Rose effeuillée 7

« Je taime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout » PAS DU TOUT !!!!!!

Nous voilà donc seuls, en face à face, la situation est pénible. En premier je délie les membres de Rose. Je ne crains pas sa colère, elle ne se lancera pas dans une lutte physique trop inégale. Une tentative de délaisser la maison et de me quitter en courant arrangerait mes affaires, mettrait fin à notre gêne réciproque. Au lieu de prendre la fuite, Rose me remercie de la libérer, sourit et cherche à sexcuser :

— Paul, je suis désolée, je naurais pas dû. Je te croyais à Paris.

— Autrement dit, si jétais allé à Paris, tu ne serais pas désolée. Mon absence est donc responsable de ta conduite. Je tourne les talons et aussitôt tu ramènes un amant pour calmer tes chaleurs.

— Ce nest pas ce que je veux dire. Mais comment as-tu su que nous nous retrouverions ici ce soir ? Cest encore cette Sylvie qui te tutoie qui ta

— Ne cherche pas à faire porter ta faute sur les autres. Ce nest pas Sylvie qui ma renseigné, cest moi qui ai fait voir à Sylvie que tu profitais des prétendus cours particuliers pour séduire son mari.

— Ah non ! cest lui qui ma engagée dans cette voie, qui ma demandé de rester plus longtemps avec lui pour ranger ; ce nétait quun prétexte puisque habituellement chacune range ses affaires en fin de séance. Pendant que nous étions seuls il ma fait tellement de compliments de toutes sortes que jai fini de trouver agréable de mattarder.

— Je sais, jai assisté à ses progrès et jai hélas constaté que ses avances te ravissaient. Effectivement jai compris quil y avait quelque chose de louche le premier soir où tu es rentrée après 9 heures. En faisant le tour du quartier, je me suis retrouvé derrière vous, et jai trouvé anormale cette accolade devant limpasse et cette petite course qui suivait comme pour rattraper le temps perdu, car à lévidence, toi-même tu avais conscience dune irrégularité. Le mardi suivant jétais venu pour te raccompagner et cest alors que jai entendu les autres filles dire que tu en pinçais pour Gilles et que tu allais y passer. Je vous ai vus partir comme deux amoureux. Il avait passé son bras sur tes épaules : je ne tai pas vue repousser cette familiarité déplacée. Je suis rentré par le chemin le plus court, celui que tu aurais dû prendre, mais tu as préféré faire le grand tour avec ce bras autour de toi, comme si cétait celui de ton mari.

— Mais pourquoi nas-tu rien dit ?

— Que peut dire un mari à sa femme, quand il constate quelle est amoureuse dun autre et quelle lui cache des choses ? Par exemple, mas-tu dit ce mardi-là que vous aviez échangé plus quune simple accolade au coin de limpasse ? Il se cachait de sa femme, mais de notre jardin jassistais impuissant à cet échange de baisers sur le trottoir, en public, avant que tu ne te dépêches de rentrer en courant pour soulager ta mauvaise conscience sans doute. Et cest ce mardi de ton deuxième gros retard, excusé mensongèrement par une prétendue absence dune Claire, que tu mas annoncé que le généreux professeur te proposait des cours à domicile à lheure où jallais au tennis : cétait cousu de fil blanc. Je tavais vue lembrasser, tu tes payé ma tête en me demandant de ne pas être jaloux ; cest un comble de mépris !

— Tu aurais pu me mettre en garde, au lieu de mespionner comme une coupable.

— Tu recommences à dégager ta responsabilité ? Tu voudrais passer pour innocente ? Oublies-tu déjà que tu as reconnu avoir provoqué Gilles comme tu las déclaré avant son départ ? Je te rappelle, pour le cas où tu laurais oublié, que tu es majeure, mariée avec moi. Si je tavais mise en garde que se serait-il passé ? Tu aurais inventé des subterfuges pour me tromper pendant mes heures de travail par exemple, ou comme aujourdhui quand je devais mabsenter, puisque mon absence, à tes yeux, justifie ta conduite inqualifiable

— Mais si tu maimais tu maurais empêchée en me parlant.

— Nai-je pas exprimé ma désapprobation à propos des prétendus cours à domicile? Tu ten es tamponné le coquillard. Tu as refusé ouvertement de suivre mes conseils. Je tai laissée exprimer tes préférences. Pendant que vous vous couriez après, tu tes mise à me délaisser. Je me suis senti abandonné dabord, puis trahi quand tu as décidé dintroduire ton amoureux dans notre maison hors de ma présence ; alors que déjà vous veniez de vous embrasser et que je vous avais vus, tu tes souciée de mes remarques comme dune guigne. Jai bien compris que ces petits bisous que tu me donnais distraitement sur la joue ne ressemblaient plus à ceux que tu me donnais quand tu maimais, ni à ceux que recevait sur la bouche ce satané suborneur.

