J’ai 16 ans. La rue est en légère pente. Mes rollers glissent sur le trottoir en slalomant gracieusement. Je me sens parfaitement serein, grisé par le souffle léger de l’air sur mes oreilles.
Un Vrrrrroummmm à ma gauche. Je tourne la tête un instant admirant une superbe Ferrari jaune qui passe. Je regarde à nouveau devant moi. Un potelet métallique destiné à éviter la circulation des autos sur le trottoir est à moins de 50 cm, d’un côté un couple d’obèses, de l’autre une voiture d’enfant avec mère et enfant.
Ma réaction est rapide. Même pas la peine de freiner, ni d’essayer d’ébaucher une courbe. Je m’enquille sur la quille, qui malheureusement reste debout, scellée dans le sol. Une douleur brutale sur la hanche, je pars en vol plané, j’atterris sur l’épaule droite, je rebondis, tends la main gauche pour amortir. Je hurle en terminant ma chute à plat ventre.
Des passants viennent mollement m’aider, ils veulent me retourner en me saisissant l’épaule droite, je hurle de plus belle. Ils décident d’appeler les pompiers et me laissent sur le trottoir, la joue contre le sol, gémissant.
En attendant, je remue les pieds. Ca va. Ma main gauche ou mon poignet est horriblement douloureux. Les doigts semblent bouger. J’ai le bras droit coincé sous moi, je ne sens plus mon épaule
Les minutes sont longues, la caserne des pompiers est proche. Ils doivent être sur un autre « coup ». Ils arrivent enfin, me jettent un coup d’il, demandent si je peux bouger. Je réponds que non. Il faut donc attendre le toubib et un matelas spécial pour me transporter. J’attends donc. Ils dispersent les rares passants qui étaient restés, bien heureux de quitter les lieux. Comme ils semblent trouver, eux aussi, le temps long, ils reviennent m’interroger.
— Est-ce que j’ai heurté quelqu’un d’autre ?
— Pourquoi je suis rentré dans ce poteau ?
— La Ferrari, quelle Ferrari ?
Je réponds en pleurant ma douleur.
Enfin le Médecin arrive (avec le matelas ?). Il s’accroupit me demande mon nom, mon âge, si j’ai perdu connaissance. L’abruti voit bien que ce que j’ai perdu, c’est l’équilibre. Il me demande le nom du Président de la République. Je réponds Félix Faure. Ça le fait rigoler. Je lui rappelle que j’ai très mal. OK, je vais avoir droit à une piqûre calmante intraveineuse. Mais j’ai les deux bras en compote. Pour me piquer les veines, il va falloir me bouger et ça les embête. Je me dis qu’ils ont peut-être l’intention de me laisser toute la nuit sur le trottoir.
— On va baisser ton Jean pour te faire une intramusculaire.
Mais la boucle de ma ceinture est entre mon ventre et le trottoir. Pas facile d’y accéder.
— Tant pis, on te place sur le matelas d’abord et l’on fera la piqûre après.
Je ne peux pas décrire la manuvre pour me retourner et me poser sur un matelas ou un brancard, tant je n’ai pensé qu’à hurler et à traiter tous les pompiers de Paris, de France et du monde entier de tous les noms d’oiseaux que je connais. C’est vrai, ce n’est qu’un moment désagréable à passer comme on me l’a assuré. Bel euphémisme. L’avantage c’est que quand ça s’arrête, sur l’échelle de la douleur, vous êtes encore très haut, mais un peu plus bas et vous les remerciez pour cette légère régression. Le coup de l’échelle, je l’ai appris plus tard à l’hôpital.
Pour l’instant, on me relie le bras droit à un tuyau, on me glisse dans l’ambulance. J’entends la sirène, puis je sombre dans le bonheur, comme si j’avais fumé 4 pétards, ce qui ne m’est encore jamais arrivé.
