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Les Vacances d'un futur ancien puceau – Chapitre 2




     Une légère mélodie chanta à mes oreilles. Une mélodie douce et répétitive, le genre que l’on pouvait écouter tout en faisant des exercices de relaxation. Je me réveillai alors et, en tendant la main, éteignis mon téléphone portable, posé sur la petite table de chevet située à ma gauche. Cela pouvait paraître étrange de programmer une telle mélodie pour un réveil, mais je ne supportais pas les réveils brutaux. Rien de plus désagréable que, lorsque notre esprit se perd dans un paradis onirique, le son puissant d’un tel appareil. Sans oublier que, bien sûr, se réveiller en sursaut de la sorte n’est pas bon pour la santé.

Je me levai tranquillement et me dirigeai vers la fenêtre de ma chambre. J’ouvris les rideaux ; les rayons du soleil pénétrèrent dans la pièce. Je dus légèrement plisser les yeux à cause de la forte luminosité soudaine, mais mes yeux s’y accommodèrent rapidement. Il ne me fallut qu’un léger coup d’il pour deviner que les températures extérieures étaient étouffantes. Encore légèrement engourdi par mon récent réveil, je me dirigeai vers la salle de bain afin de prendre une bonne douche matinale. L’eau était chaude et agréable. Rien de tel pour sortir de sa torpeur matinale qu’une chute d’eau artificielle réglée à la bonne température. Lorsque je fus parfaitement propre, je sortis de la douche à l’italienne et m’habillai. Mes vêtements n’étant généralement pas ma principale source d’attention, je me contentai d’un tee-shirt blanc à manches courtes, ainsi qu’un short en jean ordinaire. Je finis alors de me préparer et décidai de regarder rapidement la télévision en attendant que mes parents eussent achevé leur toilette. Pas de chance, seulement très peu de chaînes francophones. Les seules que je pus observer furent des chaînes d’informations, mais très peu pour moi. Je m’occupai alors pendant cinq minutes avant que l’on frappât à ma porte ; je sortis de la chambre sans oublier ma carte magnétique que je rangeai dans ma poche droite.

     Suite à un petit-déjeuner des plus délicieux composé de viennoiseries, de fruits en morceaux plongés dans du fromage blanc ainsi qu’une tasse de thé aux fruits rouges, mes parents et moi fîmes un petit tour de l’hôtel. Comme nous avions pu l’observer la veille, le tout n’était pas bien grand ; nous fîmes rapidement le tour de ce qu’il y avait à voir. Nous avions commencé par longer les terrains de basket-ball, de football et de volley-ball. De ces trois terrains, seul celui de volley-ball était correct. Les deux autres, quant à eux, ne disposaient que d’un panier ou d’une cage. Plus loin, nous repérâmes les terrains de pétanque. Seulement, elles étaient placées en plein soleil. Ceux qui ont déjà connu la joie incommensurable de pratiquer ce sport sous un soleil de plomb comprendront pourquoi, de toutes nos vacances, nous n’y avions pas fait un tour. Enfin, pour achever notre petite visite, nous passâmes devant deux tables de tennis de table. Petit bémol : la première était scindée en deux ; la seconde était incurvée.

— Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression d’avoir pris ma raquette pour rien, ruminai-je en observant l’état lamentable des tables.

Finalement, après une petite marche matinale, nous décidâmes de passer le temps dans la piscine de l’hôtel. Au vu du nombre de vacanciers séjournant dans l’hôtel, nous crûmes que nous ne trouverions aucune chaise-longue où déposer nos serviettes. Seulement, la plage voisine attirait tellement de vacanciers que ce ne fut pas réellement un problème. Nous passâmes donc une heure dans une eau fraîche, rien de tel sous une telle chaleur.

     Après avoir mangé, je retournai dans ma chambre afin de digérer. J’avais également repéré une activité volley-ball à quatorze heure, et il était actuellement une heure et demi. Autrement dit, dans une demi-heure, je prendrai part à ma première activité dans cet hôtel de vacances. Je passai cette demi-heure à lire mon livre « La Faucheuse », puis j’enfilai une tenue de sport ainsi que des chaussures adéquates hors de question de jouer au volley-ball en claquettes. Je rejoignis le terrain seul, mes parents comptaient se balader en ville. Lorsque j’arrivai, une petite dizaine de personnes était présente, plus particulièrement des vacanciers âgés entre vingt et trente ans.

— Tu viens jouer ?

L’animateur, qui discutait avec les vacanciers, s’avança vers moi, une feuille et un support en plastique dans les mains. Il portait, comme tous les autres animateurs du club, un tee-shirt rouge et un short bleu. Sur son tee-shirt, un badge, avec le nom « Kévin » inscrit en lettres majuscules, m’indiqua son prénom. Pour décrire l’animateur, un seul mot suffisait : géant. Il mesurait facilement deux mètres, ce qui me forçait à lever la tête pour le regarder dans les yeux.

— Ouaip, répondis-je. Moi, c’est Melvin.

Il attrapa alors un stylo noir, qu’il gardait entre son oreille et son crâne, et inscrivit mon nom sur sa feuille de papier.

— Ça roule ma poule, répondit-il en souriant. Je te laisse attendre avec les autres pendant encore cinq minutes, au cas où il y aurait quelques retardataires.

— Pas de soucis. D’ailleurs, ajoutai-je, je ne suis pas si intimidant. Alors pas besoin de baisser les yeux en me parlant, plaisantai-je.

Il sourit en reposant son stylo au sommet de son oreille.

