Une maison en brique rouge, de deux étages, probablement construite à la fin du XIXe siècle. Sophie a cinq minutes de retard. Phil a juste le temps de se dire : « Elle ne viendra pas » et, la voici, elle est devant lui. Méfiante. Distante. Il essaie de lui prendre le bras, elle se dérobe brutalement :
« Ne me touchez pas !
– Tu parles que je ne vais pas te toucher ! »
La porte en s’ouvrant interrompt leur dialogue. Ils pénètrent dans un couloir aux murs pourpres. Un homme les attend. Phil pensait retrouver son nouvel ami. Il n’en est rien.
Sophie est subjuguée. Un miracle !!! L’ange de ses rêves est là, devant elle, en chair et en os ! Elle se précipite vers lui, l’agrippe par le bras autant pour vérifier qu’il est bien réel que pour s’éloigner du porc. Par ce geste, elle demande protection, elle prête allégeance. Les muscles noueux sous sa poigne lui font prendre conscience de la force qui émane de l’étrange personnage. Elle brûle de se coller à cet inconnu qui n’en est pas vraiment un. Elle est à peine surprise par le miracle. Elle ne s’étonne pas plus de son audace. Dans sa chair, c’est la révolution.
Comme tous les anges, il est blond. Son visage intrigue car, il est dénué de rides, comme épargné par les outrages du temps. Sophie est face à un homme éternellement dans la force de l’âge. Les yeux d’un bleu éclatant, si lumineux qu’ils en sont presque blessants, se posent sur la jeune fille. Un regard infiniment bienveillant. Sa stature aurait pourtant de quoi inquiéter. Un roc de près d’un mètre quatre-vingt pour à peu près le même poids. Mais sa voix est étonnamment féminine.
« Bonjour Sophie.
— Bonjour Ange.
— Si vous voulez bien vous donner la peine d’entrer dans cette pièce pour vous préparer. »
Il tend son indexe très long et très fin, en direction d’une porte bleu ciel. Il a des mains qu’un pianiste rêverait de posséder.
Phil ne comprend rien. Comment peut-elle connaître leur hôte ? Elle l’appelle « Ange » ! Est-elle devenue folle ? Il ne va pas s’en laisser compter. Il veut suivre la désirée. Mais l’autorité de ce drôle de type en impose vraiment. D’ailleurs, l’intonation ne laisse aucune place à la négociation :
« Quant à vous, ces messieurs vont vous mener à votre place. »
Deux hommes, très à propos, surgissent. Est-ce le fait qu’ils soient noirs de peau ? Est-ce leur carrure de déménageur ? Phil n’est pas en situation de contester. Il comprend que la situation lui échappe complètement. Il tente quand même de négocier :
« Mais je pensais que que »
Ange désigne Sophie qui sans hésiter se dirige vers la porte :
« Visiblement vous avez perdu la confiance de cette jeune personne. Nous prenons le relais.
— Mais Ce n’est pas si qui était convenu avec
– Vous préférez partir ?
— Non, je
— Alors suivez ces messieurs. Ils vous indiqueront votre place. »
Phil n’a pas le choix, il s’exécute. Il reste persuadé qu’il la récupérera à la fin de la séance.
