Mon matelas en a vu d’autres, de ces péronnelles admiratives du footballeur, prêtes à se coucher sur le dos et à s’offrir, à écarter les guibolles pour récompenser un but ou tout autre exploit ou tout simplement pour s’envoyer en l’air avec un sportif susceptible de renouveler dans un lit les efforts effectués sur une pelouse et donc de les défoncer vraiment. Elles refusent les sentiments en paroles. Elles ont un goût prononcé pour l’amour vache, pour les combats corps à corps violents où le mâle les soumet par sa force physique. Elles veulent se "faire foutre", sentir, se faire reluire le berlingot. Assez futées toutefois pour imposer l’usage de la capote dite anglaise, elles vont d’un héros du terrain à l’autre, elles papillonnent dans l’attente du meilleur coup avec un sportif, se racontent leurs conquêtes sur la touche en suivant le match, ouvrent des paris, comparent, notent et s’excitent. Savent-elles que dans les vestiaires les garçons se livrent aux mêmes évaluations, comparaisons et notations de "ces salopes qui en veulent"? Ca vole bas.
De ces passantes, de ces amies éphémères j’ai fait ma moisson comme la plupart des autres équipiers. Cela commence par des rires, des plaisanteries salaces, des bisous plus ou moins volés, rendus de bon gré. Cela continue par des caresses gentilles puis appuyées, des audaces réciproques, des attouchements, une course, un enlacement et cela finit, du moins chez quelques célibataires vivant seuls, comme moi, au lit ou dans la paille. La fille est venue pour une partie de jambes en l’air, se laisse culbuter, baisse volontiers sa culotte et expose avec fierté ses jeunes seins provocants. Elle fait "oh! la belle bite", la prend en main, la soupèse et la masturbe vite fait. On ne fait pas de sentiment, on tâtonne à l’entrée du vagin, on cherche un clitoris du bout de l’index, on pénètre, on tringle à la sportive, on saute, on baise, on expédie, on transpire, on éjacule, on jouit, on s’embrasse une dernière fois et on se quitte sur un au revoir sans lendemain. Oui j’ai pratiqué ces amours tristes au goût d’inachevé, coïts, saillies sans véritable amour, sans estime, juste pour répondre à un appel ou pour "se soulager" après une période d’abstinence.
Mais aujourd’hui, il en va autrement. Hélène s’est dévoilée, a déclaré son amour avant de s’allonger. Elle a poussé l’audace jusqu’au toucher de mon intimité et réclame mon aide pour la dénuder complètement. Elle est persuadée de mener l’affaire. De mon côté je n’ai pris aucun engagement. Elle s’impose, je ne vois pas pourquoi la repousser. Aussi lorsqu’elle se jette sur moi, me remet sur le dos et m’enjambe, s’allonge sur mon corps et soulève son torse, je referme mes bras autour de sa taille. Sa chaleur m’émeut, instinctivement mes doigts remontent le long de sa colonne vertébrale, trouvent dans son dos les crochets du soutien-gorge et délivrent sa poitrine. Elle rit, heureuse de ma participation, rampe et vient poser un sein rond et ferme sur ma bouche. Je lèche l’aréole large, émoustille le tétin de la langue, le serre entre mes lèvres et je tète. Un doux gémissement répond à mes caresses, Hélène bouge, me présente le deuxième fripon pour que je lui accorde le même traitement.
Son nouveau gémissement s’accompagne d’un roulement de hanches sur mon ventre, elle se tortille sur moi, prend ma main et la pose sur la ceinture de sa culotte de coton blanc. Je comprends son intention. A deux mains je repousse vers le bas le dernier obstacle aussi loin que possible. Elle aide mes mains, glisse sur moi, relève sa croupe mais colle ses seins pulpeux sur mon visage, puis se dresse, termine sa course à genoux autour de ma poitrine, buste droit, seins ballants, et en deux temps, d’un dernier geste débarrasse lestement ses mollets de la culotte. Elle sourit toujours, avec un brin d’interrogation dans le regard. A courte distance, devant mes yeux apparaît une toison brune abondante, le dernier voile devant son sexe. Mes yeux se détachent difficilement de cette partie envoûtante pour s’attarder sur l’ensemble de cette femme nue, depuis l’imposante largeur des hanches accentuée par la position des cuisses autour de mon tronc, à l’étranglement harmonieux de la taille puis vers le buste et les seins de couleur tendre, émouvants, pour terminer sur le visage canaille qui me défie. Hélène nue est belle, très belle, très attirante.
