils formaient un binôme apprécié. Il leur arrivait de préparer à domicile, au calme, des campagnes de promotion. Julie élevait Margaux, un bébé de trois mois, avant de reprendre son travail de secrétaire.

Jétais adjoint commercial du directeur dune concession automobile. Depuis que javais épousé Sabine, jadmirais son implication dans les résultats de son entreprise. Jamais elle ne rechignait à donner de son temps ni de son énergie: certains soirs, le repas terminé elle se couchait comme épuisée et sendormait aussitôt. Un peu comme quand nous venions de nous aimer longuement. Cétait attendrissant. En principe le lendemain elle prenait linitiative dune folle session, accordait à mes sens et aux siens des débordements délicieux, toute pudeur écartée. Ainsi je me réjouissais de ses retards dans lattente de ces lendemains qui chantaient, où tout était permis: les caresses les plus gentilles et les plus canailles, les baisers en chapelets, des orteils aux lèvres odorantes, de la bouche à larrière des oreilles, du nombril au, puis-je préciser, au plissé de la porte arrière. Par-dessus tout, jaurais sucé pendant des heures le minuscule clitoris, nétait son extrême sensibilité lorsque le travail lavait retenu.

Elle jouissait des mêmes droits de découvertes et pratiquait avec un art consommé les exercices buccaux propres à me conserver longuement en érection. Son plus grand plaisir consistait à étaler mon sperme sur son visage et sur ses seins: cétait meilleur pour la peau que toutes les pommades et onguents. Après une chevauchée sauvage, je devais me retirer pour nourrir lélasticité de son épiderme, en évitant les yeux. Jaurais préféré parfois mabandonner dans le vagin, sentir sa réaction à mes contractions. A force dinsistance jobtenais cette faveur.

Pour satisfaire son ambition, elle avait reporté à plus tard la naissance de notre premier enfant. La vue du bébé de René et Julie mattendrissait et réveillait mon désir de paternité. Sabine était une épouse très sensuelle, mais, comme beaucoup de femmes sétait mise à labri dune maternité non désirée grâce à la pose dun stérilet. Je rongeais mon frein. Un jour viendrait, elle me lavait promis, où je pourrais comme René me pencher sur un berceau.

Ce jour, vers 10 heures, je fis un saut à mon domicile pour récupérer mon ordinateur portable. La voiture de Sabine était au garage: elle était certainement en réunion avec René. Pendant que je traversais le rez-de-chaussée, jentendis des pas précipités à létage, comme une course. Jouvrais la porte qui donnait sur lescalier pour entendre le rire joyeux de Sabine et un commentaire étonnant de son adjoint:

-Tu vois, je tai attrapée. Inutile de courir. Et maintenant quest-ce quon dit à son chéri?

-Quil nest pas raisonnable. On ne devrait pas.

-Mais cest si bon. Tu maffoles, jai envie de toi

-Pense à ta femme et à ton enfant, là dans la maison voisine.

Je tendais loreille. Cétait ça le travail qui réclamait un investissement de toutes leurs facultés.

-Tu y as pensé le jour où tu mas séduit? Tu tes jetée sur moi, tu mas embrassé. Par respect pour ton mari, jai essayé de me dérober. Et tu mas convaincu: du moment que notre relation restait secrète, elle

ne faisait de tort à personne. Elle est secrète, pourquoi se priver?

-Oui, mais je ne veux pas que tu te mettes à maimer. Daccord pour quelques jeux, cependant je vois que tu y mêles des sentiments. Je suis mariée, je tiens à mon mari. Le mariage cest une chose sérieuse.

On sest fait du bien. Je ne regrette rien. Il faut savoir sarrêter.

-Alors, je veux bien te lâcher. Ce sera la dernière fois. Je voudrais garder de toi un souvenir unique, pour me consoler. Je souhaite te voir enfin entièrement nue. Jamais nous navons fait lamour tout nus. Sil te plaît. Viens je te déshabille et tu me rendras le même service. Peau à peau, ce sera fabuleux.

-Va pour ça, mais jure-moi que tu ny reviendras plus.

Jentends des froissements détoffes, des rires chatouillés, les pas de pieds nus. Elle glousse, il la complimente. Ses trente ans sont magnifiques!

-Allonge-toi sur le canapé, laisse pendre ta jambe gauche. Jadore lodeur de ton sexe. Tu sais lui donner une touche de parfum qui ne chasse pas la senteur naturelle. Et ce rose humide quand jécarte tes lèvres , et cette saveur unique sur la pointe de ma langue, ça me rend dingue.

-Oh! Oui, suce doucement le bourgeon, sois doux.

