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Entre deux mon coeur balance – Chapitre 1




Partager ou tout perdre?

Margot est émouvante, je garde sa main, les larmes aux yeux.

-Ne suis-je pas trop âgé pour vous, Margot?

-Je préfère les hommes mûrs aux dragueurs jeunes et volages. Si vous voulez faire lamour, je serai à votre disposition. Si vous le voulez, nous pouvons commencer tout de suite. Vous êtes mon coup de foudre. Je suis à toi.

-Merci, Margot, votre soutien me sera précieux. La conduite et les propos de ma femme me révoltent. Mais je veux la confondre le moment venu. Sils utilisent votre appartement, exigez de pouvoir les filmer sous prétexte de constituer un album souvenir de leur première fois. Marie refusera, elle est méfiante, mais Sylvain sera votre allié; le film pourrait lui donner prise sur sa maîtresse si elle se lassait de lui. Saurez-vous utiliser mon caméscope, pourrez-vous regarder de sang froid des amoureux en train de faire lamour. Soyez inflexible, « pas de film, pas de lit». Faites leur prendre des poses en début de réunion, si vous ne voulez pas assister aux moments les plus chauds. Promettez-leur de disparaître aussitôt après et de leur laisser lappartement. Ils devront vous avertir de leur départ par téléphone et déposer votre clé dans votre boîte aux lettres. Venez alors chez moi, vous naurez pas affaire à un ingrat. Vous serez ensuite ma gouvernante et nous apprendrons à mieux nous connaître. Je ne sais pas si je dois accepter votre sacrifice.

-Quel sacrifice? Ce serait un bonheur de vivre avec un homme aussi gentil.

-Ne vous méprenez pas, je suis comme un animal blessé, je pourrais être cruel avec cette femme qui se vante de mavoir trompé depuis quatorze ans. Je vais couper « son fil rouge » Comment les filmerez vous? Racontez-moi.

Je porte un loup, je ne veux pas être reconnue par Sylvain. Je leur demande de suivre mes recommandations afin décourter la séance de prises de vue pour les laisser plus longtemps en tête à tête, ou en tête-à-queue. Au début ils posent habillés et sembrassent comme des amoureux. Je souhaite voir leurs langues passer en frétillant dune bouche à lautre. Debout, Sylvain passe ses mains sous la blouse de sa maîtresse et presse les seins. Marie soulève les bras, enlève sa blouse vers le haut. Le mouvement fait apparaître les mains en train de libérer les seins de leurs bonnets. Ici Sylvain suce un téton et introduit sa droite dans le string de Marie avant de lui chatouiller le clitoris. Elle gigote. Gros plan sur le visage: Marie se pâme daise au contact des doigts. Le string descend sur les genoux, deux doigts disparaissent entre les jambes. Il faut suivre leur itinéraire jusquau franchissement des petites lèvres et montrer leur tourbillonnement dans le vagin investi. Ensuite je les embarque dans une fellation, ma présence ne les gêne pas. Marie a du mal à lâcher le sexe embouché. Jordonne donc un soixante neuf sur mon canapé, lui couché sous elle. On voit bien la tête de la mangeuse de bite, on lit sur son visage leffet troublant du cunnilingus. Sylvain lèche la fente, pointe sa langue sur la rose. Elle sursaute, se mord les lèvres. Je dois les arracher à leur plaisir pour filmer la suite des positions: Marie allongée sur le dos, jambes en M tire sur les lèvres de son sexe, Sylvain dirige son pieu dur vers la vulve ouverte. Il pénètre, va au fond, amorce un va et vient. Il nest pas heureux de devoir changer encore. Lannonce de la levrette le console. Il prend son sexe en main et avance vers la chatte rasée entre les fesses blondes, très lentement, il entre, progresse dans la mouille. Stop, à létape suivante Marie pieds de chaque côté du corps gisant, plie les genoux, descend vers le pieu dressé. De derrière je filme sa main qui imprime un mouvement au braquemart, le dispose au contact de son losange rose. Je prends en détail les positions successives du vagin avalant le manche. Le plus difficile sera sans doute de les séparer et de les mettre en route dans des positions autres. Par exemple, Marie de dos sur le bord de ma table, jambes tenues aux chevilles et dans lattente de lattaque de lengin, ou Marie torse sur la table présente sa fente et creuse le dos. Sylvain ne peut pas manquer cette cible. Ensuite ils refusent daccomplir dans la même position une sodomie. Je les menace de les chasser, ils font semblant, le gland ne pénètre pas vraiment le cul de Marie, Sylvain voudrait franchir le passage étroit. Marie veut garder cette gâterie pour clore la rencontre. Ils ont hâte de se retrouver seuls dans mon lit. Je les y conduis, leur rappelle où mettre la clé au départ. Sylvain la domine. Je le laisse agir à sa guise afin de saisir les signes dune éjaculation normale au bout dune demi-heure de frottements en tous genres. Lécoulement dun filet de liquide blanchâtre du vagin vers le sillon des fesses serait la cerise sur le gâteau. Je me serai appliquée à filmer les visages. Dans la levrette il faut que lhomme sallonge sur le dos de sa partenaire et pose son visage à hauteur de lautre visage.

-Quelle imagination, insoupçonnée chez une jeune fille apparemment aussi innocente. Si je mattendais à avoir une collaboratrice aussi douée!

Je dois la quitter. Margot me donne la main puis de façon inattendue, elle menlace et dépose sur mes joues deux gros bisous. Je nai pas prévu le baiser qui suit, sur la bouche. Mes larmes lémeuvent. Le baiser se prolonge, délicieux et frais. Jy mets fin à regret. Cette petite mérite que je mintéresse à elle. Mon cur est libre désormais, la compagne neutre devient une femme possible, mes yeux découvrent une silhouette agréable, un visage intéressant, une âme qui est conquise. Nous nous reverrons.

La maison est rangée, plus rien ne traîne, même pas un slip. Marie est aimable, affectueuse. Elle veut rattraper ce soir, ce quelle a perdu hier. Je bois de leau du robinet, je me méfie. Je nai plus envie de coucher et de baiser, encore moins de massoupir, elle mécure. Je suis le roi de la cafetière électrique. Elle a droit à un café servi de ma main, au somnifère pris dans sa pharmacie, puisque nous partageons. Elle na pas un mot sur sa migraine, sur sa demi- journée de congé maladie. Elle lève sa jupe, me montre ses fesses charnues, ses hanches qui commencent à salourdir, sa superbe chute de reins, se tourne et rit de ma surprise: elle na pas remis de culotte tant elle est pressée de maccueillir dans sa chatte. Depuis quand rase-t-elle ses poils, est-ce pour se rajeunir? Elle veut savoir où jai mangé à midi Jaurais dû linviter au restaurant, le self commence à la lasser. Sitôt après le repas ses paupières se ferment. Je la déshabille, la vue de son corps nu me laisse de glace. Je la couche, la couvre et vais tuer le temps à la télé.

