Chapitre 30 : La chrysalide
Lorsqu’Erika rentra chez elle, la maison était silencieuse.
-Mamans ? Morgane ? Vous êtes là ?
Juliette, sa maman, apparut en haut de l’escalier.
-Tu es rentrée ma chérie ? comment se sont passé tes cours ? Nous sommes dans la chambre de Claire, elle ne se sentait pas bien et vient de faire un petit malaise. Simon lui fait une prise de sang.
-Qu’est-ce qu’elle a ? S’enquit la jeune fille en rejoignant sa mère.
-On n’en sait encore rien, déplora Juliette, mais Simon nous dira tout ce qu’il y a à savoir une fois qu’il aura fait les analyses.
Elles arrivèrent dans la chambre de Claire où étaient amassé toute l’étrange famille qui vivait dans cette maison à savoir : Morgane, Simon, Eugénie et sa fille Cindy, Mathilde et sa fille Claire qui était assoupie sur son lit.
Les quatre mamans avaient toutes beaucoup changées en dix-huit ans. Quelques rides étaient apparues aux coins de leurs yeux et Eugénie, la plus âgées d’entre elles, était la seule à avoir quelques mèches blanches parsemant sa chevelure. Toutes avaient gagné en maturité ainsi qu’en sagesse : élever trois filles est une source constante d’apprentissage.
Morgane était extrêmement fière de la famille qu’elle avait fondée et pas une seule fois elle n’avait regretté d’avoir mis enceinte ses trois petites femmes. Elle avait grandement gagné en confiance en elle jusqu’à devenir la cheffe de la famille, un peu à l’image d’un père.
-Comment va-t-elle ? Questionna immédiatement Erika.
-Elle va bien, la rassura Simon en rangeant une seringue contenant un liquide vermeil dans sa trousse de secours. Elle est juste endormie.
-Tu ne sais pas ce qu’elle a ?
Simon se tourna vers la jeune fille, la mine songeuse. Il ne répondit pas et lança un regard entendu à Morgane.
-Je penses que le jour que nous attendions est enfin arrivé C’est un joli coup du destin que cette date arrive précisément le jour de l’anniversaire de ces trois jolies demoiselles.
-Mais tu ne crois pas au destin, pas vrai ? Fit Morgane dans un sourire complice.
-Non, en effet, approuva le scientifique en rendant son sourire à Morgane.
Erika et Cindy échangèrent un regard interrogatif.
-Que veux-tu dire ? Demanda la benjamine.
-Les filles, répliqua Simon sans répondre à la question, Tendez-moi votre bras, je vais aussi vous faire une piqure si vous me le permettez. Pour vous tout va bien, n’est-ce pas ? Vous n’avez eu aucun problème pendant la journée ?
-Ben, Erika ne se sentait pas très bien ce matin, argua innocemment Cindy.
-Mais ça va mieux, maintenant, je vais bien, s’empressa de répondre la jeune étudiante aux cheveux sombres.
Erika n’avait aucune envie d’avouer qu’elle avait souffert des symptômes dont sa sur Claire était actuellement la proie. Elle savait que si elle s’aventurait sur ce terrain glissant elle finirait par avouer ce qu’elle avait fait avec l’infirmière. Et ça, elle ne voulait en aucun cas que ça se sache. Du moins, pour l’instant.
-Qu’est-ce que tu avais ? S’informa le scientifique tout en prélevant le sang de la jeune fille.
-Des maux de tête, répliqua-t-elle évasivement.
-Juste des maux de tête ?
-Ne faudrait-il pas laisser Claire se reposer ? S’interposa Cindy qui voyait bien que sa grande sur ne voulait pas répondre aux questions de Simon.
-Tu as raison, mon cur, approuva Morgane. Sortons.
-Je vais analyser ce sang, annonça Simon en partant d’un pas décidé vers la cave qu’il avait aménagé il y a de nombreuses années pour en faire un laboratoire.
Cindy prit Erika à part et la mena dans sa chambre.
