Livrés à nous même, on devait faire cinquante et quelques kilomètres. En pleine forme et sans nos sacs, on aurait pu les faire en une journée à bonne foulée mais là avec le poids des sacs et moi enceinte de cinq mois, on a mis plus de temps. Jétais quand même capable de bien bouger. La nuit, on se relayait mais Jacky ne dormait presque pas. Il tenait à être prêt au cas où il y aurait du grabuge et me laissait dormir plus. Sur les deux nuits quon a passé dehors, la première on la passé dans une voiture abandonnée et hors service. Ça sest plutôt bien passé. On sarrêtait de temps en temps durant la journée pour que Jacky récupère un peu. Pendant ce temps-là je surveillais. La deuxième nuit, on la passé dans un bus scolaire accidenté. De loin, on semblait distinguer des lumières dans la nuit quon pensait être celle de cette fameuse communauté.
Le soleil se levait et on a eu la mauvaise surprise de voir une dizaine de zombis autour du bus. Notre abri de fortune étant surélevé, aucun deux ne pouvait entrer. Jacky déverrouilla légèrement la porte et, à chaque fois que lun deux arrivait à portée de machette, il lui réglait son compte. Ils sont tous tombé un par un et on a pu sortir. Quand on est arrivé en haut dune bute, on a pu avoir une vue imprenable sur ce quon cherchait.
Cétait une place qui avait été construite autour dun supermarché. Autour de lui, il y avait bon nombre de boutique et de bâtiments qui entouraient le parking. De là où nous étions, on voyait nettement que des murs avaient été montés avec des barricades. Ces gens semblaient nombreux et organisés. On était heureux dy être car dans la cour centrale on pouvait voir des enfants plus ou moins jeunes qui couraient partout. Cependant notre joie fut de courte durée car nous navions pas vu quun groupe plus important de zombis nous suivait. Quand on sen est aperçu on a foncé vers ce qui ressemblait à une porte. Pendant que je courais, Jacky me suivait en se retournant parfois et en tirant sur nos poursuivants. Les coups de feu ont visiblement alerté ceux qui étaient sur les barricades car à un moment Jacky a fait une mauvaise chute et au moment où il allait se faire bouffer une pluie de projectiles sest abattus sur nos poursuivants. Une femme est venue, ma fait entrer pendant quun type genre biker est parti aider Jacky à se relever. Ils nous ont mené à labri et nous ont offert un repas chaud.
Après les salutations dusage, on leur a dit doù nous venions. Ensuite, ils ont voulu en savoir plus sur nous. Alors je leur ai raconté mon histoire. Par contre, je ne mattendais pas à la mauvaise surprise que me réservait Jacky quand ce fut son tour.
— Eh ben ten a vécu des choses difficiles ? Me demanda Jeff le chef de ce groupe, un quinquagénaire musclé et massif.
— Oui, ça na pas été facile.
— Bon Et toi tes un ancien taulard, non ? Si tu nous racontais ton histoire.
— Vous faites erreur. Jacky nétait pas taulard comme vous dites. Il a travaillé en prison nuance.
— Ça voit-tu jen suis pas si sûr. Moi aussi jai fait de la prison et jai suffisamment vu de taulard en cavale pour les reconnaître quand jen vois un. Je me trompe rarement.
— Mais non je vous dis. Va z y Jacky dis leur ce que tu mas dit.
Jacky avait la tête baissée comme résigné, comme un gosse qui vient de se faire choper après avoir fait une bêtise.
— Tu ne mas pas menti nest-ce pas ? Tu vas me dire quil se trompe ?
— Je . Jaurais préféré te le dire moi-même et autrement . Jai toujours eu peur que tu me quittes si tu savais qui jétais.
— Ce nest pas vrai ? Cest une mauvaise blague ? Espèce de salop, tu mas menti, tu mas séduite pour mieux coucher avec moi, hein ? Tu croyais me tenir en laisse après mavoir engrossé ?
Depuis toujours, je nai jamais supporté la tromperie. Jétais dans un tel état dénervement que Jeff demanda à Vanessa, sa femme qui semblait avoir mon âge, de me faire sortir pour que je me calme.