— Mais je taime. Quels baisers sur la bouche, quen sais-tu ? Cest du grand nimporte quoi !

— Comment oses-tu encore me dire cela ? Tu nas vraiment honte de rien ! Le premier jeudi, au lieu de me rendre sur le court de tennis, je suis revenu et je vous ai observés depuis la chaufferie.

— Quoi, tu as fait ça ? Cest du propre, fait-elle indignée..

— Parce que ce que vous avez fait était propre à ton avis ? Jai bien observé comment il te pressait de toutes parts et comment tu accueillais ses papouilles sans rechigner. Il frôlait tes fesses et ta croupe reculait pour mieux sentir la caresse. Cest quand il a commencé à fouiller dans ta culotte, que je suis allé en vitesse sauter dans ma voiture pour revenir en klaxonnant. Cétait ma façon de tavertir du danger. Ce soir-là, si je nétais pas intervenu, tu passais à la casserole comme lavaient annoncé tes copines.

Jai fait ce que jai pu pour téviter le pire. Souviens-toi, tu avais rendu les armes. Accepter la pénétration dun doigt dans ton vagin, cest se mettre à la disposition du séducteur, cest lencourager à lunion sexuelle. Quand tu as ouvert la porte, tu étais toute rouge et ton amant, cest comme ça quon peut désigner un homme qui est surpris en train de chatouiller le sexe dune femme, ton amant bandait comme un âne dans son pantalon. Et peut-on croire quon est aimé par une épouse qui se livre ainsi à un autre homme, dans sa maison ?

— Je nai jamais voulu te tromper avec Gilles. Je sais bien que cest toi mon mari.

— Au point que ce soir-là, excitée par ce salopard que tu adores, tu as essayé de me faire lamour pour calmer tes démangeaisons. Jai refusé les restes de ton Gilles. Ses doigts tavaient fait mouiller et tu te serais envoyé nimporte qui, sans honte, y compris ce mari que tu voulais tromper.

— Je ne voulais pas te tromper. Je sais que je me suis laissée embarquer, mais ce nétait pas pour te tromper !

— Tu perds encore la tête. Si tu avais eu lintention de me tromper quaurais-tu fait de plus? Pour ne pas me tromper, tu aurais simplement refusé de continuer ces cours qui ne sont que des prétextes à sévader. Le mardi suivant, pour téviter une tentation supplémentaire, je suis venu te chercher au foyer, les autres filles riaient à gorge déployée en vous quittant, tellement tu affichais ton infidélité publiquement. Que me restait-il à espérer de cette femme obnubilée par le désir de se donner à ce coureur de jupons ? Cest en toute connaissance que tu tes entichée de ce séducteur indélicat. Cest du vice. Le jeudi suivant, jai invité Sylvie et nous avons assisté à ton abandon complet jusquà lintroduction dans ta chatte de son matou.. Cest Sylvie qui est intervenue alors que Gilles te possédait sur la table du séjour. Et tu as dérouillé, mais sans freiner ta fringale de sperme.

Oh ! Mon Dieu ! Tu as assisté à ça aussi ? Que je suis malheureuse !

Malheureuse davoir été vue ou de lavoir fait ? Tu as surtout été malheureuse dêtre dérangée au moment de grimper au septième ciel avec ce chéri, choisi sous mon nez, accueilli en toi devant moi , là sur cette table, dans ce nid damour construit pour nous et que tu as pollué trois jeudis de suite sans te poser la moindre question. Mais cétait de la broutille à côté de vos rapports sexuels de ce soir.Ah ! Si tu tétais posé des questions quand tu as vu que je mentretenais avec Sylvie sous ta fenêtre

Cétait encore un signal pour te mettre en garde. Et mon discours si ridicule sur ton avenir dartiste à propos des travaux de cet atelier prétexte, tu en aurais senti lexagération, si ton seul souci navait pas été décarter tout ce qui pourrait déranger ta partie de cul de ce soir, à bâcler en vitesse, lamentablement, sans aucune délicatesse, avec un mec dont le seul but était de te tirer vite fait, pour ne pas éveiller les soupçons de Sylvie. Tu nas pensé quà la jouissance promise, sans chercher à comprendre les appels de Sylvie le jeudi où elle ta fait jurer de ne plus recommencer ou les miens, samedi encore. Et tu tes empressée à faire ma valise pour être certaine que je laissais la voie libre vers la réalisation sans frein de tes rêves de volupté et de conquête amoureuse dun type qui pourrait être ton père. Une telle obsession ne me laissait aucune chance. Cela fait à peine deux ans que tu mas juré amour et fidélité et, dans mon dos, tu me cocufies sans remords ni regret et il y a pire : tu me mets plus bas que terre, tu me méprises et peut-être me hais-tu ?

