Hypnotisée par la tablette de chocolat au lait qui se trouvait ouverte sur la table du salon, Louise avait beau se dire que ce n’était pas bien. Sa main n’obéissait plus à son cerveau. Elle fit un effort qui lui parut surhumain. Le papier argenté recouvrait l’indécente provocation. D’un geste plutôt brusque, elle se releva pour ranger loin de sa vue l’attirante douceur. Ses hanches la remerciaient muettement.

Dans un des éléments de sa cuisine, entre les gâteaux et les confitures, les carreaux de sucrerie trouvèrent une place, bien à l’abri de ses regards. Elle débarrassa aussi de la table, le plateau-repas qui contenait les reliefs de son diner. Ensuite elle pressa sur le bouton de la zappette, changeant de chaîne pour voir si un programme pourrait lui convenir. Une à une, elle fit le tour des stations sans vraiment trouver ce qu’elle désirait. Soudain, sur l’une d’entre elles, des images d’un genre osé lui apparurent. Elle stoppa un instant la ronde des programmes et ses yeux coulèrent sur une scène

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L’homme à l’écran, nu comme un ver, s’affairait sur une femme tout aussi déshabillée. Les gros plans n’omettaient aucun détail. Le X rose dans le coin supérieur droit de la télévision, attestait du contenu du film. Louise ne pensait plus au chocolat. Ce qui se passait sous ses yeux attirait son regard et la remuait complètement. Bien sûr, elle avait bien conscience que dans la vraie vie ça n’était jamais comme ça. Les soupirs sonnaient faux. Mais depuis si longtemps que son corps était en sommeil alors, d’un geste rapide, elle enfonça la touche rouge de la télécommande.

L’écran devint instantanément noir. Plus un bruit dans la maison, seul le tic-tac de l’horloge gardait une sorte de vie au salon. La femme assise, les yeux dans le vague, fit un réel effort pour se redresser. Il était l’heure de se coucher. Combien de soirs en ces huit années de solitude, avait-elle repoussé cet instant qui pourtant revenait, jour après jour ? Pas de photographie sur les murs, pas de trace de ce qui avait existé avant le départ de Jean. Après son divorce, elle avait pris un temps infini, déchirant une à une les empreintes imprimées de cette vie qui s’était achevée dans le bureau d’un juge.

D’un côté, celles où elle était seule, de l’autre les morceaux où le visage, le corps de ce sale type apparaissait. Elle avait mis dans des boites de fer-blanc tous les clichés qu’elle désirait garder. Les autres avaient fini dans les flammes orangées de la cheminée. Douze années de vie commune qui se consumaient en quelques minutes, et un bilan plutôt mitigé, pour ce qui en résultait. Si Jean ne la faisait plus vibrer depuis bien longtemps, elle s’était bien habituée à sa présence. Et la solitude avait fait son uvre.

En se levant du canapé, il y avait au coin des yeux de cette femme de quarante-trois ans, comme une larme. C’est difficile de recommencer quelque chose quand on se retrouve isolé. La glace de la salle de bain devant laquelle elle se planta, juste après avoir fait sa toilette, avant de mettre sa chemise de nuit, lui renvoyait le reflet d’une femme fanée. Elle allait fermer le premier bouton du vêtement, quand dans un geste rageur, elle retira et jeta la longue cotonnade sur le carrelage de la salle de bain. Puis d’un pas, qu’elle voulait décider, elle sortit dans la chambre attenante.

Dans l’armoire immense qui lui faisait face, elle extirpa d’un rayon, une autre pièce de vêtement. Elle enfila celle-ci par la tête, la tira vers le bas en se contorsionnant un peu. La chose en nylon, transparente lui allait encore, mais la moulait trop. Les bourrelets qu’elle jugea immédiatement « horribles » l’empêchaient de se sentir à l’aise dans cet écrin fait pour attirer. Elle retourna ainsi vêtue, vers le miroir en pied de la douche. Pas de doute, il lui faudrait perdre quelques kilos pour repasser cette nuisette et bien d’autres vêtements aussi de cela, elle en était certaine !

La nuit portait conseil disait-on ? Louise se leva avec une seule idée en tête. Faire un régime. Et elle comptait bien perdre un peu de ces disgracieuses poignées dites « d’amour ». Après ses ablutions matinales, elle fit le tri dans ses placards, et un sac contenant tout ce qui pouvait la tenter fut mis de côté et rejoignit le garage. Le chocolat et les gâteaux avaient été les premiers à se trouver écartés. C’est donc d’un cur moins lourd qu’elle se rendit au village proche. Son amie Nathalie, Médecin saurait sans doute lui conseiller un bon régime. C’était décidé, elle allait retrouver la ligne.

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Quelques mois plus tard, la femme brune qui se regardait dans la glace avait retrouvé une silhouette élégante. La nuisette, celle qui avait déclenché son sursaut salvateur, cette tunique nocturne coulait désormais sur ses hanches sans entrave. Louise fit un tour sur elle-même, arborant un sourire radieux. La métamorphose était complète. À partir de demain, elle irait faire du shopping, s’offrirait de nouvelles tenues. La décision de sortir la rendait joyeuse. Depuis son divorce, elle avait perdu pied, mais elle allait remettre un peu d’ordre dans sa vie.