-Tu es sûr que ça va ? Demanda-t-elle avec inquiétude. Tu n’avais vraiment pas l’air en grande forme ce matin
-Je Hésita Erika.
Elle mourait d’envie de se confier mais une petite voix au fond d’elle lui chuchotait que ce n’était pas une bonne idée.
-Oui, finit-elle par dire. Tout va bien.
Cindy acquiesça sceptiquement et préféra changer de sujet.
-Je me demande si, étant donné les circonstances, on va toujours recevoir notre surprise
-T’es pas croyable, toi ! S’exclama Erika en éclatant de rire devant la mine gourmande de sa sur.
Toute la famille mangeait dans une ambiance décontractée. Seul Simon manquait à l’appel. Il était tellement plongé dans ses recherches qu’il avait décrété ne pas avoir faim pour le moment. Morgane avait souri devant la mine concentrée de son Simon. Le connaissant, elle était persuadée qu’il allait faire irruption dans la salle à manger en brandissant une liasse de feuilles et en criant qu’il avait résolu tel ou tel problème.
Et effectivement, quelques minutes après que toute la famille se soit mise à table, un Simon sauvage apparut, plus excité qu’une puce. Seule différence avec ce que s’était imaginé Morgane : il n’avait aucun papier à la main.
-C’est incroyable ! S’exclama-t-il. Extraordinaire ! Fabuleux !
-Que se passa-t-il ? Rigola Morgane.
-Le le transp transpondeur a re reçu un taux d’information si si importante à la lecture du du
-Stop ! Le coupa immédiatement Morgane. Simon, tu sais qu’on t’aime mais quand tu es si excité que ça on ne comprend pas. Et explique-nous en français, je te prie, et pas en alien ou je ne sais quoi.
Le chercheur approuva et prit une grande inspiration.
-Le transpondeur a
-Simon, l’avertit Morgane.
-Oui, oui pardon, se reprit-il. Claire est actuellement en pleine mutation. Elle est tombée dans une sorte de coma afin que son corps puisse subir la transformation, à l’instar d’une chenille s’enfermant dans sa chrysalide.
-Tu veux dire que ma fille va changer de forme ? S’alarma Mathilde.
-Non, non, tempéra Simon. Du moins, pas comme on l’entend. Elle va changer, c’est certain, mais imperceptiblement.
-Et comment peux-tu le savoir ? S’enquit la maman protectrice.
-Eh bien ce ne sont que des hypothèses, tenta de justifier le scientifique. D’après mes recherches
-Donc tu n’en sais rien ! Asséna Mathilde.
Simon ne put qu’avouer son ignorance sur ce sujet.
-Bon, et que va-t-il lui arriver, dans ce cas ? Questionna Cindy.
-Mais absolument rien de grave ! Fit Simon, un sourire victorieux éclairant son visage. Nous avons la preuve vivante que Claire ne risque rien ! Et cette preuve se trouve dans cette salle, ici même, avec nous !
Tout le monde suivit la direction du regard du chercheur : Erika !
-Moi ? S’ébahit la jeune fille.
Tout le monde reporta son regard sur Simon, demandant silencieusement plus d’explication.
-Comme je vous l’avais expliqué à la naissance des filles, il y a deux hormones présentes en grandes quantité dans le corps des trois filles. Le CH69X qui est l’hormone du plaisir et le C3PO qui est l’hormone endiguant le plaisir.
-Oui, oui, s’impatienta Juliette, tu nous as déjà expliqué tout ça dans le chapitre vingt. Ce qu’on veut savoir c’est pourquoi Erika serait-elle la preuve vivante que Claire ne risque rien actuellement.
-Tout simplement parce qu’Erika a déjà vécu sa transformation ! S’exclama Simon. Le niveau de CH69X dans son sang a failli faire exploser tous les cadrans de mon transpondeur tellement elle en est imbibée!
Erika en est déjà au stade papillon, si on veut.