Petite remarque : Au cas où vous n’auriez pas fait le rapprochement, Notre héroïne venait darrivé dans cette communauté décrite dans le premier chapitre. Jeff le chef du même groupe et Vanessa était celle qui racontait son histoire, toujours dans ce même premier chapitre.
Jétais en larme dans le couloir, Celle qui maccompagnait essayait de me calmer mais avait du mal à en placer une. Cest là quelle a voulu me montrer quelque chose. Nous sommes arrivés dans une pièce qui, visiblement faisait office de crèche. Il y avait des enfants assez jeunes ce qui contribua à me calmer. Je me voyais à envisager mon avenir parmi eux avec mon bébé quand soudain jai entendu une voix qui ma semblé étrangement familière.
— Angel ? Est-ce que cest toi ?
— Audrey ? Ho bordel, Audrey, jai cru ne jamais te revoir. Lui ai-je dit en la serrant dans mes bras.
Je venais de retrouver la copine qui cétait fait enlever par des militaires alors que nous voulions nous enfuir du camp où nous étions entassé (voir chapitre précédent). On est resté longtemps à discuter. Sans aller dans les détails, elle ma effectivement raconté son calvaire, quelle avait servi de jouet sexuel pour celui qui lavait embarqué mais quà cause de son égoïsme, il ne la partageait pas. Elle raconta que chaque soir était une torture. Si elle refusait de se laisser faire, elle ne mangeait pas. Chaque jour elle devait subir les assauts sexuels de cet homme en échange de sa pitance.
Cette situation a conduit à des tensions, des bagarres et finalement une fusillade parmi les soldats de ce groupe. Sur les quatre soldats, il nen restait plus que deux : son tortionnaire et un blessé. Le blessé fini par mourir dhémorragie et ils ont dû sen aller. Cest alors quelle et son tortionnaire, qui la tenait en laisse comme un animal de compagnie, étaient sur la route quils ont trouvé Jeff et son groupe. Ils étaient en patrouille, à la recherche de survivants ou de matériel à récupérer. Jeff et son groupe lont libéré et elle a pu intégrer cette communauté mais le mal était déjà fait. Lors de son arrivé, elle sest fait examiner par le toubib et ce quelle craignait se vérifia : ce salopard lavait mis enceinte. Malgré tout, elle finit par se trouver un homme dans cette troupe qui laccepta, elle et lenfant quil considéra comme le sien. Cest là quun petit garçon denviron six mois arriva vers nous en rampant avec le sourire. La ressemblance avec le père était flagrante. Elle la pris sur ses genoux et on a continué à parler.
— OK .. ça na pas été tout rose donc.
— Et non mais dis-moi et toi ? Visiblement ça à lair daller ? Tu attends un heureux évènement, Cest Paul qui doit être content ?
— Paul et moi nous ne sommes plus ensemble. Jai rencontré quelquun et .. Je viens dapprendre que ce type était un criminel en fuite et je ne sais pas ce que je vais faire du coup.
Pendant nos retrouvailles durant lesquelles nous nous réconfortions lune lautre, Jacky était resté face à Jeff qui linterrogeait.
— Putin, mais vous étiez obligé de balancer ça ?
— Elle aurait bien fini par lapprendre, crois-moi. Tôt ou tard les femmes apprennent toujours la vérité. Bon si tu nous disais tout. Tas fait quoi pour te retrouver en zonzon ?
— Homicide, enfin plutôt crime passionnel.
— Dordinaire je taurais foutu dehors pour ça mais cest plutôt devenu une qualité par les temps qui courent. Va-z-y continus.
Jacky raconta être fils dagriculteur mais que contrairement au souhait de son père, il ne voulait pas reprendre la ferme familiale. Dès le berceau, il avait baigné dans cet univers et il nen pouvait plus. Cest pourquoi il sétait engagé dans larmée. Cest un jour alors quil était en permission et quil sortait avec sa copine quelle fut renversée par un chauffard. Le conducteur, quil connaissait depuis lenfance, sest arrêté et, pris de panique devant le corps de celle quil venait de renverser, il prit la fuite. Cest fou de rage quil décida de faire justice lui-même avec le vieux fusil de chasse de son père. Il fut envoyé en prison pour meurtre avec préméditation. Jeff voyant quil navait pas un mauvais fond au final, lui demanda de continuer.