Je le pense, je le lui dis, ses yeux s’illuminent. Je l’invite :
-Avance encore un peu. Approche.
Elle ne se fait pas prier; un genou avance puis l’autre, le bas-ventre frotte ma poitrine, les poils de la toison accrochent les miens au passage, le barbu arrive à mon menton. Mon index l’aborde, sépare les frisettes, fouille en direction de la fente, dégage les grandes lèvres alourdies par un afflux de sang.
-Oh! Oui, caresse-moi ! Je t’aime. Et toi, comment me trouves-tu?
-Merveilleuse, désirable.
-C’est vrai ? Quel bonheur, je suis à toi.
Ce disant elle pousse son pubis, offre à ma bouche son abricot mûr. Du nez je bute contre le capuchon du clitoris, ma langue va s’engouffrer entre les bourrelets charnus de la vulve, atteint les petites lèvres et les fouette de bas en haut, de haut en bas, frétille et chatouille le vestibule du vagin. J’aspire un liquide tiède et gluant qui s’écoule du fruit défendu. Hélène a posé ses mains dans mes cheveux, penchée en avant et donne de légères secousses à son bas-ventre lorsque la caresse de la langue se fait trop insistante.
-Comme c’est bon, mon amour, mais ce n’est pas juste, laisse-moi te rendre un peu de plaisir.
Elle se laisse tomber à côté de moi, effectue un demi tour, balance une jambe par dessus ma tête et me présente sa croupe ouverte par la position, fendue depuis le point sombre de son anus plissé par un sillon qui aboutit à son sexe entrebâillé. Je fais le curieux. Avant de retourner à la source je place mes pouces sur les bords gras et j’ouvre le sanctuaire. Les chairs roses foncent, tendent vers un rouge sang nacré vers le fond. Je ne dépucellerai pas la donzelle, un autre a déjà bien élargi le passage, Hélène n’est plus vierge. Elle ne l’a jamais prétendu. Je le constate, tandis qu’elle s’active avec ferveur sur ma verge sans marquer un arrêt. Sa fellation relève du grand art. Arthur en a fait une spécialiste et je bénéficie de cette formation gratuite acquise sous le bureau du directeur d’agence. Je suppose que le bonhomme ne s’est pas contenté de se faire sucer le poireau et qu’il a complété son plaisir en enfilant sa collaboratrice dévouée sur une table ou sur un meuble dissimulé dans la salle des coffres. Je reste perplexe devant la béance inattendue de ce con bien rôdé. Je suis à l’arrêt comme un épagneul devant sa proie.
-Que t’arrive-t-il ? Qu’attends-tu pour reprendre tes caresses? Ah! Tu me croyais toute neuve, c’est ça ? Tu sais, j’ai vingt trois ans… Je suis désolée, mon hymen n’est plus. N’as-tu pas, toi aussi un passé ? Alors que faisons-nous, dois-je partir?
-Excuse-moi. Je ne te chasse pas, viens plus près, faisons l’amour. Notre passé est derrière nous. Nous nous plaisons, serre-toi contre moi, laisse-moi t’admirer encore.
Mais le tête à tête ne dure pas. Nos bras cherchent l’autre, du flanc Hélène roule sur le dos, remonte ses pieds et écarte ses genoux. L’invitation muette est claire, je me déplace, prend position entre ses jambes accueillantes, descends et mon gland entre au contact du minou bouillant d’impatience. Hélène s’ouvre, les crêtes délicates de ses nymphes dégagent l’entrée, de deux doigts elle guide mon membre et je m’enfonce, lentement, dans la chaleur humide de son vagin, jusqu’au fond. Sur mes reins ses bras se referment, me maintiennent immobile. Nos bouches s’unissent et nous goûtons en silence ce moment ineffable de l’union charnelle, profonde, dans une immobilité qui n’est troublée que par les pulsions de notre sang dans nos sexes apaisés.