Mais non, jai commis une énorme erreur, je le regrette. Je taime. Comment peux-tu affirmer que je méprise lhomme de ma vie ? Jai mal partout . Jétais mal couchée sur le matelas.

Je te remercie de navoir pas utilisé notre couche pour te livrer à tes chienneries.

Tu vois que je te respecte, notre lit est resté intact. Alors pourquoi avoir préparé ce piège, avec ces témoins ?

Peut-être vas-tu comprendre. Un instant

Je vais chercher le magnétophone. À sa vue elle pâlit. Je le pose devant elle sur la table du salon et je lance la première cassette : de leur arrivée jusquà notre intervention, on y parle de « sa tigresse », du cocu content « qui insiste pour que continuent les leçons », de la nécessité de se jeter vite sur le nid damour préparé. Je stoppe la cassette.

Ce nest pas par hasard que vous vous êtes retrouvés ici ; tu le dis toi-même, tu avais préparé un nid damour. Nas-tu pas promis à Gilles de le recevoir dans notre couche ? « Quand je te recevrai dans notre chambre. » Ce soir tu ne livrais quune partie, mais tu viens de tentendre promettre notre lit, cest bien ta voix, nest-ce pas ? Ton respect ne devait donc pas résister au temps, cétait une question de jours, avant que tu réussisses à me déboulonner et à me faire passer à la trappe.

Elle est livide. Que peut-elle opposer à ses propres paroles ? Je continue la lecture de la bande:

— Le pire arrive :  « les chatouilles » , « fais-moi un enfant », « notre secret », « je penserai à toi en le regardant grandir » et les bruits des ébats amoureux.

Elle se bouche les oreilles, ne veut plus entendre son délire.

— Vois-tu, cest ce que je ne pourrai jamais te pardonner. Jamais ! Qui ne voulait pas denfant jusquà présent ? Toi ! Qui ne voulait que des rapports protégés ? Et tu vas demander à cet amour à la sauvette de tengrosser, de garder un enfant qui lui ressemblera mais que ton cocu de mari élèvera sans savoir quil nest pas son véritable père. Peut-on tomber plus bas dans le mépris de son mari ? Cest la preuve qui convaincra le juge des divorces si les photos ne suffisent pas.

— Quoi, tu veux divorcer ? Oh non ! je ten supplie.

— Cest la meilleure solution. Tu ne connaissais quune expression : « Fais-moi confiance ». Quelle confiance pourrais-je avoir en toi ? Samedi, alors que Gilles tavait pénétrée jeudi, tu me jurais que tu maimais. Déjà, ayant assisté à mon cocufiage deux fois, tes paroles me soulevaient le cur. Mais ce que tu as dit là, à propos de cet enfant, cest la pire ignominie. Oui, je veux divorcer, te laisser libre daller avec Gilles qui sera libre puisque sa femme aussi divorce. Et si tu veux le retrouver, va le rejoindre chez ses parents où Sylvie la livré tout nu. Il sera très heureux délever lenfant que tu as accueilli dans ton ventre ce soir en souvenir de votre union.

Cette fois cest un torrent de larmes qui déferle.

— Ton vu sera exaucé, tu vas donner vie à un enfant qui ne sera pas de moi, première satisfaction pour toi, puisque ça fait longtemps que nous prenions des précautions et puisque nous navons pas fait lamour depuis un mois. Il faudrait que tu sois stérile pour nêtre pas enceinte : tu as choisi la période la plus favorable sans utiliser une protection. Il te reste à trouver un autre pigeon pour lélever, ce rejeton que tu as appelé de tes vux. Mais compte sur moi pour renseigner tes prétendants sur les moyens que tu as utilisés pour te faire engrosser.

— Si tu fais ce calcul, cest la preuve que tu ne maimes plus. Ce nest pas possible. Laisse-moi me nettoyer. Ou bien je me ferai avorter.

— Est-ce moi qui tai trahie ? Tu peux te faire avorter quand tu auras quitté cette maison. Jai pris quatre semaines de congés et je vais veiller sur toi en attendant de voir arriver ou ne pas arriver tes prochaines règles. Après je te jetterai à la rue : tu pourras toujours tadresser à ton amant, sil veut de toi ; ce qui métonnerait, vu ses habitudes passées et létat de misère où il va se retrouver grâce à toi et à ta furie amoureuse. Avec un peu de chance, ton enfant lui ressemblera, le malheureux.

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