Jacky fut incarcéré dans une cellule avec deux autres criminels. Même si il était costaud et quil savait se défendre, il a quand même subit le bizutage rituel en vigueur sur place : ramasser la savonnette (tout le monde sait ce que ça veut dire, pas la peine dexpliquer). Plus tard, il finit par se faire respecter. Dans sa cellule il y avait deux autres détenu auquel sest adjoint, plus tard, un quatrième. Il y avait « Le grand Tony », qui faisait office de chef de bande ou mâle dominant faisant subir le bizutage aux petits nouveaux suivant les cas, Karl celui avec qui il avait recueilli Angel et Paul et enfin Adrien, un jeune homme chétif qui a fini par devenir le mignon de Tony, de gré ou de force, il na jamais vraiment su.
Jacky a passé dix ans entre quatre murs. Un jour, au moment où les premiers cas de zombis sont apparus, la télé avait été coupée dans les cellules. Surement pour éviter une panique générale. Progressivement, dans la cour, beaucoup voyaient que certains matons et prisonniers manquaient à lappel sans savoir pourquoi. Ils apprirent plus tard quun prisonnier ayant servi desclave sexuel pour ses codétenus sétait pendu. Une fois à la morgue il se serait réveillé zombis et aurait commencé à mordre, attaquant gardiens, et personnel hospitalier. Par la suite dautres contaminés se serait déclarés, certains prisonniers serait morts par manque de soins appropriés et les bruits dune contamination se serait rependu comme une trainé de poudre.
Le directeur décida alors de livrer les repas dans les cellules et de ne plus faire sortir qui que ce soit afin de minimiser les risques de propagation. Malgré cela, une émeute a quand même fini par se déclencher durant laquelle un gardien a fini par libérer tous les détenus en déverrouillant toutes les cellules et passant le message suivant au micro : « Cest le chaos dehors, le monde est en ruine. Sauvez vos vies et bonne chance ». Ce gardien nétait pas pour la libération de ces criminels mais, vu le chaos extérieur, ça ne pouvait pas être pire et il préférait leur laisser tenter leur chance plutôt que de les laisser crever sur place.
Malheureusement ouvrir toutes les cellules dun coup a également fait libérer les zombis, anciens prisonniers et gardiens contaminés qui y avaient été confinés. Quand les deux groupes se sont croisés ce fut un massacre Durant lequel Adrien fut tué dans la panique. Une fois dehors, Karl, Tony et Jacky se sont caché dans une forêt plus loin. Son père ayant des tendances survivaliste, Jacky enseigna à ses compagnons certaines choses sur la survie quil avait acquise à son contact. Il leur apprit aussi que son père avait un sous-sol équipé qui pouvait servir dabri. Ils ont alors mis le cap sur cette ferme.
Chemin faisant, ils ont croisé un campement de fortune. Un père et sa fille de vingt ans qui se cachaient en forêt. Tony et Karl ont chopé le père lont attaché à un arbre. Tony demanda à ses acolytes de le surveiller et il partit sisoler avec la fille derrière un bosquet. Jacky leur tournait le dos et se doutant bien de ce que ce type devait faire subir à cette fille, il tenta de se boucher les oreilles. Ne voulant pas voir ni entendre ce quil se passait, il était mal à laise de voir le regard du père qui lui vivait ce quil se passait en direct. Quand il eut fini, Tony revint en se reculottant et le sourire aux lèvres, la jeune fille, elle, était silencieuse. Tony étant un criminel pur et dur et ne supportant plus ses cris, il avait fini par létouffer pour quelle se taise. Indirectement, cet acte a permis à cette fille de se venger car elle est revenue sous forme de zombis et a mordu son meurtrier. Karl tua le zombi et Jacky a alors achevé Tony, le voyant agoniser à cause dune hémorragie majeure, comme quoi il y a une justice.
Avant de partir avec Karl, Jacky, prétextant vouloir resserrer les liens du père en larme, lui glissa discrètement un petit couteau en espérant quil pourra se libérer. Au moment où il croisa son regard, il crut comprendre un « merci » étouffé par son bâillon. Jacky savait que ces compagnons nétaient pas des anges mais lui, tenait absolument à rester lui-même avec ses valeurs. Cest à contre cur quil avait consenti à faire équipe avec eux pour sen sortir.
