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L'histoire de Muriel – Chapitre 26




Le poinçonneur de la station me dit bonjour. Habituellement, je réponds machinalement, mais aujourd’hui je fais attention à son visage en lui rendant son salut.

Devant moi marche une jeune femme élégante et distinguée en talons-aiguilles et je regarde avec plaisir le galbe de ses mollets.

En fait, ma perception des gens autour de moi semble avoir radicalement changé. Je ne regarde plus les hommes et les femmes comme des individus anonymes mais comme des personnalités qui doivent avoir une vie et une sexualité propres.

Ce vieux monsieur, assis dans la rame de métro. Était-il un coureur de jupon dans sa jeunesse ?

Cette dame distinguée, comment fait-elle l’amour ? Est-elle frigide ou au contraire nymphomane.

Et cette petite fille avec son cartable, que sera-t-elle plus tard ? Une prostituée ou une religieuse ?

Depuis mon expérience avec les filles de ma tante Christine, j’ai l’impression de ne plus voir les gens qu’au travers du prisme de ma sexualité.

Cette jeune fille en jupe plissée a l’air très sage. Pourtant ses deux mains posées entre ses cuisses pourraient faire croire qu’elle ne pense qu’à sa prochaine masturbation.

Et le jeune homme, assis en face, semble fixer de son regard l’espace obscur entre ses genoux et espérer qu’un mouvement, un coup de vent soulèvera le tissu et lui permettra d’en voir plus.

La jeune fille a-t-elle remarqué le comportement du jeune homme ? Elle semble avoir soudain rougi.

Je m’amuse à imaginer le comportement que j’aurais si j’étais à sa place. Peut-être écarterais-je et refermerais-je alternativement les cuisses pour l’aguicher encore plus. Avec de temps en temps un mouvement plus ample pour lui dévoiler un peu plus de ma chair.

Dieu ! Je ne pense plus qu’à çà !

Justement, la jeune fille se lève. Si je prenais sa place ? Trop tard, c’est la femme distinguée qui s’assied à la place de la jeune fille.

Je continue à observer le comportement du jeune homme qui a désormais levé la tête et dévore le décolleté de la femme.

Cette dernière semble s’être aperçue de l’intérêt qu’elle suscitait. Elle, ne rougit pas ! Un petit sourire semble s’esquisser sur sa bouche rouge et pulpeuse.

Je pense qu’elle va prendre un malin plaisir à allumer son voisin.

Elle remet en effet un peu d’ordre dans la chaîne qui orne son cou et d’où pend une croix. Elle tire un peu son chemisier pour arranger l’ensemble, prenant un soin pervers à dévoiler un peu plus de sa poitrine.

Le jeune homme en face semble tétanisé. J’espère qu’il ne va pas oublier sa station !

Satisfaite de l’effet produit, la femme se tourne un peu vers le couloir de façon à croiser sa jambe gauche sur la droite. Sa jupe dévoile alors une large partie de sa cuisse.

Le jeune homme semble sur le point d’exploser. Il jette un coup d’il distrait pour regarder la station à laquelle la rame vient de s’arrêter, étouffe un juron et bondit pour sortir du wagon.

Le sourire de la femme est désormais franc et elle me lance un regard complice m’invitant à s’asseoir en face d’elle. Il me reste trois stations mais comment refuser son invitation ?

Sitôt que je suis assise, la femme se penche vers moi en chuchotant

— Vous avez vu comme je l’ai allumé ? Vous avez-vu la bosse sur son pantalon ?

Jacquiesce.

— J’adore jouer avec les nerfs des hommes. Cela m’excite terriblement, pas vous ?

— Je n’ai jamais jouer à ce petit jeu, commencé-je

— Mais vous avez adoré regarder, pas vrai ?

— Oui, je l’avoue sans honte. Cela m’a amusée de voir votre attitude. Vous faites cela souvent ?

— Dès que je peux ! C’est plus facile avec les beaux jours !

— Et vous n’avez jamais quelqu’un qui commence à devenir entreprenant ?

— Si, cela arrive. Mais mon mari intervient alors.

— Votre mari, il est où ?

— Juste derrière vous, debout dans l’allée.

Je me retourne pour regarder. Un grand gaillard, taillé comme une armoire normande me regarde en souriant. Il me fait un signe de tête auquel je réponds.

— Et cela ne dérange pas votre mari de vous voir ainsi émoustiller les hommes dans le métro ?

— Je fais cela également pour lui ! Çà l’excite énormément de me voir faire ainsi. Une sorte de fantasme partagé en quelque sorte. Vous êtes étudiante ?

— Oui, je passe le bac cette année. Mais je dois descendre ici ! J’étais très contente de vous rencontrer. À bientôt peut-être !

— À bientôt sûrement !

Je descend de la rame et sors du métro pour me présenter à la grille du Lycée de jeunes filles où je suis inscrite. Je rejoins le groupe d’amies auquel j’appartiens.

— Bonjour, Muriel, as-tu passé un bon week-end ? me demande Sylvie.

Je reste silencieuse quelques instants avant de repenser à Maman et d’éclater en sanglots.

Catherine me prend dans ses bras

— Qu’y-a-t-il ? Un malheur ?

— Oui, réponds-je entre deux sanglots. Maman est morte, fauchée par un bus.

— Quelle horreur !

La stupeur a remplacé les conversations joyeuses des amies qui se retrouvent après un week-end.

Catherine me prend la tête entre ses mains pour déposer un baiser sur mon front.

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