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Chaleurs de juillet – Chapitre 2




Chaleurs de juillet 2

Voilà un espace de liberté que je dois à une standardiste indiscrète. Je lui avais recommandé de ne pas répéter que jallais me reposer à La Rochelle ! Son bavardage incontrôlé a envoyé mon ex-compagne, Liliane, à ma recherche dans ce magnifique port. Elle nest pas sur le point de my rencontrer. Au moins puis-je me promener en ville sans avoir à affronter les récriminations de linfidèle. Pourquoi sest-elle lancée sur cette trace ? Que pense-t-elle obtenir de moi ? Un retour au bercail ? Elle aurait dû comprendre que je lai quittée pour une raison grave et que je ne veux plus de ses simagrées de femme amoureuse.

A quoi bon sexpliquer, le spectacle quelle ma offert sans le savoir ce soir de juillet en compagnie dun jeune chien prénommé Louis était assez explicite pour provoquer une séparation à lui seul. Or elle avait récidivé dans les huit jours sous couvert de séance de cinéma avec des copines. « Entre filles » disait-elle en suivant les bons conseils de Charlène. Elle me prenait pour une bille ! Cette fois javais jugé inutile de surveiller lévénement. Il serait avec des variantes la répétition des rapports sexuels observés la première fois dans le parc. Que le mâle change était sans intérêt pour moi. La soirée aboutirait à des accouplements très chauds dans le parc propice à ces rencontres adultères. Salope, deux fois salope !

Lili préférait donc ce genre de relation avec un étranger qui la gavait et la soulait en terrasse du centre ville avant de se lenvoyer contre un arbre ou sur un banc de parc public à une heure où la fraîcheur du soir rendait le coït plus agréable. Une erreur pouvait être tolérée : tout un chacun peut faillir en raison de circonstances particulières telles que la surprise dune rencontre agréable, un excès de consommation dalcool, des bulles de champagne qui pétillent dans le crâne,laudace dun compagnon occasionnel, lattirance très forte pour des caractères physiques surprenants ou inattendus, un parfum enivrant ou une envie subite dêtre aimé et câliné ou laddition de plusieurs de ces facteurs. Que sais-je encore ? On chute une fois, passe. Mais se préparer à recommencer dans des circonstances semblables relève dune volonté éclairée, ne doit plus rien au hasard. Ce nest plus un accident. Recommencer, cest avoir apprécié et se préparer à répéter indéfiniment ce type de rencontre. Cest se moquer de son compagnon officiel laissé en rade deux fois.

Cette attitude ne correspond pas à ce que jattends dune relation de couple et ce dautant moins que le plaisir accordé et partagé est doublé dun cadeau en espèces. Je nai pas de goût pour le partage et je ne suis pas près de me mettre dans la peau dun proxénète qui cède sa femme pour cent euros ou plus. Car Lili nest pas vraiment amoureuse, celui qui la prendra la prochaine fois ne sera pas Louis, elle passera sous un autre homme au cours de ce nouvel épisode. Ce sera uniquement charnel, du cul, dirait lautre. Elle a changé, Charlène la pourrit. Son but est évident pour moi. Elle a raté son coup, il y a dix ans, elle na pas renoncé à nous désunir.

Lannonce de la répétition proche dune prétendue « sortie entre filles » dont la probabilité avait été évoquée par Charlène à la fin du premier tour, mavait déçu plus que surpris. De nouveau Lili mentait et se préparait à accorder à un autre homme, à lair libre, ce quelle rechignait à me donner à la maison en raison de la moiteur de lair de notre chambre en été. Si vraiment il ne sétait agi que dun problème de température, jaurais installé un lit dans notre cave semi enterrée, ou jaurais installé un climatiseur dans notre chambre ou encore nous aurions utilisé le canapé du salon ou enfin jaurais attendu les miettes damour des jours pluvieux dautomne ou des jours froids de lhiverQuoique Rien ne garantissait ces miettes damour, il y a des chambres dhôtel pour cacher ses amours clandestines.

