Au bal suivant nous avons été invités à nous asseoir avec la « bande »: cinq hommes et cinq femmes. Je connaissais déjà Roger. Sylvie a expliqué notre désir légitime de danser ensemble le plus possible et a répété que nous acceptions, à leur demande, de danser avec chacun ou chacune une fois. Juliette, la femme de Roger a un peu protesté. Pendant quelle faisait danser Germain, André, Claude, Roger et Georges, je fus allumé sans ménagement par Clémence, Juliette, Lisa, Marthe et Louise. Différentes physiquement, elles avaient un point commun: elles avaient engagé un concours de danse rapprochée et samusaient à me chauffer. Effrontément elles tentaient de savoir si elles me faisaient bouger le petit soit par accolement pubien, soit en glissant une jambe enquêtrice entre les miennes. La moins habile y fourra une main! Oh! Discrètement, dans la foule, mais sut que je nétais pas un animal à sang froid. Ses yeux pétillèrent de contentement
-Si tu veux, je peux tapprendre à découvrir infailliblement le point G chez une femme. Viens, je donne des leçons gratuites à domicile aux hommes qui me plaisent, aux maris de mes amies entre autres. Tu es chou.
Sylvie crut bon de leur annoncer la date de notre mariage. Cétait décidé, le mariage civil devait avoir lieu le samedi 31 octobre. Avides de détails, ils voulurent connaître le calendrier de nos rendez-vous, en mairie, chez le notaire, pour lachat des habits, chez le traiteur. Sylvie fut ainsi le point dattraction de la soirée. Roger et Juliette trouvèrent que nous allions trop vite. Dautres recommandaient les meilleurs magasins ou jouaient aux notaires.
Débarrassés de la corvée damabilités envers ses amis, nous pouvons jouir complètement de notre passion pour la danse. Juliette essaie de faire un tour avec Sylvie. Rien à faire.
Au lit je retrouve une Sylvie apaisée et amoureuse. Cela chasse les démons. Si notre entente physique reste aussi vive et nos sentiments aussi forts, nous serons heureux.
Mardi six octobre, Sylvie se fait attendre. A 19heures15 elle revient; oublie de membrasser pour la première fois, agitée étrangement.
-Excuse-moi, jai fait un arrangement avec Catherine. Elle prendra ma classe pendant mon congé de mariage et je prends son cours du soir à titre de compensation.
-Mais la loi est claire, tu as droit à un minimum de 4 jours sans compensation. Tu nas pas à faire de cinq à sept. Drôle dhistoire. Tu devrais connaître tes droits.
-Oui, si tu le dis. Mais pour demain les élèves sont prévenus des changements dhoraire.
-Donc cela fera un nouveau cinq à sept.
Lexpression la trouble, elle ne répond pas. Le mercredi sept, je sais quelle sera en retard.
-Jespère que tes cinq à sept sont terminés. Tu ne membrasses plus quand tu reviens du lycée?
-Mais, oh! Excuse-moi. Viens là. Hummm
-Et celui dhier? Es-tu avare de baisers ou est-ce Roger qui en profite?
-Paul, jai réellement fait cours. Que vas-tu imaginer? Toujours ton syndrome de Rose! Tu deviens difficile à gérer.
-Je vois: difficile à gérer égale privation de marques de tendresse!
-Mangeons et tu vas être servi.
Couchés tôt, nous sacrifions à Eros. Jai bien fait de réclamer, Sylvie entièrement dévoilée est dune douceur incroyable. Etrangement, pour éviter une grossesse prématurée, elle me demande de répandre mon sperme dans les poils frisés de son pubis, avant de sasseoir sur le bidet. Ca aussi cest une première: je note, sans protester outre mesure, mais elle doit savoir que je suis étonné.
— Quel élément nouveau commande notre relation? Qui ta soudain poussé à ces nouvelles mesures?
-Ca te déplaît?
-Pourquoi ce changement de conduite: cest pour le moins étonnant.
Le jeudi, à lheure de la séance de tennis, pas de Sylvie. A 18 heures, lair contrit, elle sexcuse. Des collègues ont discuté avec elle de son mariage et de la possibilité de se pacser. Elle se dirige vers la salle de bain, ressort en se brossant les dents.
-Dhabitude tu te brosses les dents après le repas, et tu membrasses à ton retour.
-Je suis fatiguée. Je nai pas envie daller au tennis.
-Repose-toi.
Je prends mon sac et ma raquette et men vais. Je ne rentre quà vingt heures, vais me brosser les dents et me couche sans un mot.
-Où étais-tu? Avec qui as-tu joué? Il est tard. Tu ne manges pas? Tu as rencontré Véro?
Autant de questions sans réponse. Je préfère me taire. Cette semaine tout fout le camp. Que craint-elle de Véro?
-Tu boudes? Est-ce que tu as prévu une rencontre demain?
-Si tu tiens toujours à te marier avec moi, consulte le calendrier.
-Mais il ny a rien de prévu demain. Je pourrais
-Et que devions- nous faire aujourdhui?
-Ah! Oui, rencontre chez le notaire pour choisir notre contrat de mariage et présenter nos justificatifs. Excuse-moi, avec leurs questions il mont fait oublier
-Jai plutôt limpression que tu ne tiens pas à signer un contrat ou à maintenir notre mariage Nous étions daccord pour la communauté universelle avec propriété des biens au dernier vivant. Je suppose que tes amis tont persuadée de changer davis, soit de ne pas signer de contrat, soit de prendre une séparation des biens, en prévision du divorce annoncé par Roger et Juliette.
