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Correspondance intime d'un homme perdu – Chapitre 1




Bonjour très chère,

Soyez sans crainte, vous navez pas à vous inquiéter du titre de cette lettre. Le retour de JTV nest pas pour demain. Hélas ! Mais bon. Vous devez bien vous demander pourquoi je vous écris après cette longue absence non ? Eh bien, la réponse à cette question en apparence banale et légitime est plus complexe quil ny paraît. Comment vous dire très chère ? Premièrement, sachez que malgré mon silence radio, je ne vous ai jamais oubliée. Vous avez toujours eu dans mes pensées, parfois bien préoccupées je dois lavouer, une place particulière. Comment oublier ces moments où vous mavez invité dans ce que vous appelez si délicieusement votre petite chapelle de bois ? Je me souviendrai toujours de cette forestière si délicate en cet univers rustique qui, au milieu des bois, me couvrait des délices sensuels de ces artifices normalement lempannage du corps féminin des femmes de la ville. Quel contraste ! Quels délices !

Il sen est passé du temps. Et je me suis dit dernièrement, après être finalement sorti de cette fièvre tropicale qui aurait facilement pu memporter, que je me devais de vous donner de mes nouvelles, au cas où vous ne mauriez pas totalement rejeté, car je sais que jai pu vous être répréhensible. Alors voilà où jen suis.

Comme vous le savez, je suis un homme qui a peine à se poser. Je suis toujours en recherche de quelque chose que je ne trouve jamais. Lorsque jai trouvé, et que les gens mapplaudissent, je file en coulisse attiré par le son dune voix ou dun saxophone qui résonne en écho dans le lointain. Alors après avoir fait le tour de la ville à la recherche dune chimère à suivre ou à inventer, je suis tombé sur ce vieil ami, si lon peut mettre dans la catégorie ami ces gens avec qui lon a passé un bon moment lespace dune soirée. Ming Wong. Il revenait de Shanghai. On a parlé du passé, mais comme nous nen avions pas très long en commun et pour prolonger notre conversation qui nétait en réalité quune médication pour se guérir de nos problèmes du présent, nous en sommes rapidement passé au futur. Il sest mis à me décrire en long et en large en quoi notre société naccordait pas à des entrepreneurs de notre qualité, les conditions nécessaires à laccomplissement de notre plein potentiel. Je lai écouté, au début dois-je avouer un peu distraitement, et puis de plus en plus attentivement. Il me parlait dun de ses contacts là-bas qui se faisait des couilles en or dans le commerces des soins esthétiques. Il mexpliqua à quel point les femmes chinoises des beaux quartiers dépensaient des fortunes en soins des mains et des pieds. Je me suis dit à la blague que pour un homme qui a toujours hésité entre demander la main dune femme et prendre son pied, cette industrie avait le mérite dêtre foutument cohérente avec mes démons.

Jai donc pris lavion et quitté Québec pour Shanghai. Pas dans un vol direct ! Ce nest pas un conte de fée que je vous raconte très chère mais la réalité. Une fois sur place, je vous évite les détails et les figures de styles romanesques illustrant mon dépaysement qui ne servent dans les romans quà emballer et allonger le texte pour maintenir lintensité dramatique. Jai donc pris contact avec ce Touong Chong Chang dont mon ami mavait vanté les vertus et lintelligence. A sa voix au téléphone, jai compris quil sagissait dun genre de Sumo à la retraite. Un homme au passé glorieux qui pouvait vous occire de son simple poids. Lorsque je lai rencontré, jai plutôt trouvé un adepte de Confucius au dos rond et à la barbe rare qui ma souri en me saluant. Je lui ai tendu la main, en vain.

Il ma parlé de son commerce à vendre et des raisons malheureuses pour lesquelles il devait se départir ce cet établissement fort lucratif. Histoire familiale et personnelle. Il sest appliqué à me démontrer en long et en large tous les bénéfices que cette entreprise lui avait procurés au cours des 20 dernières années. Propriétés, produits de luxe, voyages, relations et femmes. Ming Wong était pour lui un ami denfance, et qui plus est, sétait marié avec sa sur avant que cette dernière, quelques années plus tard ne soit portée disparue dans de nébuleuses circonstances. Nous y reviendrons. Il ma montré en toute transparence son bilan financier et cest ainsi que je suis devenu propriétaire dun superbe salon de soin de longle et du pied à Shanghai dans un quartier industriel dont les rues portent des noms dentreprises à succès tel : Ienovo et bien dautres.

Jétais tellement fier de posséder cette entreprise, qui somme toute fonctionnait toute seule. Ces jeune chinoises laborieuses et ponctuelles qui sattablaient à leur poste et avec un enthousiasme volontaire et opinant toujours du chef, me comblaient de satisfaction. Elles limaient, coupaient, ponçaient, nettoyaient, allongeaient et décoraient les ongles de leurs clientes sous leur petit masque chirurgical bleu pâle que je commençais à trouver de plus en plus sexy. En effet très chère, avec 30 filles sur le plancher, un peu comme de petites marionnettes dont on ne voit que le haut du corps derrière leur table de travail, il y a place à limagination vous comprendrez ? Alors pendant des mois, jai été le roi de cet endroit par le simple fait que je javais eu les moyens de lacheter. Les employées me révéraient et se livraient une lutte à peine voilée pour saccaparer mes faveurs. Certaines allant jusquà disons très loin pour rien.

La clientèle était normalement féminine comme vous pouvez vous en douter. Mais, il y a un mais. Je me suis rendu compte, après un mois, que de plus en plus dhommes fréquentaient létablissement. Étrange non ? Comptabilisant les statistiques de fréquentation je me suis rendu compte que les registres et les bilans des années précédentes ne reflétaient pas exactement la réalité que je découvrais sur le terrain. En fait, le commerce dont je métais porté acquéreur savérait être un peu plus complexe que prévu et le comportement de certaines de mes employées malhabiles, mais uvrant depuis plusieurs années et étant fort populaires, mapparaissait plus clairement comme un talent disons parallèle …

Et cest ainsi, quà mon insu, sans le vouloir et sans le chercher, je suis devenu le tenancier dun bordel de Shanghai et ce nest que le début de lhistoire

Vous voulez en savoir davantage ?

JTV

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