Le samedi elle annonce des courses longues. En réalité elle a rendez-vous; je sais où et avec qui. Cette façon dagir, de me prendre pour un imbécile, me déplaît. Je veux contrarier les complices. Jinsiste pour laccompagner; je saboterai son rendez-vous avec Sylvain.

-Mais non, repose-toi.

-Ah! Non, depuis lanniversaire de notre mariage mon amour est rafraîchi, revigoré. Je tiens absolument à taider.

— Tu vas tennuyer dans les magasins.

-Je ne mennuie pas quand je suis avec toi.

Elle ne réussira pas à se défaire de moi. Je linvite au restaurant pour treize heures, je veux me faire pardonner mon oubli de jeudi. La perspective lenchante, elle me suit mais se renfrogne en se retrouvant au restaurant de lhôtel de la forêt. A lheure du dessert et du café, vers quatorze heures, il faut quelle aille aux toilettes. Moi aussi. Après elle voudrait aller prendre lair sur la porte. Prévenant je retarde larrivée du café et je laccompagne.

-Si tu savais comme je te suis reconnaissant de nous avoir débarrassés de ton soupirant casse pieds. Devant le restaurant, je réprime mon dégoût et je lembrasse avec la ferveur dun jeune fiancé, car jai aperçu son « rendez-vous » dans sa voiture rouge.

-Attention, chéri, on va nous voir.

Cest précisément ce que je veux. Partageons, camarade: je la place dos à un arbre et mamuse à fournir le spectacle de notre entente, je lembrasse, je la pelote de façon indécente, visible, comme je naurais pas osé le faire jusquà jeudi matin. Je fais cadeau du spectacle au galant convoqué pour jouer mon rôle et cantonné dans celui de voyeur. Des clients toussent en passant à côté de nous. Marie doit savoir que Sylvain nous observe. Elle est prise à son piège; elle naime que moi, elle ne peut pas se soustraire à mes caresses. Je la chauffe.

-Il y a des individus sans gêne. Ils pourraient prendre une chambre au lieu de sexhiber!

Café bu, je déclare une envie subite de faire lamour. Le passant scandalisé ma soufflé une idée. Je loue une chambre: la quatorze est libre. Cest parfait. Jimagine la torture des deux amants, lui en train dattendre et de se demander si Marie na pas trop le goût du partage, incertain de lissue de ses efforts, dans la crainte de la voir encore amoureuse de moi, lui tourner le dos; elle dans limpossibilité de refuser sauf à éveiller des soupçons, craignant que son jeune amant dont elle a senti poindre la jalousie ne se lasse dattendre.

-Tu te rends compte, ma chérie, chambre quatorze, comme quatorze années de bonheur avec toi.

Se souvient-elle de la suggestion de Sylvain. Je remue le couteau dans la plaie. Le balcon donne sur la rue. Jattends que Marie ait retiré ses vêtements et je la pousse sur le balcon en soutien-gorge. De sa voiture Sylvain naperçoit que le torse, je mamuse pendant un baiser bouillant à faire baisser les bonnets sous les seins et prends en mains les deux pigeons de la poitrine libérée. Marie se tortille, veut aller se cacher, je ris de sa pruderie exagérée. La démonstration naura pas échappé à lamant. Il sait que nous sommes en chambre, que ce nest pas pour enfiler des perles. A chacun son tour, le partage est à double sens.

La haine au ventre, je fais lamour, la succession des somnifères ma reposé, ma refait une santé. Marie la dit à Sylvain, au lit je vaux ses amants. Au début, elle ne montre pas beaucoup denthousiasme. Au fur et à mesure que mes doigts réveillent ses sens, sous linfluence de ma langue qui lèche la plage du pubis fraîchement dénudée et lisse comme une peau de gamine, puis parcourt les nymphes juteuses, je constate une réaction favorable. Elle oublie Sylvain, elle me reçoit en elle, me serre sur elle et mencourage à lui donner son plaisir. Ma forme et mon envie de lui fournir le meilleur souvenir font des miracles. Je ne fatigue pas, je lime inlassablement, je la pénètre en vrille, je la fais bouillir. Je lui mets une main sur la bouche pour contenir ses cris. Après sa jouissance, elle souhaite écourter le repos. Elle vient de se souvenir de la présence de Sylvain à proximité de lhôtel. Delle-même, enveloppée dans une serviette de bain, elle avance prudemment sur le balcon. Veut-elle lui faire signe, lui annoncer la fin de leur séparation. Derrière elle, au moment où elle se penche, je tire un coup sec sur le linge. Sylvain, debout en face de notre fenêtre, la voit toute nue se retourner et assiste au baiser prolongé qui nous unit sur le seuil de la chambre. Je connais les points sensibles de Marie, je la chatouille, elle se tord et rit aux éclats. Il suffit dune légère poussée pour la faire choir sur le matelas, en position pour une levrette. La surprise la fige, fesses en lair. Son sexe se fend en deux, mes doigts préparent le vestibule, ouvrent la voie à mon brandon déployé. Quelques allers retours dans les plis de la vulve, quelques coups de gland sur le clitoris et je me réfugie au chaud dans son ventre.

-Mon chéri fais attention, tu nas pas de préservatif.

-Ne penses-tu pas quil serait temps davoir un rejeton. Ce serait merveilleux.

-Tu te décides enfin! Je désespérais, oh! Que je taime.

-Donc, puisque nous sommes daccord, ne nous retenons plus.

Jeudi, dans notre lit, Sylvain na pris aucune précaution, je nai pas à être plus prudent que ce coucou qui va pondre dans mon nid. Sous mes jets de sperme Marie mappelle, réaffirme son amour. Il me reste à accomplir une chose à laquelle je tiens. Marie veut se partager. Je vais partager tout ce quelle peut offrir. Nous avions fait quelques essais de sodomie pendant les premiers mois de vie conjugale. Ni lun ni lautre navions un penchant prononcé pour cette activité. Jai entendu Sylvain promettre un feu dartifice anal. Il est donc normal que soit partagé également le cul de linfidèle. Elle est restée allongée sur le ventre. Ses fesses forment un monticule proéminent qui sévase sous la taille fine Je prends position entre ses jambes

-Quoi, encore! Veux-tu que je me soulève? Tu consommes du viagra? Depuis quand?