-Comme ça?

-Oui, mets un doigt, bouge-le à lentrée, jadore

Je my croirais. Elle me dit souvent la même chose. Dans mon bureau, je saisis mon appareil photos numérique, je neutralise le flash et je gravis lescalier, me poste derrière la porte du salon et assiste à la première charge. Quand Sabine se donne en amour, elle fait comme au travail. Elle est sur le dos, le pied gauche en appui sur le canapé, le droit planté au sol. Son bassin se tend, repousse le pubis qui se colle au sien. René a pris une cadence lente, il veut faire durer afin de laisser à Sabine le temps de monter en température. Entre lhuisserie et la porte je prends une première photo: les deux corps accouplés en entier et le visage rougi de ma femme. Le bruit de leurs souffles couvre le déclic. Il sest arrêté, tétanisé; mais son sperme ne doit pas avoir la valeur nutritive du mien, elle la laissé se vider contre sa matrice , elle a crié de plaisir mais na pas voulu se couvrir le visage de son liquide. Ils récupèrent.

-Jaimerais te prendre en levrette. La vue de ta croupe épanouie me trouble toujours, et nue cest sublime.

. René debout caresse au passage les flancs de sa maîtresse, le plat de la main parcourt le dos du haut en bas. La main se pose sur une fesse, il se déplace vers larrière, dun doigt suit la ligne des fesses. Cest parfait pour la photo, ils seront de face. Agenouillé entre les jambes, il promène son prépuce sur la vulve, lève, baisse, lève encore, samuse à énerver le seuil et obtient finalement la supplication:

-Allez, viens, entre, je brûle denvie, ne tarde plus, prends-moi.

Attends, jessuie le reflux, sinon nous souillerons le canapé.

Le string doit être trempé lorsquil atterrit sur le tapis. René ne se fait pas prier, envoie le gland, mais progresse lentement, vient coller son bas-ventre aux fesses offertes et sallonge sur le dos de Sabine pour aller déposer un baiser sur la nuque; les deux mains entourent les seins pendants et les triturent. Ils ne bougent plus, tout à la volupté de la pénétration. Il se relève, entame une marche arrière, retire son membre jusquà la limite de la corolle, reste en suspens puis plonge subitement et vient claquer larrière-train qui résiste au choc. Alors il rebondit, revient, ressort, senfonce, accélère, cogne de plus en plus vite. Sabine entame le chant du plaisir fait de aaaaaaaaah coupés de euh. Dune main il a saisi la chevelure, lempoigne comme des rênes et guide sa monture au galop. La cambrure saccentue, la mélopée de la femme saillie remplit lespace, encourage létalon en rut. Elle gémit, pousse des cris, respire de plus en plus fort, euh, ehao, hou. Sa figure relevée se couvre de gouttelettes, sa bouche se déforme, ses yeux sécarquillent avant de se refermer sur lorgasme qui la submerge. Le cavalier simmobilise, tête rejetée en arrière et secoué de spasmes, lâche un long soupir: cette photo sera parfaite.

Leur liaison nest plus un secret. Elle fait mal. Que de fois ma-t-elle juré un amour unique et éternel. Que de fois a-t-elle déploré le sort de ces couples infidèles qui divorcent. Ce nest pas à nous que cela pourrait arriver. Nous sommes un couple modèle. Le couple idéal. Cest limage quelle veut imposer à notre entourage. Je me sauve discrètement, jai assisté au terrible spectacle froid, comme anesthésié. Maintenant je me maudis davoir oublié mon portable. Ma belle confiance, ma quiétude de mari heureux, cest fini. Mes mains tremblent sur le volant, jai une boule dans la poitrine, une envie de vomir. Lémotion déborde tout à coup, à retardement.

A mon retour vers 18 heures, je me retrouve seul. Je tire quelques exemplaires des photos. Sous enveloppe je les place en sécurité dans mon garage. Je prends lair dans mon jardin. Quelle suite donner? Cétait une séparation, si jai bien compris. La première? La dernière? Comment, pourquoi?

-Bonsoir, Jean.

Cest ma voisine, la jeune et jolie Julie, toute blonde et rose.

-Ah! Si mon mari était aussi ponctuel que vous. Il est encore une fois en retard. Il prétend que Sabine lui fait faire des heures supplémentaires.

Une mauvaise pensée me traverse lesprit. La jeune femme est appétissante. En my prenant bien je pourrais faire à René ce quil ma fait. Jirais rendre visite à ma voisine, je lui montrerais une photo, je la consolerais. Nous pourrions prendre du bon temps, en secret, sans faire de tort! Ses seins de nourrice doivent être agréables à téter, mes mains masseraient les inévitables vergetures, je saurais lui faire lamour aussi bien que son éphèbe et pourquoi pas lui faire cet enfant dont je rêve. Je déverserais en elle le venin de ma vengeance. Mais elle nest pas fautive.