Déçu et profondément déchiré, humilié de me sentir écarté, déconsidéré comme amant par lapparition de concurrents et ruiné comme ami par les mensonges, doublement trompé par le mensonge et par la liaison charnelle, il me reste une solution : sortir de sa vie, disparaître pour retrouver un peu destime de moi. Fermer les yeux et rester, cela serait avilissant. Je vivais heureux près delle dans sa maison. Cocu et négligé, je vivrais en pestiféré, méprisé mais supporté par pitié peut-être en souvenir du passé. Partir, lui laisser le champ libre ! Lili veut couchotter par ci par là, varier ses plaisirs, faire des expériences ? Elle est lassée de moi, a besoin de nouveaux horizons. La conclusion est simple à tirer : elle ne maime plus, ment pour ne pas me vexer. Je ne serai pas un boulet.

Elle vient de choisir, elle souhaite participer à cette deuxième partie « entre filles ». Elle na rien appris la première fois ? En cinq jours les vapeurs dalcool se sont évaporées, elle est donc « accro », elle veut de la bite, de la jeune, vigoureuse, vive, de la bite qui bouscule, culbute et mitraille. Du zob en rodage, facile à apprivoiser, à diriger. De la queue à initier avec tendresse, à goûter comme du vin nouveau, former entre les doigts, à chauffer au four de sa bouche pour y faire courir les premiers frissons dune première fois. Salope !

Je me demande bien pourquoi elle fait semblant de me consulter : sa décision est prise, je compte pour du beurre, elle samuse cruellement à demander un avis dont elle ne tiendrait aucun compte sil contrariait son projet. Elle maintient une apparence de lien entre compagne et compagnon. Elle devrait me jeter à la figure que ma présence lennuie, la gêne, létouffe, lui fait perdre les meilleures occasions, limite la satisfaction de ses instincts Sans moi elle pourrait se faire enfiler à la chaîne, galoper comme une chienne en chaleur dun mâle à lautre, explorer toutes les vari étés dhommes, toutes les dimensions de sexes et jouir, jouir, jouir encore, à linfini !. Avec un peu de courage, elle me foutrait à la porte et attirerait dans son lit un jeunot à la queue enchantée. Moi, je naurai pas besoin de courage pour quitter une femme obsédée par une chasse à lamant jeune, audacieux et aux poches cousues dor.

  Je suis encore jeune, physiquement en forme, pas mal de ma personne. Quand je me rase, je me trouve pas mal, même beau et des fois on me dit que jai de la chance. Je gagne honnêtement un salaire convenable. Sans être un phénomène de foire, mon sexe est tout à fait convenable, daspect plaisant, il a longtemps enchanté Lili. Ce nest pas un arrache moyeu, mais je le crois efficace, endurant : tout à fait convenable pour une femme « normale » et propre à en satisfaire plus dune. Mon principal défaut, cest dêtre sentimental et fidèle. Faudrait-il pour être parfait boire sans modération et mempester lhaleine en fumant ?

Il y a des cas plus désespérés. Lavenir sera beau, je trouverai une autre compagne, je la choisirai soigneusement, jeune, belle, gaie, de bonne composition, pour des jours, des semaines, ou des années : rien ne presse, je ny pensais pas, jaimais Lili, elle me suffisait Avant ! Aux yeux de Liliane jai perdu de mon mystère, je suis devenu une habitude transparente, un meuble ancien vermoulu : elle veut rajeunir son cadre de vie, sentourer de neuf, de moderne : avec mes 36 ans je fais tache dans son décor imaginaire, il existe des hommes de dix ou quinze ans mes cadets, elle y a goûté, elle y a pris goût, elle se tourne vers eux ; mais comment me le dire ? Elle a ce problème. Charlène lui a livré la solution pour sortir de limpasse : Tu sors, tu vois du monde, tu baises, tu prends ton pied, tu prends ton destin de femme libérée en main, Laurent se lassera à la longue de tes absences répétées et il finira bien par apprendre quil est cocu. Il foutra le camp de lui-même. .. Pour une fois cest la solution adaptée à la situation.

Alors, je ne vais pas attendre quon me donne mon congé. Je pars, sans tambour ni trompette. Jai aimé Liliane, je laime encore, je vais lui éviter lembarras de lexplication du pourquoi ou du comment dun renvoi. Elle naura pas à se torturer les méninges pour ne pas me blesser en me présentant mon successeur ou ses clients. Une rupture nest jamais gaie. Les larmes de crocodile dune femme qui rompt afin de vivre sa vie avec un autre, avec le suivant, lui seront épargnées. Elle me fait pitié. Jai eu tort de la croire différente des autres. Toutes des s.