Je ne me rends compte de rien. Tout au plus je me sens en perpétuel déplacement, je vois des dizaines de tubes au néon différents, on me parle de salle d’op., de réa, de clous, de plaques et de vis. On m’assure que ça va aller. Où va-t-on aller ? et puis le néant total.
Je suis tombé un mardi soir, j’ouvre un il intelligent (?) le mercredi après-midi. Je suis dans une chambre jaunâtre, la fenêtre donne sur un mur. Je n’ai pas trop mal, mais je suis incapable de bouger, sauf un peu la tête et les yeux.. Depuis l’épaule droite jusqu’au bout des doigts, je suis coincé dans une espèce de carcan bleu. A gauche, un plâtre, qui n’est plus en plâtre, paraît-il, mais que tout le monde appelle encore un plâtre, part du bras au-dessus le coude, jusqu’à la moitié des doigts qui peuvent bouger de 3 millimètres. La hanche me fait mal, mais c’est supportable. J’ai soif et le nez me gratte. Oui, au fait, comment vais-je boire ? Comment vais-je me gratter le nez. Mes mains sont inopérantes. Comment manger, faire pipi ? Tiens, j’ai justement envie de faire pipi. Et le reste ?
La porte est entr’ouverte. J’appelle. Personne. Je ne peux crier assez fort. J’entends enfin quelque dans le couloir. J’appelle encore. Une jeune femme vêtue d’une blouse blanche passe son nez.
— On arrive dans deux minutes, me dit-elle.
J’ai l’impression que ces deux minutes durent deux heures. En fait elles doivent durer un quart d’heure, c’est du moins le calcul que je ferai deux jours plus tard, quand, ayant récupéré une montre, je constaterai que, une minute dans le langage hôpital, dure 10 fois plus, que 10 minutes valent une demi-heure, et qu’une heure dépasse largement la journée.
— « On va vous faire une radio de contrôle dans une petite heure », ça signifie en fait demain matin.
Bref, une jeune personne vêtue d’une blouse blanche, revient enfin dans ma chambre et me dit :
— Alors, on est enfin réveillé ?
— Oui, sans doute, puisque je vous parle. Expliquez moi ce qui m’arrive avec mes mains, mais d’abord j’ai très envie de faire pipi et je ne sais pas comment faire.
— Ce n’est pas grave, vous avez une sonde, c’est elle qui vous donne cette envie, mais votre vessie est vide.
Et elle soulève le drap, je redresse un peu la tête et je vois un tuyau qui sort de ma verge et qui se dirige vers le bord du lit. Beuurk.
— Puisque vous êtes conscient, on va vous l’enlever bientôt et vous pourrez uriner normalement. Vous n’avez rien à la vessie, mais comme vous dormiez, on a mis cette sonde pour que votre vessie n’explose pas.
— Et avec mes mains coincées, je vais faire comment pour pisser ?
— Pas de problème, on vous aidera.
— Oui, mais ce tuyau me donne très envie, c’est pas agréable du tout.
— Attendez, je vais voir l’infirmière, pour voir si on peut vous l’enlever maintenant.
— Pourquoi, vous n’êtes pas infirmière ?
— Non, je suis aide-soignante. Ce n’est pas à moi de décider. On revient.
De longues minutes se passent. Une autre jeune femme souriante revient dans la chambre, vêtu d’une blouse identique et de pas grand chose dessous, tenant un petit plateau garni de compresses, et d’ustensiles divers.
— Je vais enlever votre sonde. N’ayez pas peur.
C’est drôle, à l’hôpital, l’on nous dit toujours de ne pas avoir peur. Ça prouve que c’est peut-être dangereux d’y aller ?
— Ah, vous êtes l’infirmière.
— Pas du tout, je suis stagiaire, j’apprends à enlever les sondes.
Oh là, là. Voilà que j’ai affaire à une novice. J’ai peur.
