5-
— Vous avez terminé la première partie de votre entrainement. Reste la deuxième et dernière partie. Peut-être la plus difficile.
— Parce qu’on peut faire plus difficile ? interrompit Jean-Claude.
— La suite de votre formation va consister à faire de vous des femmes.
J’éclatai de rire.
Mais je ne sais pas ce qui me vexa le plus, si c’était de ne pas avoir vu venir le coup qui m’envoya au sol en trainant dans ma chute la table et la chaise, ou ce que cette femme en jupe et talons aiguille ait pu donner un coup de pied aussi puissant.
Je me relevai dignement, alors que Sophie réajustait sa jupe sur ses cuisses gainées de bas retenus par des jarretelles.
— Le monde dans lequel on vit est en perpétuel changement, continua-t-elle. Le monde des affaires, et de la criminalité n’est plus celui d’il y a dix ans, qui n’était plus celui d’il y a trente ans. Aujourd’hui, internet a modifié la donne. Les murs aussi ont changé. La simple prostituée d’autrefois est tombée en désuétude. Aujourd’hui, ce sont les escorts, les mannequins qui côtoient les grands de ce monde. Les financiers, les grands patrons ne se cachent pas toujours et font la une de la presse. Il y a une nouvelle catégorie de personnes qui attirent les personnes qui gèrent la planète. Ce sont les transsexuels, pas totalement opérés de préférence. Une sorte d’animal exotique capable d’assouvir toutes leurs perversités ou presque.
On écoutait bouche bée ce discours sidérant.
— On vous a recruté selon certains critères bien précis pour former la section TG. TG, vous savez ce que ça veut dire ?
Elle me regarda fixement.
— Non, on a cherché mais pas trouvé, dis-je.
Je pensais bien à la section Ta Gueule mais je m’abstins.
— TransGenre. Vous êtes la section TransGenre. Vos missions seront d’approcher les personnes que l’on soupçonne de malversations ou de pratiques douteuses avec des personnes cataloguées comme ennemis d’état. Une fois en place vous devrez soutirer des informations, placer des mouchards et autres systèmes qui nous permettront de récolter toutes les informations nécessaires. On vous a entrainé pour que vous soyez capable de vous sortir de n’importe quelle situation fâcheuse.
— On est des espions alors ? demanda Arnaud.
— Non, des espionnes ! répondit Sophie en insistant sur le féminin.
— Et on aura une Aston Martin et des gadgets ? demandé-je
— Oui, et un matricule à double zéro aussi ! Pfff ! Vous regardez trop la télé, dit-elle en secouant la tête de dépit. Plus sérieusement, vous aurez quelques gadgets, mais ça se limitera à une clé USB contenant des programmes informatiques, des micros, des mini caméras. Il vous reste six mois pour apprendre à devenir une femme, vous comporter comme une femme, baiser comme une femme.
Ce dernier aspect nous fit froid dans le dos.
— Mais on n’a pas les attributs d’une femme, dit Jean-Claude en bombant le torse.
Sophie eut un sourire presque jouissif à l’idée de ce qu’elle allait dire
— Depuis que vous êtes arrivées, tous les matins, vous prenez des comprimés. Des amphétamines et quelques produits dopant. Mais surtout des hormones féminines. Vous n’avez peut-être pas fait attention mais vos seins ont pris un peu de volume, et pas seulement par la musculation, vos cheveux ont changé d’aspect et votre peau est plus douce. Et avant que vous ne vous réveilliez, on vous a fait une épilation au laser. Dans trois mois, vous allez subir votre première pose d’implants mammaires. En attendant, vous allez vous familiariser avec la lingerie, les jupes, le maquillage et les talons hauts. Des questions ?
On ne sut quoi dire. Des questions ? Bien sûr qu’on en avait. Des milliers ! Mais aucune ne sortit de notre bouche.
— Parfait ! Suivez-moi.
On prit l’ascenseur et cette fois, ce fut pour monter. Sixième et dernier étage. On parcourut un long couloir vers une porte où était collé la plaque « Section TG ». Mais au lieu de trouvé une chambre commune, c’était tout un appartement qui nous était réservé. Une cuisine, un grand salon et quatre chambres avec salle de bains privée. Et la vue sur le périphérique parisien. Je crois qu’on pensa tous en même temps à Fabien.
— Vous avez des nouvelles de Fabien ? demandé-je.