-Depuis que tu rases ton pubis pour me plaire. Pourquoi pas? Place les coussins sous ton ventre, jatteindrai plus facilement mon but, ou ton but en anglais.

Je fais aller et venir mon pénis dans la mouille de la vulve, me lubrifie au contact de mon sperme qui reflue, le mouvement de mon nud sallonge dune extrémité du sillon à lautre. Mes doigts ouvrent le chemin, séparent les deux hémisphères. Je bloque ma queue sur le cratère de lanus élargi par mes pouces. Marie se contracte, trop tard, jai passé le sphincter, je suis au chaud mais à létroit. Mes mains vont soccuper du clitoris et du vagin. Les frottements sur les extrémités nerveuses du clitoris et du vagin seront plus déterminants que la fouille anale, lensemble produira la montée de la jouissance. Sylvain a prévu ce programme, je lexécute avec un malin plaisir. Le conduit se dilate, je my plais, je le rudoie. La conjugaison de laction de mes doigts à lavant et des assauts de mon pieu entre les fesses et dans le rectum a raison des réticences premières de ma femme. Elle approuve, demande de la vigueur, trouve que cest formidable Je narrêterai que lorsque je ne pourrai plus marteler la rondelle. Marie senvole, geint, reproduit les han, heu, ohoo. Des cernes entourent ses yeux, je peux encore, jinsiste.

-Oh! Toi, Oh!

Nous quittons la chambre quatorze. Marie a fait la liste des magasins à visiter. Je me dirige vers le plus éloigné. Dans mon rétroviseur je repère une petite voiture rouge.

-Non, je ne reste pas dans lauto. As-tu honte de moi? Ma présence à tes côtés te gênerait-elle?

Elle nose pas lavouer. Sylvain peut nous suivre, il naura pas loccasion de lui parler. Elle sisole dans une cabine dhabillage après mavoir confié la mission de choisir une cravate pour moi et vérifié que je suis à bonne distance. Au hasard je saisis une cravate horrible et me rapproche de son refuge. Dans le brouhaha, je lentends parler. Elle sest acheté un téléphone mobile! Ce « maudit fil à la patte », disait-elle. Elle évolue avec son temps et avec ses envies de sexe. Je collerai à elle jusquau soir.

-Ma chérie as-tu remarqué la voiture rouge qui nous suit. Elle stationnait devant le restaurant, elle nous colle depuis notre sortie de lhôtel, elle sest posée sur chaque parking à proximité de notre auto. Jen ai marre, au prochain arrêt je vais voir ce quon me veut.

-Mais non, si ça lui fait plaisir quil perde son temps.

Comme promis jaborde la voiture suiveuse et je découvre celui que je mattendais à voir. Il fait semblant dêtre absorbé par la lecture dun journal.

-Sais-tu qui nous surveille. Devine; cest ton admirateur, Sylvain. Est-ce quil te harcèle? Veux-tu que je lui fiche une trempe?

-Ne te salis pas les mains, il nen vaut pas la peine. Dailleurs, il reste à distance, je ne lai pas revu depuis son renvoi, il ne ma pas importunée.

-Tu connais ma décision. Je ne veux plus de contact entre vous deux. Si tu le reçois encore, je te mettrai à la porte et nous divorcerons. Mais comment a-t-il su que nous étions dans ce restaurant?

-Mais arrête, mon amour. Je ne peux pas lui interdire de nous suivre. Viens terminons nos achats, nous rentrerons et nous irons danser.

-Non, ça ne me dit rien daller danser

-Je te jure de ne danser quavec toi, mon chéri.

Son insistance est louche.

-Quelle salle choisis-tu? La même que samedi? Noublie pas ta promesse, un seul cavalier, ton mari. Elle laque ses cheveux, je suis allergique aux gaz de lOréal. Mais dans la salle de bain, porte close, elle téléphone. Elle se prépare, abandonne son sac main sur une chaise. Je subtilise le téléphone. Au retour elle le trouvera sur notre lit. Elle nosera pas réclamer, par peur de mapprendre quelle a cédé à la mode du mobile. Je suis distrait et jaboutis à un bal.

-Ce nest pas ici!

-Excuse-moi, je suis désolé. Mais cest un bal. Nous danserons aussi bien ici.

Elle part aux toilettes, revient déboussolée. Sans téléphone dans son sac, pas moyen de convoquer Sylvain. Elle la envoyé dans une autre salle où il doit se morfondre. Je crois que sil était présent, elle tenterait de mattendrir pour partager les valses. Il y a un téléphone au bar. Je la verrais appeler. Or, elle ne va pas perdre le bénéfice de ses efforts, mensonges et tromperies de mercredi. Ils ont si bien joué leur comédie. Je commande à boire, fais tomber un somnifère dans son verre au moment où je la guide vers le plancher. Elle ne tarde pas à sennuyer, elle bâille. Lorchestre nest pas bon, dit-elle, il y a trop de monde, les gens sont désagréables et la bousculent, bizarrement lenvie de danser lui passe.

-Non, tu valses bien, lambiance ne me plaît pas. Si on rentrait, je suis fatiguée.

Ça y est, je lai couchée, elle sest endormie pendant le trajet retour. Dans la nuit un merle siffle sous nos fenêtres. Siffle Sylvain, Marie nouvrira pas ce soir, elle dort. Je relève tranquillement les coordonnées du mobile de Marie. Tard le dimanche matin elle fait triste mine au lever.

-Marie, tu minquiètes. Jai appris que tu avais fait un malaise au travail jeudi et que tu étais venue te soigner à la maison. Pourquoi ne men as-tu pas parlé? Et hier tu tes endormie bien vite. Jespère que tu nabuses pas de somnifères.

Le ciel est gris de plomb, le temps est triste, Marie est maussade. Je lui annonce mon intention de reprendre les séances de gymnastique du lundi et de natation du mardi pour lutter contre un embonpoint naissant.

-Il serait temps. Regarde-moi, je garde ma ligne. Le jour où jen aurai besoin je taccompagnerai.

-Paul, cest Margot. Je fais vite, ta femme vient de quitter le bureau. Elle veut venir discuter chez moi ce soir. Elle dira que cest pour me mettre au courant du dernier logiciel.

