Lorsque Éléonore se réveilla, elle frissonna légèrement. Malgré le soleil haut dans le ciel la petite caverne restait froide et humide, en plus du fait qu’elle ne portait pas de vêtements. Elle se frotta les yeux, regardant autour d’elle. Il lui fallut quelques secondes avant de se souvenir de toute la journée de la veille. Makoun n’était pas là. Elle posa sa main sur son ventre qui lui faisait mal en faisant une petite grimace. Elle se releva, cherchant du regard de quoi s’habiller. Elle ne trouva rien donc décida de sortir de la grotte trop fraîche pour elle.
Une fois à l’extérieur le soleil lui réchauffa instantanément la peau et le corps, elle se détendit. Elle sourit légèrement en repensant à la soirée de la veille, mais elle avait toujours mal au ventre.
Le vent secouait gentiment les hautes frondes des arbres dont elle ne connaissait pas l’espèce.
"Ça ressemble à un décor de livre" Se dit-elle. Elle haussa les épaules et fit quelques pas, faisant se craqueler les feuilles mortes sous ses pieds.
Elle se passa une main dans les cheveux. "Toujours pas emmêlés. Bizarre." " Bah je n’aurais pas à les brosser." Elle continua de quelques pas. Puis elle vit une ombre parmi les buissons sur sa droite et entendit des branches craquer.
— Il y a quelqu’un ? Demanda-t-elle ? Elle vit Makoun sortir des fougères. Ah c’est toi. Tu m’as fait peur.
— Rentre. Quelqu’un arrive. Dit-il, de son mauvais français. Il mit sa main sur le dos de la jeune femme et la fit entrer dans la grotte.
— Comment ça ? Demanda-t-elle.
— Sans doute un de ces maudits elfes qui vient rôder par là.
— Des elfes ? Qu’est-ce qu’il viendrait faire ici ?
— Ils chassent, avec leurs chiens.
— Et ils te chassent ?
— Non ils ne chassent pas les korrigans. Enfin, plus, avant on habitait en tribus dans des petits villages cachés dans la forêt. Puis ils les ont attaqués et ont pris la plupart des nôtres pour les réduire en esclavage. Depuis on vit éparpillés et on se retrouve que pour les sabbats et les esbats, le moment où on célèbre la pleine lune.
— Ils n’ont jamais essayé d’être pacifiques ?
— Si, au début on faisait du commerce avec eux. Puis il y a eu cette guerre avec les Géants, que les elfes ont perdue. Un Géant a pris le pouvoir de leur capitale et gère toutes les affaires du royaume elfiques. Et ils ont commencé à construire partout plein de trucs et ils ont eu besoin de main-duvre.
— Et les elfes étaient d’accord de vous exterminer ?
— Pour eux on est inférieurs, ils commerçaient avec nous mais plus par pitié qu’autre chose. Quand on allait dans leurs villes on était agressés. Donc non, ça ne les gêne pas.
— Et bah dis donc.
— Il paraît qu’ils vont raser la grande forêt pour en faire une ville.
— La grande forêt ?
— Celle dans laquelle on est.
— Merde.
— Comme tu dis.
— Et on peut rien faire ?
— Le roi gouverne seul il faudrait pouvoir l’approcher et, soit l’assassiner, soit le convaincre d’arrêter.
— Vous ne leur avez jamais déclaré la guerre ?
— On ne sait pas se battre et ils nous écraseraient. On est trop peu nombreux.
— Ils sont croyants ?
— Euh oui pourquoi ?
— Tu sais à quoi ressemblent leurs dieux, ou déesses ?
— Je sais à quoi ressemble leur Déesse de l’amour, Dieu de la guerre, Déesse des conseils, Dieu des tempêtes et Dieu des cours d’eau c’est tout.
— Tu crois que je peux me faire passer pour l’un d’eux ?
— Je n’ai pas les vêtements pour ça.
— Leur déesse de l’amour elle est nue ou non ?
— Oui. Pourquoi ?
— Laisse-moi faire.
— Non ! N’y va pas.
— Il ne va rien m’arriver. Ne t’inquiète pas. Elle l’embrassa sur le front, se leva et sortit de la grotte puis se dirigea vers les bruits dans les branches.