Elle soulève le drap. Elle enfile une paire de gants, verse un liquide clair sur des compresses. Puis elle me prend la quéquette dans sa main gauche, en rougissant, et la nettoie soigneusement avec ses compresses humides. Elle se saisit d’une paire de ciseaux. Je frémis. Elle l’approche de la sonde et coupe un petit tuyau accessoire que je n’avais pas remarqué. Du liquide s’écoule. Puis elle tire doucement sur la sonde qui sort facilement, en déclenchant néanmoins, une horrible envie de pisser, qui heureusement ne dure guère.
— Ah, c’est plus joli comme cela, dit-elle en contemplant ma verge, toute molle, mais débarrassée de cet appendice encombrant.
Ma foi, si elle le dit, c’est peut-être vrai. Pour ma part je n’ai pas vu dans ma vie beaucoup de verges, elle sûrement plus. Professionnellement, veux-je dire. Donc, c’est un peu sensible encore, et je repose la question qui m’inquiète :
— Mais si plus tard, j’ai envie de faire pipi, je fais comment ?
— Vous appelez, on viendra vous mettre l’urinal. A tout à l’heure.
Et je suis à nouveau seul. Les bras et les mains complètement coincés, la hanche douloureuse, la verge endolorie par ce tuyau, une perfusion plantée quelque part en haut du thorax. Ma seule liberté est de pouvoir bouger les pieds et plier les genoux. Petit à petit, ma chute de rollers me revient en mémoire, le trottoir, la Ferrari jaune, la voiture d’enfant, mes hurlements, les pompiers, le médecin et la piqûre qu’il ne m’a pas faite. Impossible de me redresser, ce bras prisonnier collé à ma poitrine semble me scotcher sur le lit.
Seul, je ne pense à rien, je somnole un peu, le soir tombe doucement en cette fin d’après-midi.
Une troisième jeune femme, toujours vêtue de la blouse blanche de rigueur vient me dire bonjour.
— Est-ce que vous avez mal ?
— Ça va à peu près.
— De toute façon, il y a plein de calmants dans votre perfusion, on ne peut pas faire plus. Qu’est ce que vous voulez manger ce soir ? Le menu, c’est soupe, jambon pas terrible, purée et yaourt. Ça ira ?
— On verra bien. Mais je n’y arriverai pas tout seul. Et je jette un regard éloquent sur mes bras et mes mains.
— On va vous aider. En attendant, comme on a enlevé votre sonde il y a 3 heures, je vais vous faire mettre l’urinal.
— Si vous voulez. – Je ne saisis pas bien ce que c’est ? J’ajoute – Vous êtes aussi aide-soignante ?
— Non, je suis l’infirmière. Elle jette un coup d’il à la perfusion et à l’écran qui est derrière ma tête où l’on voit battre mon cur, c’est du moins ce qu’elle me dit. Puis, au fait, votre mère a pu être contactée hier soir, elle est venue, mais vous dormiez encore. On l’a rappelé pour lui dire que vous êtes réveillée, elle va venir après son travail.
Ma mère travaille comme secrétaire de direction et finit généralement tard le soir. Je pense tout à coup à elle, à mon frère aîné qui fait ses études à Lyon, à mon père divorcé que je vois très rarement, d’abord, parce qu’il a abandonné ma mère et ses deux fils, ce qui ne nous le rend pas très sympathique, et ensuite parce qu’il vit en Espagne. Du coup, j’ai un peu le cafard, envie de pleurer. Je réalise que je serai coincé un long moment et comme on ne m’a pas encore expliqué l’étendue des dégâts, je ne sais pas quel sera mon avenir immédiat et plus lointain.
Une autre aide-soignante revient. Elle me sourit.
— Je vais vous mettre l’urinal, comme ça si vous avez envie, vous pourrez faire pipi tout seul et nous appeler quant vous aurez fini.