-Souviens-toi, tu veux assister sans participer et leur faire cadeau de lalbum de leur premier rendez-vous.

Je quitte la salle de gymnastique, passe devant ma maison. La voiture rouge nest pas à côté de celle de Marie. Je vais chez Margot. Elle a joué létonnée en apprenant le but de la visite. Marie veut rencontrer un jeune homme. Margot a versé des larmes. Marie a assuré quelle pouvait fort bien aimer à la fois un homme et une femme. Pour la bonne cause Margot sest laissé embrasser à pleine bouche, a frémi quand Marie a passé ses mains sous son chandail et caressé ses seins. Elles feront lamour à deux le lendemain des rendez-vous avec son amant. Margot a refusé de partager Sylvain avec son amie Marie. Elle a posé ses conditions pour favoriser leur union. Elle exige de constituer un album de photos pour les amants. Elle ne restera pas plus dune demi-heure, le temps de poser. De plus elle gardera pour elle les photos ou séquences où seul apparaîtra le corps de sa chère maîtresse. Celle-ci a hésité, puis admis de faire ce plaisir à sa petite chérie, en imposant comme condition de disposer de lappartement le mardi de 17 à 19 heures dès la semaine suivante. Elle veut utiliser le temps de ma séance de natation. Elle a programmé une deuxième rencontre le mercredi pour compléter la formation au logiciel. Elle souhaite aussi disposer à lavenir du lundi et du mardi pour ses cinq à sept. Margot chagrine a obtenu pour elle un rendez-vous le samedi après midi.

Ma serviette est mouillée, je raconte ma transpiration et mon essoufflement. Dès la fin du repas, jirai me coucher. Marie veut voir un film à la télé. La porte de la chambre sest ouverte, jai émis un ronflement, Marie a refermé la porte. Elle téléphone en utilisant son portable, sans doute pour ne pas faire apparaître le numéro de Sylvain sur ma facture de la ligne fixe. Je me relève et massois dans mon fauteuil, je me suis réveillé et il faut que je lui confie un souci.

-Marie, il est important que nous ayons une explication franche. Pourquoi ne mas-tu pas parlé de ta migraine de jeudi matin?

-Je ne voulais pas talarmer pour si peu.

-Admettons. Je suppose que tu avais une autre raison et notre conversation est destinée à te permettre de méclairer. Sil te plaît ne minterromps pas. Je me sens fautif, mon refus catégorique de te partager avec Sylvain creuse un fossé entre nous. Jai réfléchi et voici ce que je te propose. La semaine a sept jours. Pendant le mois qui vient, tu me consacreras trois jours ici et tu disposeras de quatre jours et nuits pour vivre avec Sylvain puis quatre jours avec moi et trois avec lui et ainsi de suite. Actuellement tu as des RTT à prendre, je suggère que tu réserves à Sylvain le jeudi le vendredi le samedi et le dimanche. Vivez ensemble quatre jours complets mais en un lieu que vous choisirez, soit chez lui, soit à lhôtel, à vous de voir. Pour linstant il me serait insupportable de vous voir roucouler devant moi dans cette maison; les bruits du sommier malmené sous vos ruades ou tes cris de plaisir me donneraient des envies de meurtre. Je dois dabord maccoutumer à lidée de te savoir entre ses bras. Tu ne peux pas me demander de but en blanc de tenir la chandelle. Je souhaite réussir un jour à vous entendre ou regarder faire lamour. Ce nest pas pour tout de suite. Quen dis-tu?

-Pourquoi ce revirement? Jai chassé ce jeune homme. Le problème est réglé, je naime que toi.

— Mettons les points sur les i, puisquÉ’il le faut. A force de non dit, de mensonges par omission ou de mensonges énoncés, comme celui que tu viens de proférer, tu détruis notre union. Si cest le but que tu poursuis, il sera vite atteint.

Jeudi, on ma averti de ton malaise et on ma recommandé de voler à ton secours. Je suis venu, jai trouvé la fameuse voiture rouge à ma place dans la cour, cette voiture conduite samedi par Sylvain. Jai cru quil sagissait de la voiture dun médecin ou dun infirmier. Je suis entré, jai suivi les vêtements jetés à la hâte et jai constaté que ta migraine nétait quun prétexte pour un rendez-vous avec ton chéri.

-Non, ce nest pas vrai!

-Tu avais plus mal à la moule quà la tête. Je vous ai vus, entendus: vous étiez accouplés dans mon lit et meniez votre sabbat. Jai appris pas mal de choses: Je suis ton fil rouge, tu as toujours eu des amants. Je tai suivie des yeux quand tu es allée nettoyer ton vagin après un rapport non protégé. Cette preuve de ma présence est-elle suffisante?

-Je te demande pardon. Ça narrivera plus.

-Ah, encore, la veille, mercredi, pendant que dans une salle de cinéma jimaginais que vous vous donniez lun à lautre, vous couchiez réellement ensemble: désormais je croirai à la transmission de pensée. Sylvain bien conseillé na pas voulu ladmettre mais jeudi tu lui as révélé quil tavait éblouie avant le repas danniversaire. Au passage note comme cela vous a plu de me cocufier ce jour anniversaire là surtout, ta délicatesse ne connaît pas de limites. Enfin je pourrais te parler de lusage de somnifères dans mon champagne pour mendormir plus vite afin de passer la nuit avec ce nouvel amant, de ta conversion au téléphone mobile pour lenvoyer vers la salle de bal samedi. Tu dois comprendre maintenant pourquoi je tai emmenée au restaurant de la forêt puis dans la chambre quatorze où tu avais donné rendez-vous à ton coquin. Je comprends que tu sois atterrée dêtre démasquée. Averti de lendroit où vous deviez vous retrouver, je me suis amusé à contrarier votre projet Cette vie de fourberie devient insupportable. Tu attentes à ma santé, jai peur de boire des breuvages ou de manger des aliments préparés par toi; tu me mens effrontément et tu me trompes sans vergogne avant de me déclarer: «  Je naime que toi ». Comment oses-tu? En premier jai pensé divorcer. Si tu le souhaites, nous pourrons dailleurs nous séparer de cette façon.

Finalement jopte momentanément pour la solution du partage. Tu peux en modifier les conditions, accorder plus de jours à ton amant quà ton mari ou inversement. Je ne te demande pas une réponse immédiate, à toi de peser le pour et le contre. Je résume: je sais que tu ne peux pas te passer dun deuxième homme depuis toujours, ton amant actuel sappelle Sylvain. En dehors des trois jours que tu me conserveras, tu vas aller vivre avec lui. Cette vie en commun vous rapprochera et je risque de te perdre complètement. Mais au moins jaurai tenté limpossible, même si je présume de mes forces.