-Mais Comment est-ce possible ? S’étonna Morgane. Pourquoi Claire aurait-elle besoin de tomber dans le coma tandis qu’Erika n’en n’a pas besoin ? C’est insensé.
-Ça je dois admettre que je n’en sais rien probablement que
-Non, les coupa Erika.
Elle avait baissé la tête et son visage était masqué par ses longs cheveux d’un noir de jais. Tout le monde l’observait silencieusement, attendant patiemment une réponse.
-Je me suis évanouie, fit Erika en relevant la tête. Pendant mes cours. Un garçon m’a trouvé et m’a amenée à l’infirmerie. J’y ai dormis plusieurs heures
Un silence accueillit ses paroles.
-Pourquoi ne pas nous en avoir parlé plus tôt ? Demanda Morgane en posant sa main sur celle de sa fille dans un geste plein de tendresse.
-Je je ne sais pas
-Tu aurais dû m’en parler, argumenta sévèrement Simon. Tu sais que j’ai besoin de ce genre d’information pour
-Ça va, l’interrompit Morgane. Ça n’a aucune espèce d’importance.
Simon maugréa inintelligiblement dans sa barbe avec humeur. Morgane masqua un sourire moqueur derrière une autre question.
-Et comment te sens-tu, Erika ? Quels sont les effets de ta « transformation » ?
Un sourire éclaira le visage de la jeune fille pour la première fois de la soirée. Elle bomba fièrement le torse et dit :
-J’ai eu une érection !
Au sein de cette étrange mais pour le moins aimante famille, la pudeur était un concept complètement inexistant. Les trois filles avaient vu leurs mères de nombreuses fois totalement nues dans la maison et, ayant été élevées de la sorte, elles n’avaient jamais eu l’occasion de s’en étonner. Plus d’une fois, elles les avaient entendues faire l’amour mais quand elles leur avaient demandé ce qu’elles faisaient, les mamans leur avaient tout simplement répondu : « On se donne du plaisir en faisant l’amour. C’est pour ça qu’on crie, c’est pour exprimer notre joie ».
Aussi, Simon avait fait bon nombre de recherche et d’analyse concernant les adolescentes et il en était arrivé à la conclusion que jamais elles ne pourraient se servir de leur sexe masculin.
C’est la raison pour laquelle, lorsqu’Erika s’exclama joyeusement qu’elle avait eu sa première érection, elle reçue une salve de cris de joie. Morgane se leva pour la serrer dans ses bras, Simon sauta de jubilation, Bref, c’était une excellente nouvelle.
Une fois que le calme fut revenu, Eugénie intervint :
-Mais qu’en est-il de Cindy, dans ce cas ?
-Pour l’instant, rien, expliqua le scientifique en se tournant vers l’interpellée. Le C3PO est toujours présent dans ton sang Ta transformation n’a pas encore été entamée mais je suis persuadé que c’est pour bientôt.
La jeune fille acquiesça silencieusement. Elle comprenait. Elle était heureuse pour sa sur mais elle était très impatiente, maintenant qu’elle savait que c’était possible, d’avoir elle aussi sa première érection. C’était un peu comme perdre sa première dent de lait en plus jouissif.
-Mais donc ça veut dire qu’il faut changer nos plans, fit remarquer Morgane.
-Vos plans ? Demanda Cindy. De quoi parles-tu ?
-Oh, en bien, tu te rappels de la surprise dont je vous ai parlé ce matin ?
Les yeux de Cindy brillèrent d’impatience. Evidemment qu’elle s’en souvenait ! Elle l’attendait depuis le début de la journée. Seulement, jamais elle n’aurait pu deviner ce que Morgane leur révélât :
-Nous voulions vous dépuceler.
-Pardon ? S’exclamèrent Cindy et Erika dans un bel ensemble.
Les quatre adultes les regardaient avec bienveillance et on pouvait même voir à leur mine réjouie qu’ils appréciaient l’étonnement des jeunes filles.
