Le pauvre gardien, révulsé, fais un mouvement de tête en arrière et se cogne lourdement contre la muraille et tombe assommé.

— Quelle pitié ! Déplore Cunégonde. Il ne sait pas ce qu’il a perdu !

— Je vais quand même m’essuyer les doigts dans sa barbe, décide Radegonde. Puis nous remonterons sagement dans notre chambre pour y attendre Dame Anaïs.

— N’oublions pas de relâcher le cours du temps !

— Tu as raison ! Père ! Nous en avons désormais terminé ! À bientôt !

Sur ces deux derniers mots, le temps reprend enfin sa course. Et les deux surs reprennent la leur pour regagner prestement leur chambre. Là, rapidement, elles remettent leurs corps et leurs habits en état, faisant la chasse de leurs langues agiles à toute trace de semence ou de bran.

Des coups à la porte, annoncent l’arrivée de Dame Anaïs.

— Cunégonde ! Radegonde ! Êtes-vous ici ? Je vous cherche partout !

Cunégonde se précipite pour ouvrir la porte.

— Bien sûr que nous sommes céans, Dame Anaïs, dit-elle. Nous vous attendions pour aller aux étuves.

— Que nenni, mes damoiselles ! Vous devez d’abord assister au supplice du sorcier !

— C’est vrai, répond gaiement Radegonde, allons-y ! Ne traînons pas !

Quelque peu désorientée de la réaction des jumelles qui tout à l’heure pleurnichaient à la simple idée d’assister au supplice, Dame Anaïs suit les deux jeunes filles qui se sont désormais précipitées hors de leur chambre. Quelle mouche les a piquées ?

Comme il faut descendre du château jusqu’à la place du village situé en contrebas, il convient de prendre destrier, comme il sied à des personnes nobles. Trois juments leur sont préparées à cet effet et sur lesquelles elles viennent s’asseoir en amazone. Le seigneur Agobard, accompagné de sa cour, est quant à lui déjà descendu au village sur son fier étalon.

Des soldats à pieds accompagnent les trois femmes sur le chemin. Le cortège arrive bientôt sur la place où se dresse le lugubre bûcher. La populace, attirée par la perspective du spectacle se presse de part et d’autre de l’estrade où les nobles du château ont désormais pris sièges. Des cris et des rires traduisent l’excitation des gueux, avides du cruel spectacle.

Mais bientôt arrive le condamné, traîné attaché à un gros cheval de labour. Les quolibets fusent à son encontre et l’excitation redouble.

Des soldats le détache du cheval pour le traîner puis le hisser sur le bûcher. Il est aussitôt dévêtu et attaché au mat central par de grosses cordes.

Radegonde et Cunégonde, ainsi que toutes les autres femmes présentes, ne peuvent s’empêcher de porter leurs regards sur le bas ventre du sorcier où le sexe énorme se dresse vers le ciel, comme pour une dernière provocation. Chaque femme sent son ventre s’humecter à cette vision.

Alors que la foule est désormais silencieuse, le seigneur Agobard se lève afin d’ordonner l’exécution.

— Moi, Agobard, seigneur de cette contrée, déclare que cet homme est coupable de sorcellerie et de félonie envers ma regretté Désidériade. Qu’il soit brûlé vif et qu’il aille brûler en enfer pour l’éternité !

Fort content de son discours, le seigneur Agobard s’apprête à se rasseoir, lorsque la voix du sorcier se fait brusquement entendre.

— Seigneur Agobard, tu as décidé de te débarrasser de moi ! Soit ! Mais ne m’accuse pas de félonie envers ta regrettée compagne ! Si félonie il y a, elle vient de toi qui l’a recluse en sa chambre pour l’empêcher de venir recueillir ma semence dont elle était si friande ! Cette semence, je la donnerai une dernière fois ! Et je condamne tous les hommes ici présents à ne plus pouvoir avoir de relation tendre avec leurs compagnes jusqu’à ta propre mort !

Stupéfaite, l’assistance attend une réaction du seigneur qui semble déstabilisé par le discours du sorcier. C’est le prévôt qui vient à son secours en demandant l’embrasement du bûcher.

Les soldats allument alors l’amoncellement de bois sur lequel est ligoté le condamné et les flammes commencent à crépiter. La fumée s’élève faisant bientôt disparaître par intermittence la silhouette du condamné.

— Je vous avais promis ma semence, la voici et qu’elle accompagne ma malédiction !

Des hurlements se font bientôt entendre, car chaque femme vient de recevoir sur la figure un jet de liquide séminal. Seules Radegonde et Cunégonde n’ont pas crié, trop heureuses du dernier cadeau paternel.

Un mouvement de panique se dessine au sein de la foule qui commence à fuir la place en courant. Bientôt, ne reste plus en face du bûcher que l’estrade sur laquelle les seigneurs tentent de retirer du visage de leurs épouses la semence maudite.

Le seigneur Agobard est effondré sur son fauteuil et semble avoir perdu connaissance. Dame Anaïs, est quant à elle, prise d’une crise d’hystérie.

— Venez à mon aide, je n’y vois plus ! Mes yeux sont recouverts de cette horrible chose !

Cunégonde et Radegonde, écoutant leurs grands curs et leurs perverses pensées, se précipitent pour venir lécher le visage souillé de leur nourrice.

— Que faites-vous, mes Damoiselles ? Arrêtez donc ! Crie Dame Anaïs.

— Vous nous avez…

— appelées à l’aide ! répondent les deux surs.

— Mais pas ainsi ! Cela ne se fait pas !

— Eûtes-vous préféré que nous eussions gâché nos habits et les utilisant pour vous essuyer ?

— Non pas ! Mais recrachez donc cette souillure !

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