Après quelques secondes de marche elle les vit à travers les branches, grands, les cheveux mi-longs, tous. Certains avaient les cheveux blonds, d’autres les cheveux roux. Son regard se reporta sur un elfe aux cheveux noir de jais. Elle resta immobile, puis se ressaisit. Elle écarta les branches et se dirigea vers eux.
L’un d’eux l’entendit et se retourna.
— Euh, Mademoiselle, vous êtes entièrement nue.
— C’est là mon seul habillage répondit-elle les yeux plantés dans ceux, verts, de son interlocuteur.
— C’est quoi ces oreilles toutes plates ? Demanda un blond.
— C’est rond, Leet. Dit le grand aux cheveux noirs. Il avait une voix claire et cristalline, à couper le souffle.
Elle lui jeta un regard. Elle fut coupée par son visage. Les yeux bleu ciel, inquisiteurs, réfléchis et en amande encadraient un nez droit et parfaitement proportionné, situé au-dessus d’une bouche aux lèvres fines. Il avait un visage froid et dur, mais magnifique.
Éléonore faillit perdre son rôle mais récupéra ses esprits au dernier moment.
— Je suis la créatrice de la beauté et de l’amour, je ne vous suis pas inconnu il me semble. Dit-elle, en fixant l’elfe aux cheveux noirs dans les yeux. Son regard se mit à briller d’une étincelle de malice.
— La déesse de la beauté maintenant. HA. À dautres. Dit un elfe aux cheveux gris-argent.
— Ne te moque pas de la déesse ainsi !! Dit l’elfe aux cheveux noirs.
— Mais… Kaalvath. C’est du pipeau.
— Bien sûr que c’est faux, mais elle a sans doute une bonne raison de vouloir le faire croire non ?
— Emmener moi à votre capitale je dois voir le roi.
— C’est une requête très compliquée tu sais ? Dit-il.
— Je me doute que pratiquant la chasse à court, elle désigna les chiens du menton, vous n’êtes pas bas dans la hiérarchie.
— Il est vrai, je suis archiduc et pour une audience avec le roi il va falloir vous habiller, préparer le rendez-vous. Je vous propose de venir chez moi en attendant.
— Cela me convient, mais malheureusement je suis fatiguée de mon long périple à pied, pourrais-je vous emprunter une monture ?
— Bien entendu. Mais nous sommes venus avec un char et il ne peut aller dans la forêt. Je vous saurai donc gré de bien vouloir marcher jusque-là bas.
— Passez devant.
Ils marchèrent vers l’ouest, au bout de plusieurs minutes de marche elle vit le grand char tiré par des chevaux faisant trois fois la taille des chevaux de son monde et qui avait des marques bleues sur leurs pelages.
— De belle monture n’est-ce pas ?
— Oui en effet, je n’en ai pas de pareil chez moi. Le char était en bois sombre et verni, l’intérieur était tapissé de coussins rouges brodés d’or, une petite table en bois installé derrière le cocher soutenait une bouteille en cristal rempli d’un liquide rouge et de deux verres à pied, sur le char, à moitié allongé, deux femmes elfes, habillés de voiles parme transparents discutait en riant discrètement.
— Voici mon humble moyen de transport. N’habitant qu’à quelques heures je ne me suis pas pris la peine de sortir mon char d’apparat, vous me comprenez.
— Évidemment.
— À présent, si vous voulez bien vous donnez la peine. Dit-il en se mettant à côté de l’escalier dépliant qui était déployé et en mettant son bras pour l’inviter à monter. Ce qu’elle fit. Les femmes elfes étaient magnifiques elles aussi et Éléonore se sentit laide entre elles deux qui la regardaient avec dédain et arrogance.
— Apprenez-lui les coutumes du royaume les filles je vous la laisse je prendrais mon deuxième char.
Le regard des femmes changea et se transforma en regard gourmand qui passait le corps de la jeune femme au crible puis celle de gauche l’embrasse goulûment Éléonore ressentit une grande chaleur envahir tout son corps. Puis la deuxième la fit s’allonger et descendit progressivement vers ses cuisses en déposant délicatement sa langue sur la peau de la jeune femme.
Elle allait passer un bon voyage.