-Ce que tu as vu et entendu est irréfutable. Jai voulu éblouir Sylvain en inventant des amants. Je prenais de limportance à ses yeux et simultanément il était noyé dans la masse, ne pouvait pas se vanter dêtre le premier. Il navait pas besoin de senorgueillir davoir réussi là où personne ne lavait devancé. Je te jure que cest ma première aventure. Jai connu des tentations, cest ma première chute. Penses-tu sage de partager?

-Lidée si moderne nest pas de moi mais de toi ou de Sylvain. Certains, paraît-il, sen accommodent. Je tente lexpérience. Je nai rien dautre à proposer pour garder une part de toi. Peut-être te détermineras-tu, choisiras-tu de quitter lun en faveur de lautre. Je ne sais. Peut-être me reviendras-tu, guérie de cette passion. Ce nest pas de gaîté de cur que jentre dans cette voie. Je veux nous éviter les soupçons, le doute, les mensonges, lespionnage, lempoisonnement, la boucherie. Je fais de mon mieux, mais je ne suis pas certain de pouvoir tenir longtemps le rôle du mari complaisant. Je ne serai pas un cocu heureux, mais triste: pourras-tu supporter de me côtoyer dans cet état? Lexpérience mapprendra si je serai capable de faire lamour avec une femme sortie toute chaude des bras dun autre. Pendant un mois de partage en période de trois jours dun côté ou de lautre, je voudrais que tu puisses me dire

« Tel jour je vais chez lui, je reviendrai à telle date ».

Choisis. Mais si tu tamuses à sortir de notre accord quand nous aurons fixé ses modalités dapplication, si tu multiplies les rencontres secrètes les jours qui me sont réservés. si tu continues à te payer ma tête comme tu le fais depuis une dizaine de jours, la seule issue sensée sera le divorce. Cest peut-être la meilleure solution.

Enfin, à partir du moment où de façon régulière tu laisseras la place libre, je moctroierai le droit de me partager entre toi et une autre femme si jen ai loccasion. Le droit de partage doit être réciproque. Et si mon intermittente de la vie en couple y prend goût, si elle me convainc de la garder, après le mois dessai de partage, si tu nas pas choisi le retour complet au bercail assez tôt, il se peut que je lui signe un cdi matrimonial.

Si tu maimes un tout petit peu encore, tu vas accepter une règle provisoire mais inviolable sous peine de rupture immédiate et définitive: à partir de la minute présente, tu tengages solennellement à me prévenir des dates et lieux de tes rencontres adultères avec le dernier en date des tes amants, pour que le partage soit équitable. En corolaire nous compterons chaque rendez-vous comme une journée complète et la nuit qui suivra se déroulera pour toi en dehors de notre toit.

-Paul, ton partage nest quune caricature. Ne serait-il pas plus simple de me laisser une ou deux fois deux heures de liberté par semaine. Je serais avec toi tout le reste du temps

-Cest trop simple, tu irais tirer ton coup et tu reviendrais le ventre plein de sperme. Je serais autorisé à le pomper à la source et à te laver la chatte avec la langue? Et quoi encore? Si tu as des sentiments pour ce garçon, tu dois passer une partie de ton temps avec lui, tu dois apprendre à le connaître au quotidien pour apprécier toutes ses qualités et pas seulement ses coups de queue. Tu mavais promis de maimer, de vivre tous les jours avec moi, tu as connu des choses décevantes en vivant constamment avec moi et tu téloignes de moi. Je te perds à moitié, je suis malheureux et impuissant à empêcher ta passion. Il ne serait pas juste que tu ne voies que les bons aspects dun baiseur. Partage donc sa vie, ses bons et ses mauvais moments.

-Je ne veux pas te quitter. Dès que possible jarrêterai cette relation

-Dès que possible? Cest déjà trop tard. Cest pourquoi je tautorise à jouer au pigeon voyageur. Tu es fatiguée de moi, tu nas pas le courage de te lavouer. Acceptes-tu la règle de transparence absolue sur vos rencontres?

-Mais bien sûr, cette règle et toutes celles qui me permettront de rester ta femme.

-Tu devrais consulter Sylvain le plus rapidement possible et lui présenter ma proposition, en discuter avec lui. Je sais que tu as les moyens de lui parler au téléphone. Il attend ton appel pour te souhaiter une bonne nuit et pour te conseiller de penser à lui à linstant où je voudrai te faire lamour. Sur ce point communique lui la première bonne nouvelle: il taura trois ou quatre nuits entièrement à sa disposition par semaine, jy consens, et surtout précise lui que nous ne coucherons peut-être plus dans le même lit ni dans la même chambre; il sera ravi de lapprendre. Mercredi soir, venez me chercher à deux, nous irons manger à trois au restaurant et, en terrain neutre, nous règlerons les modalités pratiques de ta « vie amoureuse partagée ». Par prudence pose tes RTT demain au bureau pour profiter pleinement de ton amoureux 24 heures sur 24, et prépare-toi à vivre trois jours ou quatre ou plus, sans mettre les pieds dans ton domicile conjugal. Fais tes valises et sois prête à ne pas rentrer ici dès mercredi soir. De mon côté je mengage à ne pas essayer de te rencontrer les jours où tu lui appartiendras. Cela devrait te paraître équilibré.

-Crois-tu facile de me trouver une remplaçante à mi-temps? Tu vas vite déchanter.

-Serais-tu la seule capable de te couper en deux? Suis-je à trente cinq ans impossible à caser, trop vieux, trop moche, trop sinistre, ou trop con, trop pauvre ou trop malade? Ma position sociale me condamne-t-elle à vivre en célibataire à vie? Suis-je trop nul au lit, sexuellement impuissant au point de voir toutes les autres femmes timiter et me fuir? Veux-tu prendre le pari que ta remplaçante ne tardera pas.

-Je ne te vois pas comme cela, nexagère pas. Je ne te fuis pas. Mon cur aime deux hommes, cest ma malédiction puisque tu le supportes si douloureusement; jen suis bouleversée. Si je te jure que je ne verrai plus Sylvain, que je ne veux plus me partager, me croiras-tu?