— Fabien est sur la touche. Il ne reviendra pas. C’est tout ce que vous avez à savoir.
Elle nous attribua une chambre à chacun.
— Je vous laisse découvrir votre nouvelle garde-robe. Et vote nouvelle identité. Ah, autre chose. Vos tablettes sont débloquées. Vous avez accès au web désormais.
Ma première tentation fut de me précipiter sur la tablette. Mais je fus surtout attiré par une enveloppe kraft posée à côté. A l’intérieur, un badge au nom de Malika Laffont, mais sans photo et un document, à l’entête de la république française. Il attestait de mon changement d’identité. Thierry Laffont était décédé dans des circonstances tragiques pour renaitre sous le nom de Malika.
J’allumais la tablette. Les dossiers sur nos cours étaient toujours là, Le dossier RIP aussi. Comme pour nous rappeler que notre ancienne vie était définitivement terminée. Je regardais la date avec appréhension : 26 mai 2016. Finalement, mon calendrier n’avait que dix jour de retard.
Je cherchai une rétrospective des événements écoulés depuis. Les attentats de Charlie Hebdo, le crash volontaire de l’Airbus dans les Alpes, la montée de Daesh et ses exactions sanglantes, la coupe du monde de rugby, les attentats du Bataclan et de Bruxelles, la déroute de la gauche aux régionales et la montée en puissance du FN. A survoler toutes ces informations dramatiques, je me demandai s’il n’aurait pas mieux valu que je reste dans l’ignorance. Ecuré, j’éteignis la tablette pour ouvrir mon armoire. Sur les cintres, des vestes, des chemisiers, des jupes, des pantalons. Dans les tiroirs, de la lingerie. Au sol, les escarpins réglementaires et des chaussures à talons plus ou moins hauts. Moi qui avais souvent maté les femmes dans les transports en commun, voilà qu’à mon tour j’allais devenir l’une elles. Et qui sait, à mon tour j’allais être maté.
La salle de bains, ou plutôt de douche était petite. Sur la tablette, au-dessus du lavabo, des crèmes. Dans la petite armoire, à côté, une trousse contenant tout le nécessaire de maquillage.
La tête me tournait. L’entrainement physique, intellectuel et culturel était une chose. Mais ça, devenir une femme, c’était totalement aberrant, absurde, irréel.
Je me couchai, espérant qu’au réveil, je retrouverai une réalité réconfortante. Même un stage commando en Amazonie serait préférable.
6-
Le clairon diffusé dans le haut-parleur nous réveilla à six heures. Comme d’habitude. On se levait, on se douchait, comme d’hab…
Toutefois, on se retrouva devant un dilemme : comment s’habiller ? La discussion fut rapide. Comme d’habitude. Notre T-shirt rose et le short blanc ferait l’affaire. On descendit au réfectoire pour le petit déjeuner. On y retrouva Sophie qui, visiblement, nous attendait, un sourire amusé sur ses lèvres.
« Tu as de la chance que je ne puisse pas bander » me dis-je intérieurement.
— Bonjours mesdames, dit-elle, en insistant sur le « mesdames ». Aujourd’hui commence la deuxième partie de votre formation. Après votre séance de gym, ces trois demoiselles vont vous prendre en charge et vous transformer. Amusez-vous bien.
On regarda nos futurs chaperons. Plutôt mignonnes. On déjeuna, on courut, puis nos nouveaux instructeurs, instructrices devrais-je dire, nous précédèrent jusqu’à notre salle de classe.
On ingurgita des leçons théoriques de mode, les créateurs, de maquillage, le vocabulaire, et tout ce qui touchait de près ou de loin la femme. Bien sûr, notre instinct de mâle s’éveilla et fut plus attentif lorsqu’elles abordèrent la lingerie et les dessous.
Ce fut nettement moins drôle, le lendemain lorsqu’on passa aux travaux pratiques. Si l’enfilage des collants n’était pas simple, l’agrafage du soutien-gorge mains dans le dos relevait de la mission impossible. Devant notre incompétence, elles durent nous montrer l’exemple. Elles se déshabillèrent, du moins le haut et nous firent la démonstration. Ce qui nous laissa bouche bée.
— On ne le refera plus. Alors tachez de le faire correctement, dit Fabienne.