Je la regarde avec curiosité se baisser, ce qui me donne une vue agréable sur le haut de son soutien-gorge et la naissance de ses seins, tout ronds. Elle plonge la main sous le lit et ramène une sorte de bouteille avec un large goulot et une face plate. Elle baisse mon drap, découvre à nouveau ma nudité qui est totale, soulève ma verge et l’introduit dans le goulot de la bouteille qu’elle place entre mes cuisses. Elle repose le drap
— Voilà, si vous voulez uriner, vous laissez aller et vous nous appelez pour vider l’urinal. On va bientôt vous apporter votre repas.
Bon, je résume. Le dîner était immangeable. Ma mère m’a embrassé, puis elle a pleuré, puis elle m’a engueulé m’ayant toujours prévenu du danger des rollers, m’a promis que mon année scolaire était de ce fait mal engagée. Pendant sa visite, un médecin vêtu comme les infirmières d’une blouse blanche ouverte sur une poitrine velue mais beaucoup moins sympathique est passé me voir. Il m’a montré les radios de mes bras, avant et après les opérations que j’avais subies la veille. Avant, il y avait seulement des os, après on voyait des trucs tout blancs, des plaques et des vis nous a-t-il précisé. J’avais explosé une partie de mon squelette de mes bras et de mes poignets. Il avait fait les réparations nécessaires. Je garderai les immobilisations (traduire le carcan droit et le plâtre, qui n’est pas du plâtre, gauche) pendant 6 à 8 semaines et après je devrais faire de la rééducation. Je resterai une grosse semaine à l’hôpital. Il espérait pouvoir me confier à un kiné demain pour me remettre debout et remarcher peu à peu. Je n’avais pas de fracture du bassin, malgré un très gros hématome de la hanche. Il fallait qu’on s’arrange ensuite à la maison, car je manquerai un certain temps d’autonomie pour ce qu’il a appelé les gestes de la vie courante. Très content de lui, il nous a quitté, nous laissant perplexes.
— On va s’arranger me promit ma mère. C’était encourageant, mais bien vague.
Les jours suivants, je me mis debout, d’abord avec de l’aide, puis peu à peu, je réussis à m’asseoir seul, puis me lever pour me dégourdir un peu les jambes.
Je fis mieux connaissance avec l’équipe des soignantes, je pus distinguer les infirmières des aides-soignantes et des stagiaires à la couleur du badge qu’elle portait. Chacune avait sa manière de porter la blouse blanche, laissant voir, qui un peu plus de cuisse, qui, la naissance des seins, qui un fragment de dentelle du soutien gorge. Le spectacle était plaisant, l’équipe était composée d’une majorité de femmes jeunes et le plus souvent jolies.
On me donnait la becquée, 3 fois par jour, on me laissait des bouteilles avec des pailles pour boire. On me plaçait l’urinal entre les jambes 4 à 5 fois par jour. On me mettait sur le bassin, je vous épargne les détails. On me lavait de la tête aux pieds sur mon lit, technique utilisée pour les vieillards grabataires, comme m’ont dit les soignantes.
Deux jours avant ma sortie, on m’avertit que le chirurgien souhaitait contrôler sa plaie, donc on va ôter l’orthèse, à savoir le carcan bleu de mon bras droit. On en profitera pour me faire prendre une douche, en emballant le plâtre (qui n’en est pas) d’un sac imperméable. A poil, sous les yeux de deux aides-soignantes, au cas où j’aurai un malaise, le jet d’eau chaude me fait le plus grand bien, puis une fois mouillé, la plus revêche des aides-soignantes me savonne rapidement et un peu rudement avec une éponge avant de rouvrir le robinet pour me rincer. Cette expérience, la caresse de la mousse déclencha une légère érection, la première depuis mon accident, pour laquelle il ne m’a pas été fait de commentaire ! J’étais à vrai dire très mal à l’aise.