Le lendemain de lannonce de sa deuxième soirée sans moi, avec « des filles » dont certaines à moustaches, couilles et verges comme constaté précédemment, jai acheté trois valises. Jai eu la chance de trouver un studio à louer. Si Lili ne changeait pas davis, elle signait la fin de notre vie commune. Concubins, nous naurions pas besoin dun juge ou davocats. Je reprenais ma liberté.

Le soir en question venu, la joyeuse fêtarde a déposé un bisou sur mon front, ma glissé à loreille un doux « je taime » murmuré de sorte que Charlène ne lentende pas, comme si Lili avait honte de lui montrer ses sentiments au moment où elle allait se livrer à un ou d autres mâles contre repas, argent et plaisir charnel. Moi-même jai trouvé déplacée cette déclaration à cet instant. Jai eu la force de répondre à mon Judas en jupe légère et dessous de charme :

-Amuse-toi bien, ma chérie. Tu me raconteras le film à ton retour, si tu nes pas épuisée comme la première fois. Enfin tu feras comme bon te semblera. Certains films soublient en quittant la salle de projection, tu las vécu il y a huit jours, souviens-toi.

Charlène na pas pu cacher une grimace ennuyée. Sest-elle sentie devinée, mise à nu ? Liliane a bafouillé un « Oh ! Pardon, jai oublié de te raconter lhistoire ; mais tu dormais !… Elles sont parties en pépiant. Jai chargé ma voiture et jai rejoint ma nouvelle demeure. Elle trouvera mon trousseau de clés dans sa boîte aux lettres et sur la table elle découvrira les raisons de notre rupture. Femme libérée elle sera. Mon dernier cadeau ! Celui qui fait mal au cur plus quau portefeuille.

Grâce à la détestable Charlène je sais Liliane en vacances à La Rochelle. Je me déplace en ville, soulagé de ne pas risquer de la rencontrer. Une main se pose sur mon bras, je marrête, me tourne vers cette main amie : je nai pas compté sur le téléphone ! Charlène bien sûr ! Devant moi se dresse Liliane, belle, fardée, coiffée mais avec des yeux cernés. Fatiguée par le voyage ? Cest probable. Epuisée par les exploits sexuels dun jeune coquin insatiable rencontré dans le train ? Ce nest pas impossible.

-Bonjour, lâcheur ! Tu es surpris de me voir. Peux-tu maccorder quelques minutes ?

Le sourire disparaît, des larmes embuent ses yeux. Oui, je suis surpris, non, je nai pas envie de passer quelques minutes avec elle. Mais elle sapproche, pose ses deux mains sur mon bras, me tient. Je suis trop bon, elle le sait depuis le temps.

-Quelques minutes, oui. Jai un rendez-vous important, dis vite ce que tu as à me dire.

-Je te suis depuis un quart dheure. Tu ne semblais pas pressé daller à ton rendez-vous. Allons, sois honnête, aie le courage de madresser des reproches. Je les mérite, tu me les dois. Oh ! Oui jai trouvé des objets et ton message. Jai compris leur signification. Je reconnais que jai commis une énorme bêtise, je la regrette de tout mon cur. Mais ce nest pas juste, tu es parti sur un malentendu. De grâce accorde-moi une chance de me défendre. Il y a ce que tu as vu et ce que ton imagination a créé.

-Quel nouveau mensonge veux-tu me vendre aujourdhui ? Les photos nont pas été claires ? Je parle de celles du parc. Ah ! La belle réunion entre filles ! Tu tes bien ri de moi. Pas une fois, deux fois ! Il te faut de la queue, adresse-toi à ta conseillère, Charlène te fournira de quoi régaler ta chatte. Cest mon imagination qui fabrique des billets de cent euros ? Tu as changé de métier, tu vends tes charmes dans des sous-vêtements excitants. Je ne suis pas acheteur. Laisse-moi.

-Daccord pour les photos, jai eu tort. Je me repens, ne sois pas injuste ni trop dur. Ecoute-moi.