Après un long couloir, un escalier en colimaçon monte vers le premier étage. Parallèlement et en pente plus douce, une rampe permet également d’accéder au niveau supérieur. Phil ne tarde pas à découvrir la raison de cet aménagement. Il pénètre dans un salle immense, éclairée par la lumière qui filtre à travers de larges bais vitrées. Une vingtaine d’hommes assis sur des fauteuils roulants dessinent, sur deux rangs, un large arc de cercle autour d’un espace central. La scène ainsi délimitée a pour unique décors un vaste lit à baldaquin, posé exactement en plein milieu de l’espace de représentation. Les deux hommes noirs guident Phil de l’autre côté, où une chaise l’attend. Il se retrouve donc, séparé par le lit, en face, à une dizaine de mètres des individus en fauteuil roulant. Une fois assis, il a tout loisir d’observer les lieux en détail. A l’exception du lit, la pièce aux murs blancs est entièrement vide. Non ! Un frisson parcourt son échine. Il vient de remarquer une paire de chaines qui pendent, à hauteur d’homme, à quelques pas à peine du lit. Il lève les yeux et identifie aisément, à huit mètres du sol, la poutre traversante à laquelle elles sont fixées. Un système de poulie en commande le maniement. A leur extrémité des bracelets en cuir ; Phil n’a aucun doute sur la fonction de ces chaines. Il est plus indécis sur l’usage de l’immense voile blanche qui se déploie sur sa gauche. La hauteur de l’installation laisse à penser qu’il pourrait s’agir d’un écran géant. Et en effet, au bout de quelques minutes, une image s’incruste sur la toile. Il reconnait, en plan fixe, le couloir du rez-de-chaussée. Il n’avait pourtant pas remarqué de caméra. Bien plus intriguant encore : les vingt-deux (il a eu le temps de les dénombrer) hommes en fauteuil roulant. Des paralytiques ? Ils portent tous la même blouse blanche. Le plus jeune doit avoir une vingtaine d’années, le plus ancien la cinquantaine. Aucune explication rationnelle à cette présence incongrue. Les handicapés parlent entre eux, à voix trop basse pour que Phil puisse saisir la moindre conversation. Une dizaine de minutes s’écoulent encore et puis, comme au théâtre quand la pièce commence, le brouhaha s’estompe. Des stores s’abaissent devant les fenêtres. En réponse à l’opacité grandissante, l’espace central s’éclaire. Phil cherche en vain la nouvelle source de lumière. Artificielle à n’en pas douter. Mais il ne voit aucune lampe, aucun projecteur. Ce lieu est décidément très déconcertant. Il a l’impression étrange que, sans s’en rendre compte, il a franchi une frontière invisible et pénétré dans une autre dimension du temps et de l’espace. Le même monde mais avec d’autres possibles.
Dans un silence d’église, tous les regards se tournent vers l’écran. Phil est tellement médusé qu’il lui faut quelques secondes avant de décrypter ce qu’il voit. Ce n’est pas une Sophie mal fagotée, gauche et indécise, qui emprunte lentement le couloir du rez-de-chaussée mais une splendeur érotique moulée, en guise de seconde peau, dans une robe en tulle noire. Le fourreau sublime les félines ondulations de la démarche. Graine de star ou de déesse ? Phil n’en revient pas :
« Bon dieu qu’elle est belle !!! »
La caméra semble omnisciente. A moins qu’il y en ait plusieurs. Tour à tour, elles suivent et précèdent la jeune fille. Le spectateur profite, d’abord en plan rapproché, de la splendeur du visage. Sculptée par la double perfection de la jeunesse et de la santé, la face est à peine rehaussé d’une pointe de maquillage : un trait de noir sur le contour des yeux qui amplifie encore la profondeur du regard, un rouge sang qui enflamment la pulpe des lèvres ; les joues satinées semblent jouer avec l’exclamation douce des sourcils, et un petit nez mutin pointe l’équilibre de cette parfaite symétrique, alors que, cap à la concupiscence, flotte au vent, comme un étendard victorieux, la fine crinière brune Les caméras invisibles dézooment, l’image sur l’écran prend du recul et amplifie d’autant l’harmonie pour le plus grand bonheur du spectateur qui maintenant tourne autour de cette silhouette aux proportions parfaites, prit de vertige, il l’accompagne alors qu’elle emprunte, à pas mesurés, la rampe. De face, de profil et de dos ce ne sont que lignes et courbes ascensionnelles, éclipses et ellipses d’une féminité exacerbée. La parure meut cette sensualité, la provoque même ; moulée, dans sa robe noire, la jeune fille progresse à la limite de l’indécence.
L’épaisseur du silence témoigne de l’émotion qui traverse l’assistance. Phil n’est pas le moins fasciné. Quelle métamorphose. Cette fille était jolie. Elle incarne désormais un idéal de beauté. Tellement admirable qu’elle en paraît inaccessible. Phil s’avoue soulagé de n’être que spectateur. La modestie est loin d’être sa qualité principale, il meurt d’envie de la baiser et pourtant, il se rend à l’évidence, acteur, il le sait, il n’aurait pas été à la hauteur du défi.