Du groupe de quatre de départ, Ils nétaient plus que deux. Cest naturellement que Jacky prit lascendant sur Karl. Grace à ses connaissances, il impressionna son compagnon qui lécoutait avec attention. Cest plus tard, au bout dun long périple, quils arrivèrent à la ferme. Jacky constata avec effroi que ses parents avaient été zombifiés. Cest avec douleur quil leur donna le coup de grâce qui mit fin à leurs souffrances. Cest ensuite, connaissant lendroit où son père cachait les clés de la porte de son abri, quils sy sont installés.
Ce nest que plus tard, alors que jacky travaillait au potager, que Karl, parti en ville pour trouver des médicaments, est arrivé en catastrophe annonçant avoir causé un accident avec une autre voiture. Cest à ce moment-là que Jacky et Karl firent la connaissance de Paul et dAngel. Le reste de lhistoire rejoignait alors le récit dAngel.
— Bon ! Finalement tes un gentil bad boy alors ?
— Si on veut. Un bad boy qui a perdu la seule chose de bien qui lui était arrivé depuis des années à cause de vous.
— Ça va sarranger ten fait pas.
— Jen doute . Dites, vous navez pas un verre deau ? Il fait chaud ici. Demanda-t-il en retirant son pull pour se retrouver en T-shirt.
— Oui bien sûr, on peut .. Euh cest quoi cette cicatrice sur ton bras ?
— Quoi ? ça ? Ah oui, cétait lors de ma sortie de prison. Une de ses charognes a essayé de me becter le bras. Au moment où il a planté ses dents, Tony lui a défoncé le crâne. Il ma quand même arraché un bout de viande. Pourquoi vous me regardez comme ça ? on dirait que vous avez vu un martien.
— Tes pas au courant de ce quil se passe quand on se fait mordre ?
— Bah si. Si cest trop profond, ça cause une hémorragie et on meurt.
— Ok tu ne sais pas que la moindre morsure ou griffure, même minime, provoque une infection fulgurante qui entraine la mort ?
— Euh non, je ne savais pas. Maintenant que jy pense, jai bien eu de la fièvre durant deux jours après avoir été mordu mais je men suis sorti.
— Bon, on va te faire faire des prises de sang. Faut quon en soit sûr. Tas du bol on a récupéré plein de matériel médical et on a du monde qui sait comment lutiliser. Greg ! Préviens le Toubib, son équipe et lautre mec qui travaillait au CNRS quon a récupéré il y a deux mois. Faut quon sache sil est immunisé ou un truc du genre. Et tant quon y est ramenez la fille enceinte. Avec du bol, il la « vacciné » sans le savoir en couchant avec. Demanda-t-il à son équipe voyant chez Jacky, la trouvaille du siècle.
A ce moment-là, je ne savais rien de ce qui avait été dit quand Jacky sétait fait interroger. Jétais trop contente de retrouver ma copine. Vanessa qui était avec nous me révéla quelle aussi avait eu peur quand elle a appris que son mec avait fait quelques mauvais coups et quil avait fait de la prison. Mais le monde étant devenu ce quil était, toutes les valeurs étaient remises en question. Je me suis alors rendu compte que je métais peut-être emporté trop vite. Cest vrai quavec moi il na jamais été méchant ni violent. Au contraire même. Cest moi qui, la première, est venu dans son lit pour lui faire du bien. A y réfléchir, moi aussi javais été une criminelle. Jai quand même poignardé un homme pour le sauver. Au final son passé mimportait peu.
Cest là quon est venu me chercher pour memmener à linfirmerie. Je pensais que cétait pour un examen de routine mais jai eu la surprise de voir que Jacky y était déjà et quon lui faisait des prises de sang. A moi aussi on men a fait mais je pensais que cétait lié à mon état, pour voir si ça allait bien.
Après ça, on nous a laissé seuls. Il fallait quon sexplique. Il ma raconté son histoire comme à Jeff et sa bande et on est reparti à zéro. Il ma aussi parlé de cette possibilité dimmunité et quil me laurait peut-être transmise. Ayant toujours été une quiche en science, jai à peine compris ce quil disait.