-Comment nier hein ? Tu oses me regarder dans les yeux ? Souviens-toi. Tu es couchée sur le gamin adossé au chêne, ventre à ventre, bras serrés autour de son cou, bouches en ventouses. Ou bien tu lui bouffes la queue, il nen reste pas un centimètre hors de tes lèvres, tu tétouffes dessus mais tu ne lâches pas le morceau. Quelle gourmande, quel appétit ! Ou il tenfile par derrière et tu taccroches à son bras et tu remontes pour un baiser pendant quil se vide en toi. Sur ta figure je ne voyais alors aucun signe de repentir, tu jouissais ! Je nai rien oublié. Ce film-là tourne dans ma tête, en boucle. Oui, en boucle. Et ce nest pas le pire !

-Ah ! Bien, je croyais que tu mavais quittée à cause de cette faute. Le pire cest autre chose, cest quoi ?

-Tu ne manques pas dair. Un soir tu vas gentiment te faire sauter par un loupiot encore pas sevré pour cent euros. A moi, tu racontes une histoire à dormir debout de séance de cinéma avec des copines. Tu oublies au passage que tu naimes pas les salles obscures, que depuis des années tu ne veux plus my accompagner à cause dune allergie. Charlène débarque, ton allergie disparaît et je devrais remercier le ciel pour ce miracle ?

-Cest Charlène qui ma soufflé cette excuse. Jai Tu as raison, ce nétait pas plausible. Evidemment, toi tu nas pas mordu à lhameçon. Mais cétait sans malice. Au départ Charlène disait vouloir se promener, faire du lèche-vitrines, aller boire un verre, discuter. Rien de grave ou de répréhensible. De toute façon je me reconnais fautive. Et puis ce qui sest passé au parc aurait pu se produire au cinéma. Je ne cherchais pas laventure.

-Sauf que vous débarquez du taxi en bonne compagnie. Tu continues à te payer ma tête. Si on arrêtait là ? Ta mauvaise foi est évidente.

-Laisse-moi le temps de parler. Les deux garçons étaient dans le taxi lorsque jy suis montée. Cétait un véhicule à sept places. Charlène ma indiqué que plus il y avait de passagers, moins le transport coûtait.

-Au restaurant, plus il y avait de membres à table, moins cétait cher, me diras-tu ? Pourquoi vous êtes-vous assis à la même table tous les quatre? Cétait normal ? Pas prévu, fruit du plus complet hasard ? Deux types dans un taxi vous font du gringue et hop on se lie, on se prépare, on tirera un coup : cest courant, habituel, tout le monde fait ça, pourquoi pas Liliane ? Tu me prends pour un con ?

-Non, mais nous venions de faire connaissance, ils étaient joyeux, racontaient des blagues, nous faisaient rire. Quand ils nous ont invitées pour le repas, Charlène a accepté et jai dû suivre le mouvement.

-Pauvre victime innocente qui va boire à en perdre le sens des convenances, abandonner sa main sous celle dun jeune-homme de quinze ans plus jeune que toi ! Il te plaisait, reconnais-le. Il te le fallait.

-Il était dune timidité attendrissante. Je lai jugé inoffensif. Sa petite familiarité ne méritait pas une réprimande.

-Et lorsque le malheureux enfant a égare sa main droite sur ton genou puis grimpé le long de ta cuisse, tu as cru quil voulait innocemment se réchauffer les doigts ? Le feu au cul, ça peut servir à ça !

— Il nest pas arrivé bien loin. Tu as vu que jai bloqué la progression de ses doigts.

-Assez tard ! Et tu nas pas osé faire un scandale pour si peu, nest-ce pas, question déducation ! Dis plutôt quil ta foutu des frissons et donné des envies. En public un type te tâte la cuisse, tu fixes sa main, tu ne la repousses pas et tu continues à boire et à manger de lautre main. Est-ce dans tes habitudes ? Maurais-tu permis ce genre de privauté au restaurant?

-Tu as raison. Jai manqué de fermeté avec ce jeune-homme. Cétait encore un gosse, alors

-Ah ! Perverse ! Parle-moi de linstinct maternel, du besoin de protéger la jeunesse, de la satisfaction de transmettre ton expérience, de former. Comme je te comprends, toi qui nas jamais voulu déformer ton corps par une grossesse, te voilà envahie du besoin dinitier un gosse.