-Non! Il y a cinq jours tu as fait lamour avec lui et tu mas lâchement endormi en espérant lhéberger et forniquer durant mon sommeil. Cest la deuxième fois en quatre jours que vous avez joué aux amants diaboliques dans notre lit. Rien ne garantit que vous nessayerez pas de me supprimer. Je te jugerai aux actes, ta parole dhonneur na plus quune valeur relative à mes yeux de mari bafoué.

-Pourquoi ne veux-tu pas croire que je cherchais juste à ne pas te blesser en cachant cet écart?

-Duquel de tes écarts parles-tu? Tu possèdes tous les éléments nécessaires pour bâtir ton projet davenir avec un célibataire amoureux de toi. Voyez ensemble. Je ferai changer les serrures jeudi. Je serai à la maison dimanche, pour touvrir la porte, si tu veux encore passer une partie de ton temps avec moi. Je regrette de ne pas partager tes idées modernes sur le mariage et le concubinage.

Au cours de la nuit, je sens un mouvement dans mon lit. Marie renifle, pleure, veut mattirer en elle. Je suis inflexible, je ne suis pas un bouche trou. Elle devra se contenter doccuper sa chambre quand elle voudra se reposer de ses excès sexuels au cours de son séjour chez lautre. Je la chasse vers son lit.

Le mardi matin elle na pas préparé mon petit déjeuner. Est-ce pour mhabituer à ma prochaine période de célibat choisi? Elle ne ma pas adressé la parole. Le soir jai repris mon entraînement de natation. Je soupe au restaurant et reviens chez moi à 21 heures. Douche, brosse à dents; je me couche dans la chambre damis. Le mercredi Marie a soigné le petit déjeuner, attend un remerciement.

-As-tu préparé tes affaires? Nas-tu rien oublié, auras-tu de quoi tenir jusquà dimanche? Sylvain sera-t-il au restaurant vers dix-neuf heures? Sait-il de quoi il retourne? Donne-moi ta clé de la maison, prends ton chéquier et ta carte bancaire. A ce soir donc.

Elle murmure des oui, me regarde comme si elle partait en expédition dans des terres lointaines, écrase une larme. Chacun monte dans sa voiture.

Qua-t-elle raconté exactement à Sylvain. La liberté donnée, lacceptation du partage le grisent. Il me félicite de faire partie de lélite des esprits éclairés. Quand il apprend que ma maison nabritera pas leurs amours, il déchante. Son appartement chez ses parents est petit. Je lui rappelle quil aime les lieux insolites pour ses prouesses amoureuses, y compris les capots de voiture. Il fait des yeux étonnés.

-Marie aura le temps de texpliquer.

Si Marie cherche le confort, il y a sur place des chambres dhôtel. Je leur recommande la quatorze que Marie a étrennée samedi. Je paie le repas et les laisse au bonheur des retrouvailles. Sylvain me serre la main, Marie est émue et membrasse sur les joues, pas sur la bouche.

Me voilà seul, je nai pas à minquiéter, Marie est accompagnée, il ne peut rien lui arriver. Le téléphone me tire de ma mélancolie rêveuse. Cest Margot. Marie vient de lappeler pour savoir si elle pouvait la loger. Margot lui a demandé un court instant de réflexion, pour examiner ses possibilités daccueil.

-Quest-ce que je dois lui répondre?

-Refuse et si tu veux rejoins-moi. Dis lui que tu nas quun lit, que ça peut aller pour un cinq à sept à la rigueur, mais que tu dors dans ton lit et que ton appartement nest pas conçu pour loger trois personnes.

-Je lui réponds et jarrive.

Margot gare sa voiture dans le garage. Aussitôt après on sonne à ma porte.

-Qui est là?

-Cest Marie, je ten prie, ouvre et prête nous la chambre damis pour cette nuit. Sylvain veut préparer ses parents à mon arrivée.

-Jai bien dit que pendant le mois dessai, cette maison nabriterait pas vos galipettes. Débrouillez-vous, va te faire empapaouter loin de moi, je veux bien quil te baise ou tencule mais pas ici. Appliquez vos idées modernes, mais hors de ma vue. Les hôtels ne manquent pas. Vous êtes des adultes, assumez.

Elle est partie en bougonnant. Jai exposé à Margot la situation. Je veux que Marie ait une vue complète de la situation de Sylvain. Si son amour lui fait supporter les difficultés de la vie dun chômeur, je saurai que son amour nest pas une passade. Je faciliterai la séparation.

-Te souviens-tu de ta proposition? Si elle tient toujours, tu es à partir de maintenant ma gouvernante, mais de façon intermittente. Si Marie se partage vraiment, tu devras libérer la chambre damis pendant le premier mois à raison de trois jours par semaine. Au bout du mois, jaurai trouvé le moyen de la faire partir. Je souhaite quelle veuille me quitter, sinon je ly obligerai. En acceptant de se partager, elle piétine ses vux de mariage, je ressens son escapade comme une insulte: elle naurait pas dû me laisser seul. Elle réfléchit avec son sexe, cest son affaire. Elle ma brisé le cur, ne sen rend pas compte, agit égoïstement sans se soucier de mes sentiments; je ne laimerai plus jamais. Je refuserai désormais de partager sa couche. Elle ma juré de ne pas rencontrer Sylvain quand elle logera chez moi: si malgré ce serment elle vient à me tromper, jaurai une excellente raison de la chasser. La maison mappartient.

-Et moi, que fais-je dans votre histoire? Je suis le bouche trou du mois?

-Pendant ce mois tu pourras mobserver de manière à te persuader quen toffrant à moi tu ne tes pas trompée. Ensuite, je te demanderai si tu veux prendre définitivement la place libérée. Un mois cest court pour prendre une décision aussi grave, sil te faut plus de temps, tu me le feras savoir.

-Je réponds tout de suite: « Je taime ». Laisse-moi tembrasser.

Je résiste à la tentation de lemmener dans mon lit. Je lui réclame la plus grande discrétion si elle souhaite la réussite de mon plan. Chacun dort dans sa chambre. Mon déjeuner du lendemain mest servi avec un sourire heureux. Nous nous retrouverons le soir. Le samedi soir Margot retourne dans son appartement; je lappellerai après le départ de Marie. Tout sest bien passé, cest une excellente ménagère. La seule difficulté consiste à garder les distances. Je cours au devant des complications. Jai exigé que Marie partage la vie de ce jeune effronté, nest-ce pas avec lespoir inavoué de la voir revenir au galop? Que faire de Margot alors?