Etant un couple, on nous a accordé une pièce à nous pour avoir un peu dintimité. On est resté assez froid au début jusquà ce quun jour en voulant retenter de recoller les morceaux, on nous a surpris en pleine action. Lui allongé sur le sol et moi assise sur lui à donner ce que je pouvais. Même sans se faire surprendre, il était difficile de ne pas nous entendre. La porte nétant pas insonorisée, tout le monde fut au courant de ce que nous avions fait. On a pu recommencer à se faire des mamours et . Bon sang ce que ça fait du bien !
Plus tard, on a appris quen examinant notre sang, ils ont trouvé un genre de Protéine machin chose qui bloquait un virus ou je ne sais pas quoi. Jacky ma expliqué que daprès ce quils avaient appris de lépidémie grâce au jeune laborantin du CNRS qui avait bossé avec un chercheur en charge détudier cette maladie, le virus zombie est présent partout mais nest pas assez fort pour prendre le dessus dans un corps vivant. Quand la personne meurt, les globules blancs nagissant plus, cest là que le virus prend le dessus et se multiplie à vitesse grand V. Une fois quil est présent partout et en très forte concentration, il réanime une partie du système nerveux de la victime qui se réveille dépourvue de ce qui faisait sa personnalité et animée dun seul besoin primaire qui pourtant ne lui sert à rien : Manger.
On nous a aussi expliqué que si un vivant se transforme après avoir été mordu, cest à cause de lafflux massif de virus dans la morsure submergeant ainsi le système immunitaire et provoquant ensuite une forte fièvre entrainant ainsi la mort sous plusieurs heures voir quelques jours.
Tout ça, ils lont su grâce à ce que le laborantin avait appris et grâce aux constatations par microscope réalisées sur des personnes du camp sétant fait mordre et qui acceptèrent de devenir cobayes, espérant que ça servent à quelques chose. Ce quils ont trouvé dans le sang de Jacky et dans le mien en moindre quantité, cétait une protéine qui mangerait le virus et se multiplierait. Ainsi, à terme et ayant mangé tout le virus présent dans le sang de la personne, même si elle meurt, elle ne se relèvera pas en zombi. Bien sûr cette particularité nempêche personne de se faire bouffer. Quand une personne vaccinée se fait mordre, elle reçoit une forte quantité de virus, a de la fièvre mais la protéine prend rapidement le dessus, en théorie du moins.
Au cours des mois qui ont suivi, Jacky a passé beaucoup de temps à linfirmerie. Ils lui ont fait des prises de sang régulières pour avoir suffisamment de protéine et faire des essais. Apparemment, la protéine a besoin dun corps vivant pour agir. Un jour ils ont ramené un zombi et lui ont fait une injection qui ne lui a rien fait. Normal en même temps, le cur ne bat plus et le sang ne circule plus.
A cause de tous ces examens, Jacky se disait constamment fatigué. Résultat, au lit, cétait parfois moi qui faisais le boulot. Ce qui nétait pas pour lui déplaire. Avec sa formation dinfirmier militaire, Jacky trouva sa place à linfirmerie. Moi, jaidais à la crèche. Avec Jacky on était impatient car jétais sur mon dernier mois de grossesse. Au lit, à par sucer mon homme, on ne faisait plus grand-chose.
Un jour alors que jétais en train de jouer avec des enfants, le travail a commencé. Quand je leur ai expliqué, les enfants mont gentiment aidé à aller à linfirmerie où jai donné naissance à une petite fille qui sest révélé immunisée elle aussi. Les médecins ont profité du placenta pour comprendre que ce nétait pas Jacky qui mavait vacciné mais la petite par échange de fluides intra-utérins.