-Avec Simon, poursuivit Morgane, nous nous étions dit que le C3PO devait s’être retiré de votre corps bien avant votre majorité sexuelle. Mais comme celui-ci était toujours présent dans votre corps, nous avons commencé à douter … Et s’il fallait une intervention extérieure pour que cette hormone s’en aille ? Peut-être que vous dépuceler entraînerait automatiquement le retrait de l’hormone C3PO C’est bien ça, Simon ?
-Oui, oui, c’est ce que nous pensions Mais voilà que le jour où nous voulions vous dépuceler, Claire entame sa transformation et on apprend qu’Erika l’a déjà faite.
Les adultes patientèrent afin de laisser aux deux jeunes filles le temps de digérer l’information.
-Mais alors, demanda Cindy avec déception, vous n’allez pas nous dépuceler ?
-Pour l’instant, pas toi, fit Morgane l’air légèrement embarrassé.
Cindy releva la tête, une expression interrogative collée sur le visage ?
-Qu’est-ce que ça veut dire ça ?
-Tu sais, depuis le début, nous avions pris la décision de vous dépuceler une fois votre majorité sexuelle atteinte, leur apprit Morgane. Malheureusement, le C3PO étant toujours dans votre corps, nous ne savions pas si c’était raisonnable Votre désir n’allait probablement pas être présent et ça n’allait dès lors pas être une expérience agréable pour vous.
-Ensuite, poursuivit Simon, j’ai émis l’idée qu’avoir un rapport avec vous allait peut-être déclencher la transformation. Ça c’est ce que nous pensions faire ce matin encore. Mais tout s’est rapidement enchaîné et maintenant qu’Erika et Claire se sont enfin débarrassée de la molécule C3PO, nous ne pouvons décidément pas nous en tenir à notre plan de base.
-Ce que nous comptons donc faire, reprit Morgane, c’est nous occuper de la virginité d’Erika ainsi que celle de Claire et nous attendrons que tu ais eu ta transformation pour te dépuceler, Cindy. Tu comprends ?
-Eh bien d’accord, fit la jeune fille en recouvrant son sourire. J’attendrai dans ce cas.
-Donc, réfléchit Erika tout haut, ce soir
-C’est exact, sourit Morgane. Ce soir, on s’occupe de toi. Et plutôt deux fois qu’une. Tu as deux virginités à perdre, je te rappels.
Erika cacha son trouble derrière une sourire confiant. Devait-elle avouer qu’elle avait déjà perdu sa virginité masculine ?
-Et qui va s’en occuper ? S’enquit-elle en balayant les quatre adultes de ses yeux bruns.
-Morgane et moi, sourit Juliette en prenant la jeune fille par les épaules. Quoi de plus normale que de perdre sa virginité par ceux qui nous ont mis au monde ?
Naturellement, personne au monde n’aurait trouvé cela normale de se faire dépuceler par sa famille. Seulement, cette famille-là n’avait absolument rien de normale et elle ne s’encombrait pas des règles conventionnelles s’appliquant pour le reste du monde.
Erika sourit donc avec bonheur et rendit son regard enamouré à sa mère.
La soirée s’annonçait extrêmement enrichissante
À l’étage, Claire papillonna des paupières. Elle posa son regard autour d’elle et reconnut immédiatement sa chambre. Malgré le fait qu’elle connaissait celle-ci par cur, elle trouvait que quelque chose avait changé. Elle parcourut la pièce des yeux mais, ne trouvant rien, elle se dit qu’il devait s’agir de son imagination.
Elle se releva sur ses coudes et cette impression de changement l’assaillie à nouveau mais avec plus de force cette fois-ci. Soudain, elle se rendit compte que ce changement ne se trouvait pas dans la pièce mais en elle.
Elle souleva ses couvertures dans un geste brusque et exposa son corps nu à la fraicheur de la pièce. Ses yeux s’arrondirent de surprise et sa mâchoire en tomba presque d’hébétement lorsqu’elle comprit d’où provenait ledit changement
Effectivement, la soirée s’annonçait enrichissante