Le dimanche matin débarque Marie, fière de me faire remarquer quelle tient parole. Elle vient de vivre pleinement son amour, dans des conditions de conte de fée. Lidée du partage est formidable. Elle est heureuse de me rejoindre. Elle sera toute à moi.

-Ça va mon chéri, je ne tai pas trop manqué?

-Il serait temps de ten soucier. Mais ne tinquiète pas, cest une question dhabitude, je vais maccoutumer à tes absences. Ton retour métonne plus que ton départ. Pourquoi quitter ton paradis et venir tennuyer ici?

-Je vais prendre un bain. Déjeunerons-nous au restaurant ce midi?

-Tu as vite pris des habitudes de luxe avec ton chéri. Non, je me suis mijoté hier un pot au feu, il me reste des pâtes, javais cuisiné pour deux car javais oublié que tu étais chez lautre en train de te faire défoncer la cramouille ou élargir le trou du cul. Je rôtirai deux escalopes de poulet. Pour le dessert jai des pommes. Je nai pas acheté de vin pour éviter de noyer mon chagrin dans lalcool, nous boirons de leau du robinet. Je vais suivre un régime draconien et avec le sport je compte redevenir présentable.

Le bain dure. Elle quitte la salle de bain nue comme Ève, se déhanche, tourne dans la pièce, sexpose, étudie mes réactions: il ny a pas grand chose à lire sur mon visage. Je ne me jette pas sur elle, je prends mon journal et je lignore.

-Quoi, après quatre nuits dabstinence, cest tout leffet que produit ma nudité? Jespérais un accueil chaleureux. Je suis là pour toi.

-Excuse-moi, je tavais prévenue. Je ne me sens plus attiré par ton corps qui a été pris et repris par un autre homme dans toutes les positions. Certes ça ne se voit pas en dehors des suçons dans ton cou et sur ta cuisse gauche à hauteur de frifri. Je regrette presque de tavoir imposé trois jours avec moi. Jai dormi seul, jai cuisiné seul, seul jai lavé et repassé mon linge pour tuer le temps. Les femmes qui se donnent à nimporte qui courent les rues, certaines se font payer, dautres sont contentes de trouver un compagnon. Elles ne viennent pas me parler du plaisir quelles ont pris ailleurs, du conte de fées quelles viennent de vivre, elles ont de la retenue, ou si tu préfères de la pudeur.

-Grognon. Tu étais daccord, que me reproches-tu?

-Rien. Ce que tu ne sens pas, peut-être, ce qui te permet de passer aussi légèrement de lun à lautre, une inconscience et un égoïsme que je ne te connaissais pas. Ma réponse te convient-elle? Je te fais part de mes idées rétrogrades, ça soulage ma bile.

-Il ne fallait pas accepter de partager.

-Au moins nas-tu plus besoin dajouter des mensonges à dautres mensonges. Tu te partageais avant davoir mon accord, je ne tai pas offerte à ton drôle. Jai protesté au bal, en as-tu tenu compte? Au contraire, à la première occasion tu as écarté les jambes et tu as joui avec lui dans notre lit. Et tu as remis le couvert le lendemain, à cru, sans préservatif. Ton escapade de quelques jours est un aboutissement normal de ton premier faux pas au bal. Ton amant partageur a dû toffrir en partage à ses copains. Vous avez organisé des partouzes? Et tu voudrais émouvoir mes sens. Jimagine les flots de foutre qui ont envahi ta gorge ou qui se sont déversés dans ta foufoune assoiffée. Ta chagatte souillée ne minspire plus de désir. Un berlingot sucé par une armée de jeunots na plus de saveur pour moi. Quatre jours et quatre nuits à te vautrer avec la troupe de Sylvain, à te faire culbuter dans la nature, à te faire grimper par tes bonobos, ensemencer par des irresponsables au nom de vos idées modernes, tont transformée pour moi en éponge à sperme.

-Si javais su je ne serais pas revenue.

-Je tautorise à ten aller.

-Chéri, tu ne maimes plus? Moi je taime toujours autant. Viens au lit, fêter mon retour. Entre mes cuisses tu vas retrouver ta bonne humeur. Tu as besoin de câlins et ta petite femme va te gâter. Lâche ce journal. Non? Seigneur, faut-il que je magenouille et que je te supplie! Regarde, cest moi, ton épouse, mon corps est toujours le même. Mes seins restent fermes, mon sexe te désire, il na pas changé. Mes bras te sont ouverts. Ma parole, tu veux mhumilier, tu refuses daccomplir ton devoir conjugal?

-Cest bien à toi demployer cette expression. Es-tu partie vivre trois jours avec Sylvain au nom du devoir conjugal? Ces mots nont pas le même sens pour toi et pour moi. Gave-toi de lidée de partage, tu nes pour ton mari cocu quune femme infidèle, pour une autre je dirais une salope ou une putain. Je refuse de fréquenter un vagin enragé, mal hanté. En un mot comme en cent, je ne taime plus.

-Mais cest de ta faute, cest toi qui as voulu.

-Jai juste régularisé une situation préexistante. Tu recueillais sous notre toit un passager clandestin, il te fourrait illégalement, maintenant il est en situation régulière, te reçoit chez ses parents, te saute avec ma bénédiction, te fais vivre un conte de fées. Que veux-tu de plus? Tu as trois jours devant toi pour reposer ton sexe et ton cul avant de te faire bourrer par devant et enfiler par derrière par une pine plus jeune que la mienne. Tu seras toute neuve mercredi pour accueillir sa queue extraordinaire et pour supporter les charges de sa bande. Tu devrais me remercier davoir aménagé une aire de repos au milieu de tes débordements sexuels. En même temps, je te ficherai une paix royale, loccasion de réfléchir à tête reposée, sans pression extérieure, au sens de ce que tu as fait et aux suites probables de la situation dune femme au cur dartichaut et au vagin insatiable.

La porte de la chambre a claqué. Jentends des sanglots. Jaimerais lui inspirer une folle envie de se sauver. Pourquoi reste-t-elle? Sa foi dans les bienfaits du partage et son espoir de mavoir converti à leur philosophie de libre échange sexuel viennent de voler en éclats. Mon humeur exécrable du matin, mon accueil froid et mon refus de copuler avec une femme instable devraient lui donner le courage de me plaquer pour de bon. En cas de divorce, labandon du domicile conjugal est un argument de poids dont la matérialité ne laisse aucun doute. Quelle sen aille, je gagnerai Margot, fraîche, amoureuse de moi.

