C’est une douceur à la touche de sel, une odeur onctueusement enivrante, un gouffre qui aspire ma volonté. J’ai l’intérieur des coudes imbriqué à l’extérieur de ses cuisses, mes mains se rejoignent sur la naissance de son dos, sans se toucher, elles agrippent la peau, se maintiennent face aux vents des soupirs. Le tout est solide, avec ses mains tantôt sur mon ventre, tantôt sur ses seins ; elle se mord la lèvre inférieure. Des omoplates jusqu’aux fesses, mes griffes se laissent aller, mes yeux sont ouverts ; quelle vision… ! Un arc de femme, une instabilité qui perd l’équilibre de son être, une chute tout entière dans ma bouche qui jouit jusque l’arrière du crâne, les peaux frissonnent et dans ma dureté, je suis un bloc, une roche au monde. Nos corps ; une lettre ; « L » ; elle… elle est le « I », le paradis est sous ce pilier qui se débat encore avant le réel avant de céder à l’extase qui emporte hors d« ici » et de « maintenant ».
Au-delà des rondeurs écrasant mes joues, son dos disparaît, je la sens se serrer, elle s’effondre.
Ses paumes glissent maintenant jusquà l’arrière de mes cuisses, ses cheveux comme une pluie électrique en caressent l’intérieur, son souffle agité s’étouffe finissant de nous unir dans un envers de succions ; un rythme hors du temps, l’impossible accomplissement d’un entier sans cesse recherché.
Mon amante désormais étendue lascivement sur le lit, je me redresse, libres des pudeurs que le temps dresse, les yeux pleins de fougue, les lèvres envoûtées de ce corps gorgé de sang, ouvert aux caresses, j’attrape d’un geste rapide et sec ce sourire en malice. Langue à langue, un poids sur un autre, orifice et turgescence s’apprivoisent laissant apparaître des étincelles. C’est le présage d’un feu, qui dilate iris et secondes, qui plisse la chaire et déclenche des vagues et des ondes, un océan sonore, deux âmes dans ce décor où la lingerie sur le sol portait encore l’humide et le chaud des désirs accumulés sur des mois de discussions intimes, de rêveries fantasmatiques vécues derrière les regards taquins, les contacts en apparence contingents qui accélèrent le cur.
Des baisers sur son cou, j’empoigne ses seins, je bouge en elle tentant de posséder l’impossible, dans un geste remplit d’idéal, il y a l’espoir et l’amour en tremblements. Elle me repousse pour m’offrir sa croupe, j’exerce mes mains animales créant des rougeurs et des claquements plaisants. Ses fesses ondulent, je danse en elle et ses mains comme des ailes sur son dos sont en prison des miennes. Les tambours accélèrent, des affirmations, des vulgarités… le torrent se fait ruisseau, ses épaules vaincues s’écrasent sur le matelas, près de ses joues rouges ; je m’effondre.
***
Elle s’endort, ses seins sur mon flanc, ses mains sur mon sexe, je me laisse aller au sommeil, son odeur en mon esprit serein.