Les premiers jours, je n’avais eu aucune preuve d’une virilité conservée, et préoccupé par mon état, je n’y avais pas pris garde. Le choc et les sédatifs avaient sans doute inhibé cette fonction. Le lendemain de cette douche, je me réveillai avec une érection du matin, plus dure qu’une barre d’acier, je dirai comme avant l’accident. Je sens que j’émerge d’une période difficile. Je vais quitter l’hôpital le lendemain. On me propose à nouveau la douche. On enlève le carcan qui avait été malheureusement reposé. Il est vrai que j’étais incapable de bouger le bras droit, totalement ankylosé pour le moment. Le kiné en profite pour ébaucher une légère mobilisation qui me fait un mal de chien.
On emballe le plâtre, je me lève et l’aide-soignante, plus jeune et plus sympathique que sa collègue de la veille m’accompagne, seule, dans le cabinet de toilette et fait couler l’eau chaude.
— Tu peux y aller, me dit-elle.
Le souvenir de ma réaction de la veille me fait déjà bander fermement. L’eau chaude ne faisait qu’intensifier mon état. Aussi, quand elle prend l’éponge imbibé de savon liquide et qu’elle commence à me savonner le corps elle ne peut faire semblant d’ignorer mon état, d’autant qu’elle m’enveloppe aussi la bite d’une mousse onctueuse.
— C’est bien, dit-elle nullement gênée, la forme revient. Et comme je balbutie bêtement des excuses, elle ajoute, on a l’habitude, pour nous, c’est banal. Ne t’en fais pas !
Elle me rince, me sèche, prend ma queue en main pour accomplir sa tâche. Elle me raccompagne au fauteuil, me propose de m’habiller pour faire un tour hors de ma chambre. Elle me passe un slip, rigole parce que mon gland dépasse au-dessus de l’élastique, m’enfile un jean amené par ma mère. Pour les mêmes raisons, elle peine à fermer la braguette. J’ai une furieuse envie de me branler, mais mes mains immobilisées ne peuvent m’aider. Je n’ose pas lui demander de le faire à ma place. J’ai peur de l’offusquer. Elle doit pourtant bien se rendre compte que j’en ai besoin.
Elle finit par boucler ma ceinture, me noue une blouse de malade autour du cou, qui enveloppe les bras et le thorax et m’emmène en balade visiter le service, la cour de l’hôpital, le hall d’entrée et nous jetons même un coup d’il dans la rue. J’avais oublié cette animation. Le bruit, l’agitation m’étourdissent. J’ai la tête qui tourne un peu. Je demande à revenir dans ma chambre. Je ne bande plus. La tension est moins forte. On m’amène le déjeuner toujours aussi insipide.
L’après-midi se traîne, devant la télé. J’essaie d’imaginer un système qui me permettra de lire, en rentrant à la maison, car je ne peux pas encore tourner des pages. Ma mère vient me faire une courte visite, tard dans la soirée. Elle se libérera demain pour venir me chercher et m’installer dans notre appartement. On me fait avaler le repas du soir
Je somnole en pensant à ma douche matinale, et hop, ma queue se redresse sous le drap.
Entre dans ma chambre, Amélie, une jeune aide-soignante qui prend son poste de nuit et qui est venue l’autre soir me raconter sa Guadeloupe natale. Elle est jolie, plus que bronzée et elle se parfume on ne peut plus agréablement. Je meurs d’envie de la toucher. Elle regarde avec un drôle de sourire le drap qui est légèrement soulevé au niveau de mon ventre, ce que ne je peux masquer.
— On a parlé de toi avec mes collègues de jour. Elles m’ont dit que tu avais bien aimé ta douche.
Elle se met à rire. Je rougis.
Elle me propose de me mettre l’urinal. Je refuse. Elle insiste, soulève mon drap et se rend compte qu’avec ma verge dressée sur mon ventre, il me sera difficile de pisser. Elle repose le drap en riant.
— Je vais faire mon tour avec l’infirmière et je vais revenir bavarder avec toi tout à l’heure. Ça me changera des vieux qui occupent les autres chambres. L’infirmière ne viendra pas te voir, car elle a pas mal de boulot pour cette nuit. C’est moi qui vais te surveiller. Ne t’endors pas surtout.