-Ca, cest bas. A trente-cinq ans je peux encore avoir des enfants. Mon corps fonctionne, tout est possible.

-Hé ! Oui ! Et maintenant tu as trouvé, grâce à Charlène, le procréateur qui te convient. Tu élèveras simultanément ton enfant et son jeune père.

-Cesse donc tes moqueries faciles et grinçantes. Revenons aux faits. Tu as raison, jai été naïve et imprudente. De plus jaurais dû surveiller mon verre. Il était toujours rempli, je buvais et je ne mapercevais pas que quelquun faisait constamment remonter le niveau.

-On aurait donc abusé de toi ? As-tu porté plainte ? Non, à lévidence. Non ça ne se fait pas ! Mieux vaut senvoyer en lair que dattenter à sa bonne réputation. Tu as trop bu, en quittant la table tu titubais, il ta fallu un bras secourable pour tenir debout. Louis ne demandait pas mieux : il ta serrée de près, tu tes sentie si bien contre lui, sous son bras secourable. Pour te dessouler une marche à lair pur était le meilleur remède. Par discrétion mieux valait marcher en un lieu peu fréquenté, donc tu as suivi Charlène. La conduite de ton amie, mariée, ne ta pas étonnée. Si ? Non ! Sa façon denlacer son compagnon de rencontre et de lembrasser ne ta pas scandalisée outre mesure et tu as fini par te sentir obligée de limiter pour récompenser ce brave Louis. Heureusement pour toi, le jeune innocent que tu croyais initier sest montré à la hauteur. Tu as pu te laisser faire, sans effort, sans esponsabilité.

-Tu ne vas pas me détailler une nouvelle fois ce que nous avons fait dans ce parc. Cesse de tourner en boucle. Je te répète que jai honte de ma conduite ce soir là. Je regrette, je te demande pardon. Veux-tu que je magenouille pour implorer ton pardon ?

-Facile à dire. Ce nétait pas glorieux. Admettons que cela tait fait du bien. Tu as eu une aventure, tu as goûté une jouissance nouvelle avec un amant de passage. Bon, cest arrivé, tu nétais pas dans un état normal, tu tes sentie piégée. Tu ne mas pas informé bien entendu, je peux le comprendre aussi. On ne se vante pas auprès dun mari de lexistence dun amant ou de sa dernière partie de sexe avec un inconnu. Soit. Tu as eu une semaine complète pour dessouler, pour retrouver ton bon sens, pour regretter et te promettre de ne plus recommencer. Pendant cinq jours je me suis tu. Je tai cherché des « circonstances atténuantes » comme on dit. Jai décidé dessayer doublier ce faux pas, le premier à ma connaissance.

-Le premier en réalité depuis que nous nous sommes rencontrés, crois-moi. Laurent jai été fidèle, parce que je taime. Chasse tes doutes.

-Pourquoi après avoir pardonné me suis-je sauvé ? Tu las compris un peu tard. Comment, sachant où Charlène tavait menée, à quels excès elle tavait poussée, comment, bourrelée de remords, as-tu pu décider de recommencer lexpérience ? Charlène tavait promis son cavalier ; il devait te faire connaître les sommets de la jouissance en te défonçant dans les allées du parc. Tu savais pertinemment cette fois qui allait te pénétrer, te mettre, te faire gueuler de plaisir. Tu es venue me prier de taccorder une soirée de liberté en compagnie de Charlène pour aller voir un film « entre filles »

-Tu savais tout, tu aurais dû refuser, tu aurais pu me montrer tes enregistrements et tes preuves. Jaurais écouté, jaurais reconnu ma faute, je naurais pas accompagné Charlène.

-Jen doute. Ton envie de te faire embrocher aurait inventé mille façons déchapper à ma vigilance.

-Tu aurais dû me mettre en garde. Jaurais compris ta peine, je naurais pas supporté ton chagrin, jaurais eu trop peur de te perdre. Maintenant je saisis la raison de notre rupture. Ma seconde sortie a été fatale ? Si javais refusé la deuxième offre de Charlène, tu serais resté ? Mais avec quel secret sur le cur ?