-Cest sans doute une situation provisoire. Il va acquérir son indépendance et organiser lui-même son emploi du temps. Comment va Margaux?

A 19 heures René revient du travail, seul.

Sabine sexcuse de son retard en arrivant à 20 heures. La journée a été harassante. Mais avec René elle a réalisé un travail qui a été apprécié. Pas de moi, si je la revois, appuyée à laccoudoir du canapé, dos cambrée, pénétrée par la tête chercheuse de ladjoint. Elle remue le couteau dans la plaie, mais lignore.

Elle est restée en discussion avec le directeur. On propose au binôme un stage de perfectionnement et dadaptation à des fonctions plus importantes, plus intéressantes et mieux rémunérées. Elle craint que lun des aspects du stage ne me déplaise: il doit se dérouler à Strasbourg pendant trois mois, du lundi au vendredi. Mais avec lavantage de libérer les samedis et les dimanches. Nous aurions tout le week-end pour nous retrouver. Ce serait une magnifique occasion de redonner à notre amour un élan nouveau.

-Cela signifie-t-il que tu nes pas satisfaite?

-Mais non, que tu es bête! Au contraire tu es un mari parfait, je ne pouvais rêver mieux.

Mon aveuglement lui laisse tant de liberté, je le sais maintenant. Pour elle je suis complaisant sans le savoir. Un mari trompé, incapable de soupçonner linfidélité de son épouse: ça doit être ça son mari parfait. Ma tête de cocu doit entretenir sa bonne humeur. Elle me flatte par moquerie. Elle va payer son effronterie.

-Reste à résoudre un problème, René hésite à laisser sa femme et son jeune enfant seuls pendant la semaine.

Sabine a pour mission de lui arracher un accord. Le stage est bâti pour le binôme, la défaillance de lun ruinerait les espoirs de lautre. Elle compte pour acquise ma bénédiction. Je la surprends en lui annonçant que je vais de ce pas convaincre son adjoint. Quelle lappelle au téléphone, je vais lentretenir.

Quand René arrive, je lentraîne dans mon garage, toutes portes fermées. Pas besoin de discours: Julie, sa légitime, ne verra pas ces photos sil accepte le stage et prend lengagement de satisfaire sexuellement Sabine jusquà la fin du stage, de veiller sur elle et de sassurer lexclusivité de ses transports amoureux.

-Non, je ne blague pas. Vous navez pas trouvé scandaleux de coucher avec ma femme. Pour son bien, le vôtre et celui de votre famille, continuez!

Il doit imposer ses conditions. Il ira à Strasbourg si ma femme prend lengagement écrit dêtre sa maîtresse pendant le séjour lointain. Il me remettra lengagement écrit et me devra un rapport hebdomadaire. En cas de manquement de Sabine, il se retirerait du stage. Éventuellement il pourra me téléphoner. Mais je ne veux plus les surprendre avant le départ en stage. Quil aille annoncer la bonne nouvelle, jai du bricolage à faire dans ma cave. Évidemment Sabine doit tout ignorer de notre accord.

.

Elle maccueille avec amour. Jai droit à une démonstration hors du commun. Vraiment elle a épousé lhomme idéal. Elle me trouve formidable davoir réussi où elle et le directeur avaient trébuché.

-Tu connaîtras des week-ends chauds, tu ne regretteras pas .

-Jure-moi que tu me seras fidèle; loin des yeux, loin du cur: je ne voudrais pas perdre ma femme dans laventure.

Elle proteste quelle naime que moi, quelle comptera les heures de séparation. Jamais, au grand jamais lidée de me tromper ne lui traverserait lesprit. Comment puis-je douter. Je connais pourtant son attachement aux valeurs du mariage. Quand une femme a un mari comme moi, elle veille jalousement sur son trésor

Et trésor, je suis, déshabillé, caressé, embrassé, fumé comme une pipe, entraîné à une levrette avec présentation de labricot qui a déjà servi aujourdhui. Bien que je naie pas lesprit de concours, je lui prouve que son mari garde lavantage dune longue expérience en endurance, en tendresse et en ardeur.

Je lui fais oublier lexercice du matin, la conduis sur des sommets. Elle me regarde avec admiration et court au bidet. La séance du matin a dopé ses ardeurs. Plus elle me trompe, plus elle maime. Serait-ce lexplication de ces élans incroyables après des retards importants? Si elle travaille le soir, en heures supplémentaires, comme elle la fait ce matin avec René, jaurai encore à connaître des heures de plaisir intense.