Son regard descend de mes yeux, vers mes pieds, s’arrêtant un court instant à mi-chemin. Et elle quitte la chambre.
Je meurs d’impatience en attendant son retour. Je vois la télé sans la regarder. Je ferme les yeux. Je sens qu’il peut se passer quelque chose ce soir. Une espèce de « cadeau de départ ».
Je bande comme jamais. J’ai l’impression que ma queue est deux fois plus grosse qu’habituellement, même quand je me l’astiquais sur quelques images lubriques du Net, en attendant le retour de ma mère, qui m’aurait sans doute verrouillé l’ordinateur familial, si elle me voyait. Du moins, je le craignais.
23 h. Je commence à somnoler, la jolie Amélie entre dans ma chambre. Elle éteint ma lumière, ne laissant que la veilleuse qui est allumée en bas d’un mur et me sourit. Elle s’assied sur le bord de mon lit. Elle me parle à mi-voix.
— Alors, ma collègue du matin m’a dit que tu étais très excité tout à l’heure et que tu avais sans doute besoin d’une aide-soignante pour t’aider, car avec tes bras coincés, tu ne pouvais rien faire tout seul.
— Hmmm.. En fait je n’ose rien répondre.
Amélie ouvre alors un bouton supplémentaire de sa blouse ce qui me donne, malgré la pénombre, une vue sur sa peau sombre qui contraste avec le blanc de sa blouse et de la dentelle de son soutien-gorge.
Elle abaisse mon drap en dégageant juste le thorax. Elle commence à me caresser, me frôlant. Je sens la chaleur de sa main. Elle effleure du bout des doigts un mamelon, et tourne autour. Elle fait la même chose sur l’autre. Puis elle les pince légèrement et les caresse à nouveau.
— C’est pas mal, hein ? Me demande-t’elle.
Je réponds en manifestant mon bien-être par un regard sûrement idiot et un soupir profond comme l’océan Pacifique.
Puis sa main descend sous le drap. Il n’y a pas loin à aller pour trouver l’extrémité du gland de ma verge, qui se tend au niveau du nombril. Elle pousse un petit « Oh ! » d’une surprise bien-sûr feinte. Un doigt effleure l’objet de mes seules pensées animales du moment. Il descend lentement le long du filet puis sur toute la longueur de ma bite. C’est long, si lent, interminable et si fantastiquement bon que je sens mon ventre se contracter, mon cur s’accélérer et que ce simple attouchement si léger, va me déclencher un orgasme violent.
Amélie s’en rend compte aussi, elle retire sa main et réfléchit quelque peu.
— Je sens que mes soins attentifs seront très rapides même en allant doucement, tellement tu sembles tendu. Je vais te soulager tout de suite et, comme tu es jeune, je reviendrai dans une demi-heure, on pourra prendre alors un peu plus de temps.
Elle replonge alors sa main sous le drap qu’elle relève avec l’autre main. Elle se saisit de ma queue. 4 ou 5 va-et-vient le long de celle-ci et j’inonde mon ventre, mon thorax de jets puissants et abondants du sperme trop longtemps contenu avec un soulagement agréablement trop court. C’est bon, brutal mais rapide. Elle me caresse doucement, glissant sur ma bite sa main gluante de mon sperme juvénile. La tension diminue et ma respiration ralentit. Le bien-être est omniprésent. Puis elle va chercher dans le cabinet de toilette quelques serviettes en papier et une éponge pour « faire le ménage ». Elle me nettoie, sèche, me propose de me reposer un peu et de revenir un peu plus tard pour recommencer plus longuement, si je suis encore capable.
Je la remercie et approuve son programme. Elle pose un baiser léger sur mon front et quitte la chambre en silence, en reboutonnant sa blouse.