On galéra pendait près d’une heure mais on y arriva. Le chemisier, la jupe, la veste. Les escarpins à petits talons. Ca y est on y était. On était travesti en femme.
On se familiarisa avec la marche en talon. Le long couloir désert de notre étage fut notre terrain de jeu. De nous trois, c’était, Arnaud-Vanessa qui s’en sortait le mieux. Avec Jean-Claude-Claudia, on n’avait pas cessé de la railler en lui disant qu’il avait fait ça toute sa vie. Puis, alors que l’on était toutes les trois dehors, Carole claqua la porte et annonça qu’on allait manger.
— On va pas y aller comme ça ! m’insurgé-je
— Mais bien sûr que si mes loulouttes. Sinon, c’est à poil.
Et c’est ainsi que nous fîmes nos premières pas en public, vêtue de notre uniforme de l’armée de terre marqué du grade de caporal. Sur la manche gauche, un écusson où un T barrait un G. en cherchant bien, on aurait pu voir les symboles superposé du mâle et de la femelle, symbole qui désignait parfois les transsexuels.
Toutefois, comme nos visages étaient connus, personne ne nos adressa la parole.
Nos chaperons déjeunèrent avec nous, non pas pour faire la conversation, mais pour corriger et féminiser notre comportement.
L’après-midi fut consacré au maquillage. Un spectacle comique pour nos instructrices.
Finalement, on enleva fard et rouges à lèvres mais on conserva notre vernis et on retourna diner, toujours en uniforme.
Il ne fallut pas moins de deux semaines intensives pour qu’on réussisse à devenir ce pour quoi on avait été enrôlées de force. S’habiller, se maquiller plus ou moins discrètement, marcher et courir avec des talons hauts bien sûr, mais surtout arriver à parler de soi au féminin. Les coups de badine à chacune de nos erreurs firent des merveilles.
Nous n’avions plus de gêne à nous afficher en public, en uniforme au début, en civil ensuite. On commençait à attirer les regards, surtout si portait des jupes étaient un peu courtes et perchées sur dix centimètres de talons aiguille. Ce petit jeu nous amusait de plus en plus. Un sorte de revanche car personne n’avait le droit de nous parler.
Dès lors, après la gym ou le footing en salle du matin, on avait droit à quarante-cinq minutes pour nous doucher, nous changer et surtout nous maquiller. Les cours reprirent, avec cette fois une formation d’informatique clairement orientée piratage et plus étonnante, une formation tactique pour apprendre à planifier des opérations d’approche et d’infiltration.
L’été avait commencé. On n’avait plus remis le nez dehors depuis le stage de survie. Le bâtiment s’était un peu vidé. Même les militaires avaient droit de partir en vacances. Sauf nous.
Le nombre de comprimés que prenait le matin avait diminué. On faisait aussi moins de sport. De fait, nos muscles saillants commençaient à disparaitre sous une fine couche de graisse. C’est aussi ce moment que l’on prit conscience des changements provoqués par les hormones féminines. On avait un peu plus de hanches, mais c’était nos seins qui devenaient plus que visibles. Et sensibles.
Un matin, je me réveillai un peu avant la sonnerie militaire. J’émergeai doucement lorsque je sentis que quelque chose n’allait pas, que ce n’était pas comme avant. Je glissai ma main sous le drap.
— C’est pas dieu possible ! dis-je à haute voix. Je bande !
Ma première érection depuis longtemps. Trop heureuse, je profitai de cet état de grâce pour me masturber. Je pensais à Joëlle, Fabienne, Carine nos instructrices féminité, mais surtout à Sophie. J’éjaculai très vite.
Le week-end passa. Mes camarades de promo aussi avaient constaté ce changement. Le trio revint nous voir vérifier si on avait tout compris. Elles montèrent dans nos chambres pour une inspection. Sophie fit son entrée à ce moment-là.
— Alors, comment vous vous sentez ? demanda-t-elle.
— Bien, dis-je. On a finir par s’y faire à cette nouvelle vie.
— Parfais, parfait.
— Vous n’avez pas noté de changement particulier ?
— Hormis les seins qui poussent, non, dit Vanessa ironique.
— Ok. Il reste maintenant une dernière étape dans votre formation. Le sexe. Vos missions vous amèneront à donner de votre corps. Et je pense que maintenant, vous devez pouvoir bander.
On se fendit d’un sourire jusqu’aux oreilles.