— On me l’avait jamais faite, celle-là, conclut-il en se dirigeant vers deux vacanciers qui, semblait-il, souhaitaient rejoindre la partie.

     La fin de la journée arriva bien vite. Après la partie de volley-ball, que mon équipe et moi eûmes perdue, je me dirigeai derechef vers ma chambre afin de remettre des vêtements plus décontractés. Notamment mes claquettes. Sentir l’air se glisser sous ses orteils me fit du bien, surtout lorsque lesdits orteils s’étaient retrouvés enfermés pendant une heure, et ce sous une sacrée chaleur. Puis, direction piscine. Encore une fois. Le sport, c’était bien, mais il n’y a rien de plus fatiguant lorsqu’il fait si chaud.

     Ma famille et moi nous retrouvâmes, aux environs de sept heure du soir, autour d’une table du bar extérieur. Chacun avait son verre dans ses mains. Cette fois-ci, j’avais opté pour une Piña colada. L’alcool n’était pas fort, mais nous appréciâmes tout de même nos boissons. Nous discutâmes alors de notre première journée ici. Pendant la discussion, tandis que mon père se plaignait de la chaleur brûlante des assiettes du restaurant, je détournai le regard une petite seconde. La piscine, totalement vide c’était plutôt rare était d’un calme parfait. Seules quelques ondulations troublaient cette sérénité quasi-parfaite, et regarder cette eau calme m’apaisa légèrement. Paradoxalement, cette même eau serait plus sauvage si un quelconque humain venait à s’y baigner, ce qui est en totale contradiction avec le terme « sauvage ».

— Et puis, les frites ne m’inspiraient pas confiance. Elles étaient presque blanches, comme si elles manquaient de cuisson.

J’entendais la conversation de mes parents, mais je ne m’y mêlais pas. Tandis que je regardais l’eau de la piscine déborder légèrement du bord du bassin, mes yeux basculèrent sur la silhouette d’une jeune femme aux longs cheveux châtains. Elle semblait, à vue d’il, avoir le même âge que moi. Un petit garçon, environ âgé de cinq ans, marchait à côté d’elle. Il portait des lunettes rondes, et ses cheveux, coupés court, étaient blonds. Il marchait dangereusement près du bord de la piscine et s’amusait à plonger son pied dans l’eau, malgré la présence de ses tongs.

— Ne bouge pas, je vais chercher à boire, lui dit-elle.

J’ignorais pourquoi elle ne lui avait pas demandé de la suivre, mais je supposai que cela était dû à la longueur de la queue, au bar, et au fait que le jeune garçon s’amuserait plus au bord de l’eau qu’à ne rien faire. La jeune femme avait presque achevé de faire la queue lorsque, en jouant à tremper son pied, la tong du petit garçon tomba inévitablement dans l’eau. Il se pencha alors en avant pour la rattraper, mais il chuta et tomba dans l’eau. Les quelques personnes l’ayant vu, moi y compris, rirent légèrement en assistant à la scène. La jeune femme, deux verres à la main, revint sur ses pas et fut surprise de ne plus le voir.

— Dimitri ? l’appela-t-elle en pensant à une plaisanterie.

Elle commença alors à tourner sur elle-même en espérant l’apercevoir, en vain. Ce fut lorsqu’un vacancier lui dit « il a fait plouf » que la jeune femme le vit. Je me devais d’avouer que la situation ne manquait pas de comique, alors je lâchai un petit rire en sirotant mon cocktail. Ce sourire disparut lorsque je vis le visage paniqué de la jeune femme. Je remarquai alors que, depuis une vingtaine de secondes, le petit garçon n’était toujours pas remonté. Il ne savait pas nager, compris-je. Je ne m’inquiétai pourtant pas : la jeune femme allait probablement aller le chercher. Au lieu de cela, elle posa les verres au sol et s’accroupit au bord de l’eau. Elle tendit alors son bras dans l’eau dans l’espoir d’attraper une main, mais c’était peine perdu : dans cette zone, le bassin descendait à plus de deux mètres. Deux mètres vingt, pour être exact. Ce fut en la voyant faire ce geste improbable que je compris la précarité de la situation.

— Elle ne sait pas nager non plus, me dis-je à moi-même.

Mes parents ne comprirent pas cette phrase, et ils comprirent encore moins lorsqu’ils me virent me lever pour plonger dans l’eau. Je remontai cinq secondes plus tard, le petit garçon, évanoui, dans les bras. Je sortis précautionneusement du bassin avec l’aide de la jeune femme et déposai le jeune garçon au sol. À cause de la peur et de la panique, il avait dut tenter de crier, mais dans l’eau, c’était inutile. Tout ce qu’il avait fait, c’était de se vider les poumons, ce qui l’avait d’ailleurs empêché de remonter naturellement à la surface. C’était à se demander pourquoi les hommes avaient cette réaction si stupide. Pourquoi paniquer ? Cela n’apporte rien de bon, la preuve dans cette situation. J’entamai alors un grossier massage cardiaque, mais cela suffit pour qu’un jet d’eau sortit de sa bouche. Il se mit alors à tousser avant de se mettre à pleurer. La jeune femme le prit dans ses bras, faisant fi que ses vêtements fussent trempés par les cheveux du jeune garçon.

— Merci, me dit-elle alors en me regardant dans les yeux.

Je détournai les yeux, gêné, et pus remarquer que, comme moi, les autres vacanciers avaient perdu leurs sourires. Après tout, un enfant s’était retrouvé en danger, et ils n’avaient rien vu venir.

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