Je savoure cette première masturbation par une main qui n’est pas la mienne. C’est une expérience que j’aimerais renouveler en attendant d’autres délices. Je maudis la rapidité de ma jouissance, espérant le retour de la belle Amélie qui saura me faire prendre mon temps. Je ne tarde pas à m’endormir.
Je rêve. Je suis nu, la queue dressée telle un satyre aux cornes pointues et aux sabots fourchus ? Je suis entouré d’un bataillon de jeunes filles en blouses blanches largement ouvertes sur leur corps dénudés. Elles me frôlent du tissu de leurs blouses, de leurs mains, de leurs chevelures dénouées. Je suis incapable d’en attraper une malgré mes efforts. Je voudrais les toucher, les caresser, les serrer toutes autour de mon corps. Je veux pétrir leurs seins, caresser leurs fesses, m’introduire dans leur sexe rasé. Malgré l’épaisseur, la longueur et la dureté de ma queue de satyre, je ne peux y arriver. Je m’agite en vain.
Puis soudain, je suis allongé sur un radeau, ondulant sur les vagues. Une sirène aux cheveux noirs, aux seins fermes s’accroche à ma frêle embarcation. Cachée par l’eau, je ne vois pas sa queue de poisson recouverte d’écailles, mais je sais que c’est une sirène. Le soleil me chauffe la peau. Je sens les mains de la sirène se promener sur mon ventre, descendre prendre ma verge dans sa main humide, mais chaude, la caresser, faire glisser sa peau en de doux va-et-vient. Elle se soulève pour la prendre en bouche. C’est magique, chaud, indéfinissable.
J’ouvre un il. La jolie Amélie est revenue s’asseoir sur mon lit. Elle a posé une main sur mon sexe et le caresse du bout des doigts. Voyant que j’émerge de mon sommeil, elle me sourit et chuchote.
— Je n’ai rien eu à faire. Quand je suis rentrée dans ta chambre, il y a quelques minutes, tu poussais des soupirs en dormant et tu étais déjà tout dur.
— Ah oui, je faisais un rêve assez érotique. Une sirène voulait monter sur mon radeau et prenait ma verge dans sa bouche.
— Je comprends mieux ton état. Je ferais bien la même chose que ta sirène, mais nous avons une règle que nous avons adoptée entre aides soignantes.
— C’est-à-dire ?
— Nous avons constaté que dans ce service beaucoup d’opérés n’étaient pas des grands malades. Ils sont soit des gens fracturés comme toi, mais au départ bien portants, soit d’autres qui se font juste remplacer une articulation ou redresser un os. Très vite après leur opération, ils se sentent bien, si ce n’est qu’ils ont un bras, (ou deux comme toi), une jambe qui les bloque ici quelques jours. Très vite les nuits sont longues pour eux et ils sont souvent assez excités, au point de chercher à nous toucher, à nous peloter. Comme on fait souvent leur toilette, qu’ils sont quasiment nus, on s’aperçoit bien quand les gars ont des envies et ce ne sont pas seulement les jeunes, crois-moi.
— Alors ?
— Plutôt que de les laisser sur leur faim, et risquer de se faire agresser par eux, parfois de façon désagréable pour nous, on saisit la première occasion, dès que l’un est repéré plutôt excité, pour, la nuit de préférence, venir les masturber, ce qui les calme et de cette façon ils sont tout gentils et nous disent merci.
— Masturber, c’est quoi.
— Oh là, d’où tu sors. Se masturber, c’est se branler. Tu t’es déjà branlé à ton âge ?
— Oh oui. Souvent.
— Donc, tout à l’heure, je t’ai masturbé et je vais recommencer, parce que ça a été trop court pour toi et que tu es mignon. Mais tu vois, notre règle est de ne jamais se laisser toucher, et de n’utiliser que les mains. Désolé, pas la bouche, même si avec toi et ta queue toute fraîche et jeune, ça me plairait sûrement. Mais, le boulot, c’est le boulot.