-Crois-tu que notre amour est tombé dans la routine?

-Non, je voulais dire que nous allions connaître un amour encore plus fort. Cest vrai ce soir. Ca le sera tous les samedis et dimanches, mon amour. Je te désirerais pendant toute la semaine et tu en profiteras pendant deux nuits et deux jours. Tu auras intérêt à ne pas te dépenser avec une autre.

Elle regarde mes yeux. Les siens sont clairs, je ny découvre aucun signe de trouble. Ses yeux me disent quelle maime. Je ne chercherai plus la vérité dans ces yeux.

Le lendemain Sabine invite pour la fin de semaine des collègues que nous recevons épisodiquement, trois femmes et leur mari. Le DRH invité sest fait excuser, mais son épouse le remplacera. Colette la plus âgée a passé la quarantaine, traite son mari en brave toutou comme toujours. Gina et Yvonne sentretiennent, les maris écoutent, parlent autos. Je joue à lhôte, passe les plats, verse à boire. Arrive Judith, lépouse du DRH, une magnifique petite femme, cheveux soignés dun noir de jais, vive, sympathique. Collègue des précédentes, je la vois pour la première fois. Sa silhouette mince, son regard franc et direct, cette taille fine, le sourire permanent, souligné dun rouge à lèvres discret, sa voix douce: je cherche ce qui en fait à mes yeux une femme aussi attirante, ce qui constitue un charme aussi puissant. Elle sexcuse de ne pouvoir rester très longtemps, elle na pas réussi à annuler dautres engagements. Au moment de partir, elle me demande dappeler un taxi. Je propose naturellement de la reconduire.

Nous roulons. Elle me remercie. Elle est venue pour avoir loccasion de me parler. Elle va droit au but: en raison des nombreuses infidélités de son mari, elle a engagé une action en divorce. La goutte qui a fait déborder le vase me surprendra:

-Connaissez-vous lhistoire de Clinton et de Monica. Jai par hasard découvert mon mari dans la même position avec une collègue. Au moment où je pénétrais dans son bureau, il était de trois quart appuyé contre le meuble dune main et de lautre il guidait les mouvements dune tête. Laction retenait toute leur attention. Jai eu le temps de reconnaître la gourmande qui lavait embouché. Elle y mettait tout son cur, sétranglait en bout de course. La pudeur mempêche de mappesantir. Cela vous expliquera la désignation de Sabine pour le stage: jai exigé quil léloigne. Pardonnez ma brutalité.

Je ne lai pas interrompue. Je reste muet. Mais depuis quelques jours je découvre une étrange Sabine.

-Pourrions-nous nous revoir?

Cest tout ce que je réussis à prononcer en la déposant. Je reçois un sourire engageant pour réponse.

Qui est donc cette femme que jai épousée? Son chef, son adjoint, moi: combien faut-il dhommes pour assurer la satisfaction de ses envies? Je constate soudain que je suis assis sur un volcan. Quelle opposition entre le discours et les actes. Jai vu, je viens dentendre. Je termine la soirée étranger à tout ce que disent nos hôtes.

Au coucher, Sabine tente de savoir ce qui ne va pas. Elle se lance dans un délire amoureux, mentreprend. Ses mains me massent, ses ongles se perdent dans les poils de ma poitrine, grattent légers ceux du pubis. Sa bouche me dégèle, chasse mes démons, obtient une érection à la Monica. Au lit je suis devenu une machine, un distributeur de sensations, un expert en positions. Toutes ces agaceries, ces gestes convenus nont plus de sens. Sabine sinquiète.

-Tu as un problème de santé? Ou est-ce mon départ en stage qui te trouble? Veux-tu que jy renonce et que je perde la chance dune promotion prochaine?

Quelle élégance! Ainsi je porterais la responsabilité de son échec; alors quelle a tant payé de sa personne. A mon insu bien sûr. Judith ma éclairé sur les sacrifices consentis, sur son dévouement exceptionnel au DRH. Enfin, tout finit par se savoir. Je suis doublement cocu. Les conditions imposées à René deviennent un transfert; il nest pas seul à bénéficier du tempérament de lambitieuse trentenaire. A lui de se débrouiller. Cette femme à laquelle je fais lamour, qui saccroche à mon dos pour le plaisir que je lui donne mest indifférente, que les autres prennent le relais. Je suis curieux de voir comment René va sen tirer. Lengagement écrit de ma femme lui garantit des jours et des nuits de délices entre chaque week-end. Il me garantit la paix dun célibat retrouvé.

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