Il faut voir le bonheur dans les yeux de la belle, lire sur les traits de son visage la paix des sens. Je voudrais que le temps s’arrête, que notre félicité soit sans fin. Notre baiser s’éternise, nous fait partager notre joie. Une contraction du vagin autour de ma verge lance le mouvement. Mes reins se creusent, mon sexe recule, se retire puis retourne buter, stoppé par la rencontre de nos pubis. Le va et vient s’installe, mais nos bras s’agrippent, nous enchaînent l’un à l’autre, accrochés à une extrémité alors que nos sexes s’animent , se quittent presque, pour mieux s’unir aussitôt.
-Oui, prends-moi, possède-moi, aime-moi, chantonne la voix chevrotante d’Hélène. Serre-moi fort, écrase-moi. je suis à toi pour la vie.
Ce n’est pas maintenant l’heure de discuter, je vais, je viens, je lime avec constance et application, j’observe la formation des perles de sueur sur le front, autour de la bouche gourmande, je vois rougir les joues, le cou et le dessus de la poitrine de mon amoureuse, j’entends sa respiration plus forte interrompue par les doux bruits du plaisir grandissant. Le souffle se fait plus court, haletant, l’eau de ses yeux se trouble, son ventre fait des bonds, sa taille se tord , les gémissements se transforment en une plainte continue, hachée d’interjections hardies à intervalles de plus en plus proches,:
-Oui, vas-y, baise-moi, plus fort, encore.
Tout son corps décrit un arc entre les épaules et les talons, elle s’écrie:
— Je viens, je jouis, c’est bon… et toi ?
L’ambiance, ses cris de plaisir, mes efforts pour la mener à la jouissance tout concourt à me détendre. Je me retire et j’éjacule dans ses poils pubiens. Elle relève la nuque et rayonne, contente du plaisir partagé. Nous gisons calmés côte à côte, reprenons une respiration normale. Mon pouls redevient régulier. Hélène enfin reprend la parole:
Ca va ? C’était bon, tu as aimé? Où puis-je faire ma toilette?
J’aurais dû prévoir la question, anticiper. Non, Hélène m’a surpris et me voilà dans l’embarras.. Je me lève, prends une serviette de toilette dans l’armoire et je réponds:
-Si tu veux me suivre. Ramasse tes vêtements, le robinet est à la cuisine.Descendons.
Je passe devant; me retourne pour découvrir sa déconvenue. Le chauffe-eau est installé au-dessus du vieil évier en pierre, je désigne la seule arrivée d’eau de cette vieille demeure. Elle pose ses habits sur une chaise, me fait signe de tourner le dos.
j’entends couler l’eau, quelques soupirs désappointés. L’eau ne coule plus, la toilette a été rapide, sans doute incomplète.
-Tu peux te tourner. Oui, il faudra améliorer le confort. Excuse-moi, je me sauve pour une toilette plus complète chez moi. Veux-tu agrafer mon soutien-gorge? C’était vraiment formidable. Merci et n’oublie pas : Je t’aime.
Elle est partie. Je me remets de mes émotions. Peut-être, comme d’autres, ne reviendra-t-elle pas. A l’heure actuelle quelle maison récente n’a pas au moins une douche ? Hélène n’a pas trop appuyé là où ça fait mal, a rapidement changé de sujet. Elle m’aime, dit-elle. Est-ce que je l’aime ? Elle est belle, ardente, touchante, attachante. Mais si j’ai pris du plaisir avec elle, je n’ai pas éprouvé ce grand frisson dont je rêve, ce frisson révélateur d’un sentiment d’amour. Suis-je trop rêveur, trop attaché à des clichés anciens, vieux jeu ? Et puis il y a cette désinvolture, ce passé qui a laissé des traces visibles au premier coup d’oeil. Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre; ce ne sera pas moi. Cependant mon idéal est autre, devrais-je y renoncer?