-Souviens-toi des encouragements de ta copine, je la cite : « Tu ne voudrais pas que nous vous tenions la chandelle. Allons, apprends à vivre et à prendre des décisions de femme adulte et libérée. »

Je nai pas à te dicter ta conduite, tu fais tes choix et tu assumes ! De mon côté je ne suis pas forcé dapplaudir quand tu tenferres dans les pièges de Charlène. Cest définitivement une affaire classée pour moi. Je pardonnais le premier faux pas. Je ne pardonnerai jamais le deuxième. Tu peux te rouler par terre, tu es libre de recommencer à branler, à sucer, à te farcir toutes les verges de la ville, cela ne me concerne plus. Sois heureuse et fous-moi la paix.

-Oh ! Tête de bois. Sais-tu comment sest déroulé cette « deuxième fois » ? Y as-tu assisté ? Tu changerais dopinion, tu cesserais de maccabler. Nous voilà devant chez nous. Entre, nous serons mieux assis. Ne crains rien, la nymphomane ne te violera pas.

Est-ce que je sais ce que je veux ? Je la suis. Elle se détend :

-Merci doublier ton rendez-vous. Assieds-toi dans ton fauteuil, mets-toi à laise. Ta place tattend. Veux-tu un doigt de ton whisky, je te le sers. Nétions-nous pas bien ici, ensemble ?

-Qui a rompu le pacte ? Amour, sincérité, fidélité : je refuse de passer pour le méchant : tu ty es prise en deux fois pour faire éclater ce qui nous unissait.

Si seulement tu pouvais comprendre que ta place est ici, près de moi. Je jure de te raconter cette soirée si différente de ce que tu as pu imaginer, sans tricher. Et si tu ne me crois pas, tu pourras vérifier lexactitude de mon récit auprès de Charlène.

-Stop. Charlène nest absolument pas crédible. Un jour elle maccuse de tentative de viol, puis elle reconnaît avoir fabulé, une autre fois elle temmène faire du lèche-vitrines et vous finissez par faire les putes dans un parc en léchant des couilles. Serait-elle malgré tout plus fiable que toi ? Evite de faire référence à cette « salope ». Raconte, je saurai trier ce qui est vraisemblable et ce qui est de la fiction. Donc elle vient te chercher et

-Pas trop vite. Contrairement à ce que tu supposes, je suis revenue à la maison, le premier soir, dans un certain état deuphorie. Tu simulais le sommeil, mais tu as constaté que jétais assez dégrisée pour prendre une douche. Cest à ce moment que tu as fouillé mon sac et que tu y as prélevé mon string et mon billet de cent euros, nest-ce pas ? Oui le string puait, collait aux doigts et tu savais à quoi il avait servi. Mais était-il convenu que je devais sortir sans argent : ce billet mappartenait, ce nétait pas le salaire de ma faute. Il se trouvait dans mon sac et jamais tu ne tétais permis de fouiller ce petit coin dintimitésans règle écrite particulière cétait pourtant une partie implicite de nos accords.

-Tu venais de forniquer comme une bête et tu espérais pouvoir compter sur notre contrat moral pour mempêcher de récolter des preuves matérielles de ta transgression de ce contrat ? Tu vois notre conversation est inutile, nous allons nous jeter à la figure des considérations désagréables, où cela nous conduira-t-il ?

-Oh ! Je te faisais un compliment pour ta discrétion habituelle, pour ton respect du contenu de mon sac à main. Reste assis, trinquons et laisse-moi poursuivre. Le lendemain matin tu es parti au travail sans me réveiller, sans membrasser. Tu nes pas venu déjeuner à midi, tu es rentré le soir, tu nas pas dit un mot pendant le souper et tu tes attardé sur ton ordinateur. Lasse dattendre un signe de tendresse ou damour, je me suis couchée. Tu nes venu au lit que lorsque je métais endormie. Le lendemain tu as agi de la même façon. Cela nétait pas dans nos habitudes. Nous avions convenu dès le départ de ne jamais nous coucher fâchés et sans un baiser.

Jai réfléchi et jai échafaudé des hypothèses. Tu ne me pardonnais pas dêtre sortie sans toi ? Cétait arrivé sans problème dans le passé. Tu ne supportais pas ma complicité avec Charlène : au point de ne plus madresser la parole ? Quelquun nous aurait vus attablés en terrasse ou vus partir vers le parc ? Charlène aurait dénoncée ma trahison pour se faire valoir ?