Maintenant, Sophie pénètre dans la pièce, s’avance. Sa présence démultipliée, projetée sur l’immense écran, elle s’expose sous toutes les facettes aux regards cannibales de ces hommes. Oui, dévorés par l’envie, ils la dévorent des yeux. Le désir sexuel que cette jeune femme provoque est tellement flamboyant ! On se demande comment l’univers résiste à une telle puissance de séduction. On ne serait pas étonné qu’il vole en éclat, en mille morceaux.
Ange la suit, impassible, à quelques mètres à peine ; il est bien le seul à ne pas subir l’emprise de la passion.
Arrivée au centre de l’arène, Sophie ralentit. Hésitante, elle s’arrête devant le lit.
Le maître de cérémonie la rejoint.
« Vous êtes prêtes, Sophie ?
— Je ne suis pas sûr de
— Le désirez-vous ?
— Oui Mais tous ces Ces hommes qui nous regardent
— Ils ont placé tous leurs espoirs en vous.
— Comment ne pas les décevoir ?
— Vous en avez la volonté ?
— Oui Je vais essayer
— Il vous faut encore affermir cette conviction.
— Aidez-moi.
— Je suis là à cet effet. Nous pouvons commencer ?
— Oui Ange. »
Il fait signe à ces accesseurs. L’un des deux géants noirs vient dans le dos de la jeune fille et délicatement fait glisser la fermeture éclair de la robe jusqu’au bas des reins, simultanément, tel un prestidigitateur, il libère les épaules et, comme un rideau qui tombe, l’écorce de tissus choit sur le sol. Un frisson contamine l’audience muette d’émerveillement : Sophie est entièrement nue.
Phil, ne la découvre pas, il a déjà eu l’occasion de se rincer copieusement l’il et pourtant il est persuadé qu’elle a encore embellie. L’amoureuse rondeur des seins parait plus affirmée. Ont-ils gagné en volume, à la fois en fermeté et en lourdeur ? L’équation entre la fragilité des épaules, la finesse de la taille et la plénitude des hanches est d’une justesse à couper le souffle. Sa peau est comme un lac hâlé, d’une douceur infinie. Ses cuisses galbées nient toute idée de graisse inutile, tout comme les longues jambes musclées qui assurent le maintien princier de cet édifice de féminité. Le pubis est entièrement épilé ; comme Sophie a les cuisses serrées, on aperçoit juste la naissance de la fente. Ce n’est que quand elle se mettra en mouvement qu’apparaitra le léger renflement des lèvres qui enclosent le nid douillet. La mise en branle donnera également toute la mesure de la partie la plus généreuse de son être : un sublime cul, musclé et rebondi à souhait, haut perché et servi par une chute de rein phénoménale.
Le second géant noir, l’attend devant les chaînes qui pendent du plafond. Elle ondoie vers lui sans précipitation et pourtant son bassin, leste et souple, suggère un train d’enfer.
L’homme referme les bracelets de cuirs autour des poignets. Les chaines se tendent et entraînent avec elles les bras de la jeune fille. La voici suspendue, les bras étirés, en V, sensiblement écartés.
Le second géant noir s’approche à son tour. Les deux hommes, pareil à deux gardes du corps immenses, sont vêtus à l’identique, chemise blanche et pantalon en cuir marron. Ils entourent la jeune fille qui avec ses 1m65 pour quelques 55 kilos paraît on ne peut plus frêle. Son entière nudité renforce évidement la sensation de vulnérabilité.
Le maître donne à ces deux accesseurs, les outils adéquats. L’un prend dans sa main droite un fouet aux lanières en cuir ; l’autre un vibromasseur le modèle est assez semblable à celui que Phil utilisait pour les branlées.
La cérémonie commence.