Quand il fut prouvé que la transmission pouvait se faire par fécondation et voie sanguine, le jeune guillaume, un ancien garçon coiffeur, ouvertement gay, passif et efféminé, reconverti aide mécano et petit ami du chef mécanicien du groupe sest déclaré, pour rigoler, être volontaire pour essayer linoculation par voie anale. Son mec lui mit de suite un taquet en déclarant : « Tes pas fou non ? Ta rondelle est à moi et rien quà moi. Je suis le seul à avoir le droit dy rentrer. Cest clair ? ». Cette scène en a fait rire plus dun. Toutefois Jacky et moi on était daccord. Après sêtre fâché, on sétait retrouvé et il était hors de question que lun ou lautre couche avec une autre personne pour des essais médicaux. Heureusement léquipe médicale était parvenue à faire se reproduire la protéine et à sen constituer un bon stock. Pendant quils cherchaient un dosage et un moyen de distribution efficace, moi je pouvais me faire vacciner tous les soirs par Jacky et sa grosse pipette.
Tout ça cétait bien beau mais aucun test navait été fait en situation réelle. Tout avait été fait en labo. Un jour on a vu léquipe de Jeff revenir avec un zombi vivant (si on peut dire) avec eux. Ils avaient prévu de faire un test grandeur nature mais sur qui ? Qui allait être assez courageux ou assez dingue pour se laisser mordre volontairement ? Cest là que Jacky ma appris que les sous-sols de lancien fastfood avaient été aménagés en cellule de confinement et que là-bas, il y avait un prisonnier retenu depuis plus dun an. Jacky étant le plus costaud de léquipe médicale et le détenu étant soit disant bien bâti, cest lui qui a été désigné pour lui faire linjection. Quand il est entré, escorté de deux hommes armés, il fut surpris de se retrouver devant un soldat.
— Bonjour, je viens pour une vaccination.
— Je m’en fous, moi ce que je veux cest voir mon fils.
— Votre fils ?
— Oui, le gamin que jai eu avec la petite Audrey. Vous la connaissez ? Cest une sacrée salope, elle ma allumé, je lui ai donné ce quelle voulait et elle est tombée en cloque. Je veux voir mon gamin.
— Jai entendu un autre son de cloche. Ma femme est une de ses amies denfance et apparemment vous auriez abusé delle après lavoir enlevé sous les yeux de ses amis.
— Cest elle qui le dit. Mais son gosse est aussi le mien et . Cest quoi cette seringue ?
— Un vaccin expérimental.
— Et vous voulez minjecter cette merde ? Je refuse. Cest contraire à la convention de Genève sur le traitement des prisonniers.
— A lheure quil est, les membres de cette convention doivent être en petits morceaux. Et puis vu ce que vous avez fait à cette fille .
— Je refuse de me faire empoisonner.
— Ce nest pas du poison. Cest un vaccin issu de mon propre sang. Mes anticorps arrivent à combattre le virus zombi. Je suis immunisé.
— Hein cest vrai ?
— Oui, regardez cette cicatrice. Je me suis fait mordre et jai survécu. On voit encore les marques de dents et si vous acceptez de le tester, si tout se passe bien, vous serez immunisé également et jessaierais de faire en sorte que vous voyez votre fils.
— Cest vrai ? Ça sent le piège votre truc . Bon ok.
Jacky lui fit alors linjection. Quand il a compris que ce type était le soldat qui avait abusé dAudrey, ma meilleure amie, il eut lidée de lui promettre tous les trésors du monde pour quil accepte. De toute manière, même sil navait pas voulu, ils auraient mis un sédatif dans son repas et il lui aurait fait la piqure durant son sommeil. Régulièrement il fut examiné. Des prises de sang furent faites régulièrement et quand il fut observé que son taux de protéine dans le sang était équivalent à celui de Jacky, Léquipe médical décida de préparer le passage à la phase finale du test que Jacky oublia de mentionner au prisonnier : la morsure.
Jacky lui avait dit quil voulait lui présenter quelquun. Tout content, ce type pensait à son gamin mais quand deux gardes lont immobilisé et que Jacky est entrée escorté par deux autres gardes qui tenaient le zombi grâce à un collier en fer, façon minerve, fixé à une tige métallique, il sest mis à paniquer.
— Bonjour, je vous présente un nouvel ami. Dit-alors Jacky avec sarcasme.
— NOOONNN ! Je ne veux pas me faire bouffer !
— Rassurez-vous cest juste un mauvais moment à passer. Messieurs, levez lui le bras.
— Non éloignez cette chose.