Jai voulu lappeler au téléphone. Mon mobile était dans mon sac : mais mon string avait disparu, mon billet de cent euros aussi. Qui avait ouvert mon sac à main, qui sétait servi, un des hommes ou Charlène ? Lun pour garder un souvenir de nos ébats, lautre pour une collection de trophées ou la troisième pour me faire une farce et me montrer à quel point javais décollé ? Je pourrais dire « déconné ». Le seul insoupçonnable dans mon entourage, cétait toi. Charlène a ri, ma demandé de me calmer : lessentiel était de te laisser dans lignorance, le reste était du détail : un string et cent euros ne valaient pas un grand déballage. Et elle ma relancé :

-On remet ça prochainement. Tu auras soit Georges soit un petit puceau à déniaiser, comme il te plaira. Toujours daccord ?

A ces mots, jai pris conscience de la sottise commise. Charlène imposait des sorties régulières, compromettantes pour moi, les érigeait en institution. Si je ne mettais pas immédiatement fin à cette histoire notre vie allait sécrouler.

Jai tout à coup flairé une anomalie. Tes soirées au billard duraient souvent très tard dans la nuit, or à mon retour tu étais au lit. Et si tu mavais suivie, si tu avais vu une partie ou la totalité de cette sortie ? Tu ne parlais pas, tu digérais mal mon mensonge, le cinéma oublié, la marche sous les arbres, peut-être notre arrêt près du banc. Impossible, tu aurais rué dans les brancards, tu aurais cassé la gueule à Louis, tu aurais vilipendé Charlène, tu maurais fait uns scène horrible, tu maurais menacée de rompre ou pire tu aurais rompu. Cela sest inscrit dans mon cerveau comme un éclair. Impossible ? Pourquoi impossible ? Un doute terrible a fait trembler mes mains, a brouillé ma vue et dinstinct jai murmuré : « Non, ce nest pas possible » en pensant à ta présence sur les lieux de ladultère. Et jai entendu grincer la voix de Charlène chargée de menace répéter :

-« Pas possible ! » Quoi, que dis-tu ? Trop tard ma fille, tu as commencé, tu ne peux pas mabandonner. Tu viendras, tiens-toi prête à date anniversaire et ce sera tous les huit jours comme ça . Que crains-tu ? Sache cueillir les vrais plaisirs de lexistence, sors de ton monde étriqué, il y a des Laurent à la pelle, ramasse, profite et merde à ceux qui ne sont pas contents. La vie est trop courte, en matière de sexe il ne faut pas gaspiller ses plus belles années. Tu ne manuvreras plus jamais aussi jeune que maintenant. Nattends pas les hommes, provoque-les. Se limiter un seul est une négligence coupable. Donc tu seras là ou tu perdras celui auquel tu veux taccrocher, foi de Charlène.

Lili dramatise, se campe en victime. Je métonne :

-Tu veux me faire avaler que tu as cédé à ce chantage infect ? Charlène est jalouse de ton bonheur et utilise des procédés répugnants pour tabaisser à son niveau. Elle a fait le nécessaire pour te compromettre ; mon départ est son triomphe. Toutefois tu nas pas fait le meilleur choix. Je répète, « assume » ! Elle menaçait de te dénoncer à moi. Au lieu de te plier à sa volonté tu aurais pu annuler son emprise sur toi. Car te voyant soumise à ses ordres, plus elle tenfoncera, plus elle renforcera le pouvoir de son chantage.

-Je ne vois pas dautre porte de sortie.

-Tu as douté de mon amour et cela ta mené à ta perte. En fait ton amour est mort, tu ne me fais plus confiance. Si tu tétais confiée à moi, honnêtement, jaurais pu passer léponge par amour. Au lieu de quoi tu tes précipitée dans le nouveau piège de cette fausse amie. Cela te déplaisait vraiment ?

-Jai été à la torture, jai accepté de laccompagner. Cela ta déplu. Jaurais dû tinformer de mes efforts pour ne pas rechuter. Ces efforts ont payé mais tu nas pas pu le voir parce que tu ne mas pas suivie. Tu ne faisais plus attention à moi tant tu étais en colère, sinon tu maurais entendu demander à Charlène une minute pour aller remplacer mon tampon hygiénique.