— Mais si un type veut aller plus loin, comment faites vous ?
— Eh bien on appelle aussitôt une collègue s’il faut se défendre et on lui dit que sur ce plan, il ne profitera plus de nos soins. Ça le calme et il est finalement tout heureux de profiter de cette branlette gratuite.
— Et tout le monde sait que vous faites cela ?
— Non, juste les infirmières qui parfois le font à notre place s’il y a de la surcharge. Tu sais, il n’y a rien de glauque dans cela. On pense que ça fait partie des soins, que ça améliore l’état physique et moral du patient. Ils supportent mieux la contrainte de rester 24h sur 24 à l’hôpital. Je pense que les Médecins ou le Directeur de l’Hôpital sont un peu au courant, mais personne ne dit rien, car ils savent qu’un jour, ils risquent de se casser une patte et seront bien heureux de profiter de nos soins particuliers.
Cette conversation n’a pas fait retomber mon ardeur, d’autant que tout en parlant, Amélie continue à faire aller ses doigts comme un métronome sur ma bite. Puis dans le silence qui suit, on entend sa respiration, tranquille, la mienne qui peu à peu s’accélère et s’accompagne de petits râles de plaisir.
Amélie, qui était assise en oblique, face à moi et qui me caressait de sa main droite, se remet debout, sans me lâcher. Sa main droite glisse vers mes couilles qu’elle caresse avec douceur, tandis que sa main gauche se saisit de ma verge et continue la lente masturbation. Je viens d’appendre le mot, que je n’oublierai plus ! Elle se penche en avant, je sens sur ma queue son souffle chaud. Va-t-elle faire une exception et me prendre dans sa bouche ? Non, malheureusement, mais elle m’offre une autre sensation. Elle caresse mon gland avec ses cheveux qui, par sa position, descendent à mon contact. C’est très doux. Je me sens au bord de l’extase. Elle accélère le mouvement de sa main gauche, pétrit mes couilles un peu plus fort, sachant ne pas me faire mal, me souffle :
— Deuxième round. Allez, jouis pour Amélie, lâche toi. C’est que du bonheur.
Elle relève la tête à temps, pour que je ne poisse pas ses cheveux, ni son visage. J’envoie un premier jet presque aussi puissant que tout à l’heure, qui retombe sur mon ventre et Amélie, experte dirige les autres décharges sur moi, en continuant à me branler avec une douceur, une lenteur que j’apprécie. Elle prend un peu de sperme sur ses doigts, et continue à me frotter la bite. Ça glisse bien, ça devient de plus en plus lent, puis elle s’arrête.
Je suis vidé et comblé !
Nous restons là quelques minutes sans bouger. Je savoure. Je la sens, du moins je l’espère, heureuse du plaisir qu’elle m’a procuré. Puis, retour dans le cabinet de toilette dont elle revient avec ce qu’il faut pour faire disparaître les traces collantes de ses exploits.
Un léger baiser sur les lèvres, entorse probable au règlement, que j’apprécie. Elle me quitte. Va-t-elle soulager quelqu’un d’autre dans une autre chambre ? Je n’ai pas osé lui demander. Après tout, je n’ai pas à être jaloux, même si je le suis un peu au fond de moi.
Le sommeil vient vite. Comme tous les matins vers 6h30, l’équipe de nuit vient me dire au revoir, note mon pouls, ma température prise dans l’oreille, retape mes oreillers et me fait une mini-piqûre dans la peau du ventre. L’infirmière me souhaite un bon retour, puisque je les quitte aujourd’hui. Amélie qui l’accompagne ne me dit rien. Je recherche en vain son regard. Mais en quittant ma chambre, fermant la porte, elle se retourne, me fait un clin d’il complice et m’envoie à distance un baiser silencieux en plissant ses lèvres. C’est sa manière de me dire adieu. Je suis heureux de quitter l’hôpital, mais triste de ne sans doute plus jamais revoir la belle Amélie..