— Allons un peu de courage. Ça va juste piquer un peu
— Non .ARRRH !
— Voilà cest fait. Désolé mais cétait le seul moyen de voir si ça marchait . Oh mais on dirait quil avait faim notre ami ? Dit alors Jacky avant de finir le zombi et de soigner le cobaye.
— Jai mal, je vais crever.
— Pour lavoir vécu je ne vais pas vous mentir. Vous allez en chier durant quelques jours.
— Salopard. Et mon gosse ?
— Tenez, voilà une photo. Lui dit-il en lui jetant une photo du dit bébé.
Daprès ce que me disait Jacky ce type est resté malade durant presque une semaine. Il se tordait de douleur et cest presque avec un plaisir sadique que Jacky le regardait souffrir. Il avait appris à connaitre Audrey et il lappréciait. Voir ce type qui lui a fait tant de mal souffrir, il estimait que cétait un minimum. Puis un jour, il fut rétabli. Jacky et Jeff se sont pointés pour le voir et, visiblement il avait retrouvé la forme.
— Alors les sadiques ! Vous avez eu ce que vous vouliez ? Votre daube marche on dirait. Maintenant je veux ce quon ma promis.
— Je ne tai rien promis du tout .
— Crapule !
— Toutefois, jai posé la question à Audrey et elle a été daccord pour lamener.
Cest là quAudrey est entrée, le bébé dans les bras. Le prisonnier était tout content mais quand il a tendu le bras dans sa direction elle a pris la direction de la sortie.
— Eh ! laisse-moi le prendre au moins.
— De la même manière que tu mas prise ? Hors de question.
— Mais .
— Tu voulais le voir ? Cest fait maintenant sors de nos vies.
— Mais dis-moi au moins son nom . Eh !
Cest dégouté quil sest adressé à Jeff.
— Vous mavez trompé.
— Non tas eu ce que tas demandé.
— Bande de connard . Vous allez faire quoi de moi ?
— On va te libérer. Maintenant quon sait que notre vaccin marche, on va te laisser partir mais pas ici.
— Hein ?
— Tu état inconscient quand on ta amené ici. Cest inconscient quon va te ramener là où on ta trouvé.
— Pourquoi ?
— Comme ça tu ne pourras pas nous retrouver et tu ne pourras pas importuner Audrey. Jacky ?
— Tout de suite Jeff. Répondit Jacky en sortant un pistolet à fléchettes tranquillisantes.
Ce type fut relâché à quinze kilomètres du camp et on ne la jamais revu. De son côté, Audrey espérait quil rencontre une bande dabruti bas du plafond qui, voyant sa blessure laurait achevé, le croyant infecté et nayant pas cru à lhistoire du vaccin.
Ensuite est venu une période de vaccination massive de tout le monde de cette communauté. Nous étions nombreux et ça ne sest pas fait en un jour. Il a fallu refaire les stocks. Daprès ce quon nous a dit, avant notre arrivé, quand un groupe partait en expédition, il arrivait que lun deux se fasse mordre. Ils étaient donc obligés de lachever. Aujourdhui, en partant avec quelques doses de secours dans leur paquetage, ils reviennent tous indemnes. Ces doses font aussi de parfaites monnaies déchange. Cest dailleurs au cours dune de ses patrouilles que Jacky, parti avec le groupe de Jeff nous a ramener Paul. Il sétait intégré à un groupe et sétait même trouvé quelquun. Avec Audrey on était folles de joie de le revoir.
Malgré un monde qui tombe en ruine, jai quand même réussi à men sortir. Aujourdhui je nai quune interrogation : Ce sont mes parents. Jignore où ils sont, sils vont bien mais souvent je regarde les étoiles en priant pour les revoir un jour. Je sais que beaucoup de gens se demande comment Jacky sest retrouvé immunisé. Lui-même lignore. Le médecin qui a essayé de le savoir navait quune explication : immunité naturelle. Lors de grande pandémie, il est souvent arrivé quune très faible partie de la population se retrouve immunisé. Cest un phénomène que personne ne sexplique. Personnellement jai arrêté dessayer de comprendre. Avec ma famille et ce quil reste de mes amis on fait maintenant partie de ce groupe et cest là notre meilleure chance de survie.