-Quel intérêt à remarquer ce type de détail purement féminin ? Mieux vaut un tampon propre lorsquon sort pour aller se faire fourrer.

-Cela faisait partie de ma stratégie de défense. Jaccompagnais Charlène, mais jannonçais que je ne serais pas disponible et son visage ma montré toute sa déception. Dans le taxi George siégeait à côté du chauffeur. A larrière, contre la porte un jeune homme attendait mon arrivée souriant de toutes ses dents, cétait Alain, le puceau à initier. Charlène ma suivie et poussée vers le nouveau pour se faire de la place. Impatient le petit, en réalité une grande asperge quand il est debout, un peu serré a jugé opportun dabattre sa main gauche sur ma cuisse. Lhypocrite a joué au maladroit et à la fin de son mouvement ma jambe droite était dénudée jusquau ras de mon string. Jai demandé au coquin de faire attention, jai chassé son avant-bras et jai un peu traîné avant de rabattre ma jupe. Jai râlé :

-Cest quoi ce petit voyou pressé de me foutre à poil ? Dis petit, as-tu une carte didentité ? Je veux savoir si tu es majeur.

Charlène a pris sa défense pendant quil sortait sa carte.

-Ma chère je ne joue pas avec la loi, Alain fête aujourdhui son dix-huitième anniversaire et tu étais son premier cadeau danniversaire. Or je crois avoir vu une tache de sang : depuis quand es-tu réglée ?

La tache si bien vue faisait également partie de mon plan dautodéfense. Peu dhommes aiment souiller leur linge ou leur anatomie au contact dun sexe féminin sanguinolent. Qui avalerait le sang menstruel, qui sen barbouillerait les doigts, qui y fourrerait son machin ? Ce nest pas beau à voir. La tache artificielle de sang de buf appliquée de mes mains sur le milieu du string le matin ajoutait à sa couleur peu appétissante une odeur de début de fermentation. Javais de plus omis dutiliser un déodorant et seul mon cou était parfumé. Jétais un souillon et Charlène me fit les gros yeux quand je répondis :

-Depuis hier vers dix-sept heures. Tu ne répondais pas au téléphone, sinon nous aurions reporté notre sortie.

Georges voulut savoir de quoi nous discutions. Je me confondis en excuses, brouillai le message, me déclarai désolée dêtre hors jeu ce soir en raison de ma nature de femme fâcheusement exposée à des surprises désagréables. Ce qui mit Charlène hors delle :

-Quand même, Liliane, ce sont des événements prévisibles. Il ny a que toi pour ne pas savoir quand surviennent tes menstrues. Ne tiens-tu pas un calendrier ? Tu viens de changer de tampon, nas-tu pas regardé ta culotte. Tu aurais dû vérifier son état et changer. Ou bien ton tampon fuit, tu las mal ajusté ? Quelle gourde.

Alain, penché en avant voulait savoir ce quétaient les menstrues. Le chauffeur me recommanda de protéger mon siège, Georges me regardait avec un air de profonde déception. En descendant de voiture je mexcusai et proposai :

-Je crois que je ferais mieux de rentrer chez moi, je ne vous serai daucune utilité aujourdhui. Veuillez excuser ce contretemps indépendant de ma volonté. Mon cher Georges je suis sincèrement désolée de vous faire faux bond et il ne serait pas convenable que jaccepte votre invitation à table en pareilles circonstances.

Charlène était atterrée, le puceau ny comprenait rien. Georges était friqué, mais cétait un parfait gentleman, il avait de la classe : il insista pour me garder à côté de lui. Mes règles passeraient, ce nétait que partie remise et il se réjouissait de pouvoir réparer bientôt. Moins élégante Charlène observa :

-Tu fais du sang mais tu nen as pas sur les mains et dans la bouche, tu ne seras pas inutile. Puis elle se tourna vers Alain, lui caressa la joue et entreprit de lui expliquer en quoi consiste la malédiction féminine qui met les femmes hors circuit pendant quelques jours. Elle regrettait, mais elle était présente et lui fêterait son anniversaire, quitte à faire le bonheur de deux hommes.

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