Les deux géants forment un duo parfaitement synchrone. Le fouet entre le premier dans la danse en effleurant les épaules, des caresses de cuir qui très vite dégénèrent sur les seins ; les lanières s’enroulent tendrement, sans abandonner la moindre marque, sur la chair laiteuse des protubérances mammaires. Sophie frémit, pousse un minuscule couinement de surprise qui sera suivi d’un soupir, preuve que le corps de la jeune fille se détend. Maniées d’une main experte, les lanières font désormais connaissance avec la taille, les hanches et, maintenant, les cuisses charnues, d’ailleurs, à ce propos, le cuir devient un peu plus autoritaire. Le claquement provoque un tressaillement des chairs de la consentante, qui, fait expert, écarte imperceptiblement les cuisses, donnant ainsi le signal de l’entré en jeu du vibromasseur. Là encore, le prélude est on ne peut plus courtois ; la boule vibrante, sollicite d’abord les zones préliminaires, périphériques du con, elle contourne les lèvres, puis de détour en détour, s’en rapproche ; de son côté, le fouet attaque franchement le postérieur, les lanières mordent la croupe. Un traitement efficace qui provoque quelques cris et autant de soubresauts ; le bassin en vient à épouser la boule palpitante, les reins se cambrent pour prolonger la rencontre pressante avec les lippes trop heureuses de s’humecter et de s’entrouvrir ; les présentations étant faites, alors que le fouet, sur un tempo modérato, sans excès de zèle ni de cruauté, flagelle les cuisses, le vibromasseur en vient à la vraie raison de sa visite, il sollicite franchement le bouton de jouissance et maintenant la pucelle, en se tortillant dans tous les sens, alterne cris de douleur le fouet choisit ce moment pour s’acharner sur le postérieur – et geignements de plaisir. L’enchaînée a vite les chairs échauffées, le sang en ébullition et le sexe en eau.
Mais, la consigne est de faire durer.
Le maître de cérémonie orchestre la performance ; les deux index levés, il donne la mesure du délicieux supplice. Ses assesseurs, attentifs à la moindre nuance, s’exécutent. Les deux instruments jouent leurs partitions complémentaires. Le vibromasseur est d’un naturel insistant, même si, pour se faire encore plus désirer, à l’occasion, il ne se prive pas de baguenauder dans les périphéries érogènes, il se focalise essentiellement sur le clitoris. Le fouet, lui, semble jouer sur une gamme d’intensité plus large, il frôle les épaules et les seins, câline les hanches, cingle la croupe, avec, si nécessaire, de déconcertantes ruptures de rythme. Ainsi, après avoir copieusement étrillées une fesse, les lanières, comme prises de remords, en viennent à cajoler l’autre demi-lune.
Cause de souffrance et de jouissance uvraient ainsi à l’unisson, déclenchant des cris apothéotiques, dignes d’une symphonie en rut majeur. Et puis, à proximité du sommet, brusquement, la schlague s’interrompit pour laisser le champ entièrement libre au vibromasseur ; la boule inquisitrice partit alors dans un solo diaboliquement efficace qui amena Sophie jusqu’à l’extrême bord de l’orgasme. Mais juste avant qu’elle ne bascule, le vibromasseur se décolla du con. La privation cabra, comme un arc, la jeune fille. Cuisses obscènement écartées, cambrée à l’extrême, elle tendit désespérément son bassin et, dans un feulement de frustration, réclama la jouissance.
Le Maître de cérémonie d’une voix imperturbable :
« Vous êtes prête Sophie ?
— Ouiiii !!! Prenez moiiiiii.
— Cela manque de conviction. Messieurs travaillez encore un peu au corps cette jeune personne. »
Les géants noirs s’y entendaient pour entraîner leur victime toujours plus près, sur la frange de l’orgasme. A chaque fois, au dernier moment, ils lui dérobaient la délivrance, et Sophie, le cul et les cuisses empourprés par le fouet, brûlante d’être définitivement possédée, vibrante des spasmes avant-coureurs trop brusquement laissés sans suite, telle une forcenée, tirait de toutes ses forces sur ses chaînes.
Elle en était réduite à implorer :
« Je vous en supplieeeee Je vous en supplie !!! Par pitié, Seigneur !!! Prenez-moi !!! »
Dix minutes de ce traitement et le maître de cérémonie toujours aussi impavide :
« Vous êtes prête Sophie ?
— OUiiiiiiii !!!! Ouiiiiiii !!!! Viteeee !! Prenez-moiiiii Venez-en moiiiii Viteee Je veux !! JE VEUX !!! ÔÔÔHHHH OUIII JE VEUX JE NE VEUX QUE ÇA !!!!
— Alors, exhaussons vos désirs. Messieurs, détachez-là Voilà Sophie, si maintenant, vous voulez bien vous allonger sur le lit. Nous allons procéder. »