— Avec des femmes surement, mais surtout des hommes. N’oubliez pas que maintenant vous êtes des femmes et vous avez été entrainées pour approcher des hommes sensibles aux charmes des transsexuelles.
Notre sourire disparut aussitôt.
— Mais avant, vos instructrices vont vérifier vos capacités de donner du plaisir. Amusez-vous bien !
Et elle quitta notre appartement.
Nos instructrices se rapprochèrent de nous et nos entraina chacune dans notre chambre.
— Ne te méprends pas, dit Joëlle. Je suis mariée et je suis juste là pour vérifier tes compétences, pas pour prendre du plaisir.
— Ok, ok.
De toute façon, je n’allais pas faire la fine bouche. Joëlle était plutôt jolie, bien foutue et je n’avais pas baisé depuis plus d’un an.
Je m’approchai et commençai à la déshabiller ; au moment où je m’approchai pour l’embrasser, elle détourna la tête.
— Pas de baiser, dit-elle gentiment mais fermement.
— Donc c’est un point que tu n’évalues pas.
— Non.
— Et si j’embrassais mal ? dis-je dans un dernier baroud d’honneur.
Elle réfléchit un instant.
— Bon d’accord, répondit-elle en soufflant.
Mes lèvres se posèrent sur les siennes. Elle résista lorsque je voulus mettre la langue mais Joëlle céda.
— Assez, je valide, tu embrasses bien, dit-elle, tentant de masquer son trouble.
Je terminai de la dévêtir. Je dégrafai son soutien-gorge d’une main et enlevai son string assorti. Son sexe était surmonté d’une toison châtain, bien entretenue. Son parfum monta à mes narines. Même si avant, je n’étais pas un coureur de jupon, j’avais eu quand même quelques aventures plus ou moins longues. Avec tous ces mois d’abstinence, je découvris le sexe d’une femme comme si c’était ma première fois. J’osai l’embrasser une nouvelle fois. Prise par surprise, elle se laissa faire. Je descendis vers ses seins moyens. Les miens étaient presque aussi gros. Je le suçotai un moment puis je continuai ma descente vers l’enfer ou le paradis, je ne savais pas trop.
Mon sexe était tendu dans ma culotte. Je fis une pause pour me déshabiller mon tour et repris ou j’en étais resté.
J’écartai ses cuisses. Pour quelqu’un qui n’éprouverait pas de plaisir, je la trouvais plutôt bien excitée au vu des lèvres humides. J’humai son odeur puis je la goutai. Joëlle ne put réprimer un cri de surprise mêlé de plaisir. Instinctivement, elle écarta encore plus ses cuisses. Son sexe m’était totalement offert. Je le léchai, caressai de mes doigts aux ongles vernis avant de les enfoncer doucement dans son vagin. Je décalottai son clitoris que je suçotai. Joëlle se laissait faire sans rien dire. Je levais les yeux vers elle et m’aperçus qu’elle luttait pour ne pas monter qu’elle prenait son pied.
Soudain, un cri retentit dans l’appartement. Un cri de jouissance venant de la chambre de Claudia. Carole, sa partenaire avait succombé aux compétences de son amant. Ce qui ne m’étonna pas outre mesure, après toutes les anecdotes et rencontres que Jean-Claude avait pu faire dans son métier de commercial.
Joëlle me tendit un préservatif. Je le glissai sur ma queue prête à exploser. Je la léchai encore un peu, puis je me positionnai à l’entrée de sa grotte. Je m’y enfonçai doucement, me délectant des sensations. Je profitai au maximum de cet instant présent. Dieu seul savait quand il se reproduirait.
Je fis l’amour à Joëlle qui avait la tête tournée vers la porte, comme si elle attendait que cette épreuve se termine. Peut-être pensait-elle à son mari qui lui faisait l’amour en ce moment, à ma place. Ou peut-être était-ce pour éviter de se laisser submerger par le plaisir.
— Prends-moi en levrette, pour voir, dit-elle.
J’obéis. Joëlle plongea sa tête dans les draps pendant que je la besognai. Je ne résistai pas longtemps et finit par jouir dans mon préservatif.
— Alors ? demandé-je tandis que Joëlle se rhabillait.
— Compétences validées, dit-elle froidement.
Je me demandai malgré tout si cette froideur ne masquait pas le plaisir qu’elle avait ressenti.