-Tu sais, jai réfléchi. Tu fais le méchant, mais je te connais, cest parce que tu es malheureux. Je te dois trois jours, je resterai trois jours. Et après les trois jours je mincrusterai. Je suis ta femme et je veux rester celle à qui tu as promis fidélité et assistance. Allez, embrasse-moi. Tu te moques, deux bisous sur les joues, cest tout?

-Comment mas-tu embrassé en me quittant mercredi.

-Cétait devant Sylvain. Pardon, jétais tellement embarrassée.

-Imagine que Sylvain pense à toi. Devant lui, tu ne me traites plus comme ton mari, je suis ton cocu pitoyable, méprisable. Quand tu es avec lui tu nas plus besoin dassistance et tu te moques de la notion surannée de fidélité, tu fais avec lui ce que tu avais promis de me réserver, tu te dénudes, tu caresses son corps, tu te livres, il te palpe, te met et jai vu le plaisir que tu y prends. Alors révise le sens des mots que tu emploies.

-Sais-tu où jai dormi depuis mercredi?

-Au paradis si jai bien écouté ton récit ce matin.

-Sylvain, ma révélé quil navait quune petite chambre chez ses parents, quil était impossible dy vivre à deux et que la meilleure solution serait de loger à lhôtel, en attendant que je puisse louer un appartement. Lui nen avait pas les moyens car il est victime du chômage. En réalité il na jamais eu demploi stable. Cest juste un frimeur. Devant son refus de me présenter à ses parents je me suis énervée

-Je le savais au chômage. Voilà pourquoi je tenais à ce que tu ailles vivre tes amours ailleurs. Tu pourras lentretenir jusquau jour où il dénichera une autre greluche qui aura le feu au cul et des revenus supérieurs aux tiens, assez poire pour croire quelle est unique et aimée. Ne laimes-tu plus parce quil est fauché?

-Il test facile de menfoncer, je me suis mal conduite, je le regrette sincèrement. Donc, mercredi jai voulu trouver un refuge pour la nuit. Jai appelé une amie, elle na pas voulu nous héberger.

-Ce ne serait pas une dénommée Margot?

-Mais tu mespionnes. Doù tiens-tu cette information? Ce nest pas possible. Passons. Je suis venue à proximité de la maison au moment où tu faisais entrer une voiture conduite par une femme dans le garage. Jai voulu tempêcher de coucher avec elle, jai sonné et je tai demandé lasile pour la nuit. Tu as refusé sous prétexte que nous avions un accord. Tu nas même pas vu que je revenais seule. De retour devant lhôtel, je me suis disputée avec Sylvain, je lui ai reproché ses mensonges, il ma traitée de grosse salope, la situation sest envenimée. Je lui ai demandé de partir. Il est monté dans sa voiture. Jai pris une chambre pour une personne, tu pourras le contrôler si tu ne le sais pas déjà par ton réseau dinformateurs. Depuis Sylvain a voulu sexcuser. Il me harcèle au téléphone, dort dans sa voiture devant lhôtel. Tu as devant toi une femme humiliée, brisée, consciente de son erreur, de sa faute, qui te supplie de pardonner tout le mal quelle ta fait, résolue à ne plus recommencer. Garde-moi. Si je te dégoûte, relègue-moi dans la chambre damis, je serai ta bonne, ta femme de ménage, je ferai tout ce que tu voudras, je serai lombre de ton ombre. Mais ne me chasse pas. Le risque de te perdre ma révélé combien je taime et combien jai besoin de toi pour être heureuse.

Elle est la deuxième à faire cette proposition dêtre ma servante pour demeurer avec moi.

-Comment as-tu pu?

-Pourquoi mas-tu laissée seule en face de ce jeune loup? Jaurais dû être plus forte; si tu étais resté à mes côtés, jaurais résisté. Je ne taccuse pas de ma faute, mais un couple affronte les difficultés uni. Quand tu as quitté la maison, jai cru que tu ne maimais plus. Quand Sylvain ma appris que tu lui avais conseillé de foncer pour me conquérir, je me suis sentie trahie. Abattue, jai cédé. Le lendemain, il ma convoquée en menaçant de me dénoncer. Aujourdhui je ne sors pas des bras de Sylvain, nous avons rompu mercredi soir. Tu ne dois pas craindre de noyer ta verge dans son sperme.

-Tu as aussi rompu avec moi en quittant cette maison pour aller filer le parfait amour avec ton escroc. De mon côté, jai pris des engagements envers une autre femme, celle que tu as vue entrer par le garage. Accepteras-tu de me partager avec elle? Elle est jolie, intelligent, travailleuse, sensible et amoureuse de moi.

-Comme je vois tu nas pas tardé à me remplacer. Il y a longtemps que tu la connais?

-Cest une collègue des impôts. Elle est venu mavertir de ta migraine, était inquiète pour ta santé, a voulu maccompagner pour maider à te soigner et a découvert avec moi quel remède tu utilisais pour te soigner. Comme moi elle vous a vus gigoter, vous mélanger, elle a vu Sylvain te planter sa seringue entre les cuisses, elle ta vu courir vers ton bidet, poursuivie par un amateur de belles fesses, et elle a entendu votre conversation et vos râles de plaisir. Elle a compati, a voulu me consoler, elle a été très déçue dapprendre que tu comptais utiliser son appartement pour vous envoyer en lair. Jai cru comprendre quelle te vouait une forme damour fort mal partagée.

-Cest Margot!

-Tu las blessée gravement. Elle occupe en ton absence la fonction de gouvernante délaissée par une épouse en goguette en compagnie dun amant. Elle sest retirée pour trois jours. Mercredi elle reprendra place dans la chambre damis. Je ne peux donc pas tattribuer cette chambre.

-Autrement dit, elle nest pas ta maîtresse?

-Elle a vocation à le devenir puis à mépouser après notre éventuel divorce.

-Jaccepte de te partager avec elle, même si tu ne maccordes quun jour de temps à autre dans ton lit.

Que décider? Si Margot garde la chambre damis, je nai quune place pour toi. Viens dans mon lit fêter ton retour, jen prends le risque. Margot comprendra, elle veut mon bonheur. Mon bonheur cest toi, malgré les cahots. Tu mas donné tant de plaisir en quatorze ans. Je vais te faire lamour, te baiser, te sauter, te tringler, tenfiler, te culbuter, te défoncer, te mettre, te prendre, te posséder, te faire jouir jusquà plus soif. Je ne pourrais pas vivre sans toi, tu es irremplaçable.

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