-Tu broies encore du noir. Laisse-les donc parler. Essaie de reporter le rendez-vous à demain. Je serai là à lheure. Allez, bisou.
-Quavais-tu sucé pour aller te laver les dents au lieu de membrasser. Mardi pas de bisou, mercredi pas de bisou, jeudi brossage des dents et bisou à retardement. Permets-moi de douter de ta volonté de te marier.
Depuis quand tu mavais juré que cétait pour la vie et tout à coup tu parles de divorce ou tu ne veux plus mépouser. Mais quai-je fait?
— Tu détourne la conversation. Je ne voudrais pas te fâcher, mais cette semaine tu tes arrangée pour détricoter nos plans. Je peux répondre de moi, pas de toi. Faisons comme Roger veut, repoussons la date du mariage et réfléchissons à son bien-fondé. Tu nauras plus à en discuter après les cours.
-Roger! Tu men veux à cause de ses déclarations. Ce nest pas juste. Arrête de gamberger. Nous nous marierons le 31 comme prévu. Le contrat de mariage aura le contenu choisi. Quant à tes remarques justifiées sur les baisers, voici ma réponse: depuis dimanche jai eu des aigreurs destomac, je ne voulais pas tincommoder. Enfin, tu as relevé que je te demandais de te retirer afin déviter de tobliger à mépouser à cause dune grossesse prématurée. Jai répondu à toutes tes interrogations? Tu es satisfait?
-Pas sur le dernier point. Navoir pas pris de précaution pendant des mois et se réveiller à deux semaines du mariage, relève dune logique étrange. Tu ne veux pas reconnaître linfluence néfaste de certains sur ton comportement et sur lharmonie de notre couple. Si encore tu men avais parlé, si cétait le résultat dune concertation, je naurais pas à rechercher lorigine de décisions unilatérales et brutales.
-Jai compris et te prie de mexcuser.
Le vendredi 9, le notaire a bien voulu nous recevoir. Nous signerons le 29.
Au théâtre, le vendredi soir, nous regardons, main dans la main, en amoureux, la flûte enchantée. A lentracte dans les couloirs, nous tombons sur Roger et Juliette, échangeons les banalités de circonstance. Je méloigne et jentends Juliette se renseigner sur la date dachat de la tenue de mariée.
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-Tu leur avais dit que nous sortions?
-Je ne pense pas. Ils ont un abonnement. Leur présence na rien dinsolite.
Mon plaisir est fichu, je ne prête plus attention à la suite de la représentation. Sylvie rattrape ma main,
elle devine ma contrariété
-Chéri ça ta plu?
-Oui
-Quel enthousiasme. La présence de mes amis ta perturbé?
-Oui
Nous consacrons le dimanche 11 à nos deux familles. Tout va bien, le frère de Sylvie restera quinze jours en congé.
Au lit je retrouve une Sylvie merveilleuse; elle ressort le grand jeu, les regards langoureux, le massage lent et adroit, les caresses intimes. Cest un échange permanent, on se découvre toujours, cest un perpétuel recommencement, les chemins diffèrent mais aboutissent toujours au ravissement de lorgasme
Lundi 12
-Je suis absolument désolée. Je nai pas réussi à te joindre, les lignes téléphoniques étaient engorgées. Le proviseur a décrété ce matin que les profs devaient préparer ce soir la réunion avec les parents délèves. Jen sors, il va être 20 heures. On avait prévu quelque chose ce soir?
-Rien dimportant, juste un rendez-vous pour la publication des bans
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-Ce nest pas possible. Pardon. Faudra-t-il retarder le mariage?
-Si cest ce que tu souhaites. Mais jusquau mercredi 21 nous sommes encore dans les délais.
-Allons-y demain?
-Demain jai lintention daller acheter mon costume de marié A la sortie de lusine jirai faire un tour dans les magasins.
-Sans moi? Je te linterdis. Passe me prendre à cinq heures. Je tiens à taider dans ton choix. Ne me regarde pas comme ça, je serai prête. Et le proviseur pourra grimper aux murs, je nen démordrai pas.
-Sais-tu si tu sortiras à 17 heures mercredi.
-On ne sait jamais. Jespère quil ny aura pas de surprise de dernière minute. Pourquoi?
-Parce que si tu ne tinscris pas en mairie, tu ne pourras pas te marier. Ton proviseur refuserait-il de grimper aux murs le mercredi?
Si quelquun prépare un nouvel empêchement pour notre inscription, il va attendre mercredi. Je ruse.
Le lendemain, mardi, 13 octobre.
-Où vas-tu? Je croyais que nous allions faire les magasins. Où me conduis-tu, à la maison?
-Jai pensé quil ne fallait pas attendre la dernière minute pour la publication des bans. Nous allons à la mairie.
-Mais je nai pas mes papiers.
-Jy ai pensé pour toi. Cest le moment de savoir si tu veux te marier avec moi. Alors?
-Vite, tu as raison. Heureusement que tu penses à tout.
Linscription a été rapide. Le choix du costume, plus disputé, sest fait avant la fermeture des magasins.
Mercredi, 14/10. Rien au programme. Jen profite pour mettre ma voiture en révision. Le garagiste me la ramènera ce soir. Un mécanicien me reconduit à la maison. Je vais faire une petite sieste tardive. Il fait sombre dans la chambre, la porte est poussée, pas fermée.