Jean lui avait laissé la maison c’était le moins qu’il pouvait faire. Il lui versait une prestation compensatoire confortable et l’héritage de ses parents lui permettait de vivre sans souci matériel. Quelque chose de nouveau, un virage à trois cent soixante degrés s’opérait en elle. Ce que son ex-mari n’avait pas su lui donner, elle saurait bien le découvrir quelque part. Il y avait surement encore un peu d’amour pour elle sur cette terre ! Elle s’en convainquait de plus en plus. C’est d’une humeur légère qu’elle se glissa dans ses draps frais et parfumés. Demain sentait le renouveau.

La femme qui entra chez « Morgan » de la rue Saint Georges de Nancy avait un air bien décidé. À tel point que quelques minutes plus tard, elle en ressortait avec un sac rempli de petites toilettes sympa, selon ses gouts. Elle fit aussi une incursion remarquée chez « Un Jour ailleurs », essayant quelques jupes que beaucoup auraient jugées provocantes, mais ce fut dans la boutique « Rouge-gorge » que son passage devait être le plus animé. La vendeuse qui s’occupa de la cliente vit avec plaisir la pile d’ensembles affolants enfler. Il semblait que cette belle brune renouvelait sa garde-robe dans sa totalité.

Fière de ses achats, Louise passa la moitié de sa soirée à réessayer tous ces jolis « deux-pièces », lesquels donnaient l’impression d’avoir été créés pour elle. Ses seins, qui pourtant n’avaient pas besoin de ces gangues de dentelle, étaient mis en avant par ces écrins aux couleurs chatoyantes. Les culottes de toutes formes apparentées à toutes ces vitrines de poitrine, elles aussi mettaient en valeur une paire de fesses qui auraient laissé rêveurs bien des mâles ! En un mot comme en cent, elle était très belle. Ensuite en souriant aux anges, elle entreprit de porter ses jupes nouvelles.

Louise avait une classe folle. Et quand elle se glissa dans son lit douillet, totalement nue, une sorte d’excitation perverse l’habitait. Elle se retourna mille fois dans ce grand espace, rejetant les draps, sans parvenir à trouver le sommeil. Dans le noir, pas moyen de fermer l’il. Alors, sans réfléchir, elle se releva et revint au salon. La température douce de ce début de nuit d’été la rendait bizarrement nerveuse. Elle alluma le petit écran, s’asseyant toujours nue, sur le cuir fauve du sofa. La matière collait à sa peau. Elle appuya sur le bouton de mise en route de la télé.

Encore des émissions de télé-réalité, dont elle n’appréciait guère les invités. Alors elle fit le tour des chaînes. Bien entendu, elle retomba, mais n’était-ce pas ce qu’inconsciemment elle attendait, sur le programme au X rose ? Cette fois ce n’était pas un couple mixte qui se donnait du plaisir. Non ! Une femme très belle, rousse, caressait une autre femme non moins jolie. La scène retint l’attention de Louise. Elle savait que ça pouvait exister. Mais entre le savoir et le voir tout un monde étrange s’étendait. Le surréalisme des actions la surprit et réveilla en elle des sensations oubliées. Elle se sentit fondre vraiment !

Ses regards ne perdirent pas une miette de ce qui se tramait sur l’écran. L’impression que c’était réel, que ce n’était pas du cinéma s’incrusta dans son cerveau. La rousse avait entrepris une minette à sa compagne. Et la langue qui naviguait sur la chatte entrainait chez la spectatrice une sorte de crampe au fond du ventre. Alors, quand la femme léchée caressa aussi sa butineuse, n’y tenant plus, la brune laissa sa main partir à l’abordage de son sexe. Les yeux rivés sur l’écran, sa main erra un long moment sur les poils pubiens sans vraiment se décider à s’aventurer plus bas. Mais au bout d’un long moment

Le majeur de Louise lissa d’abord une lèvre, courut sur toute la longueur de l’extérieur de celle-ci. Il remonta sur l’autre lippe, toujours sur la face externe. Lorsqu’il redescendit pour un second passage, il était déjà sur l’ourlet encore clos. Mais dès sa nouvelle ascension, les deux lèvres s’étaient entrouvertes, légèrement entrebâillées et suintantes de rosée. La suite s’accommoda des scènes de plus en plus osées du film. Le duo féminin avait à sa disposition quelques joujoux qui faisaient défaut à la brune.

Elle quitta une minute son divan pour se diriger vers la cuisine. Elle prit un verre d’eau, fouilla dans un tiroir, puis ouvrit le réfrigérateur. La chose rouge et longue dont elle se saisit ferait l’affaire ce soir sans doute. Elle ouvrit le robinet d’eau chaude, passa sous le jet la chose et attendit qu’elle soit bien réchauffée. Après l’avoir essuyé consciencieusement, elle revint devant son téléviseur. Les affaires de la rousse et de son amie n’avaient guère évolué. Un long phallus de latex allait et venait, formant comme un pont entre les deux femelles. Elles se donnaient de langoureux baisers, alors que le faux sexe disparaissait dans les entrailles des deux donzelles.

Les fesses des deux demoiselles se trémoussaient doucement, au rythme des mouvements lascifs qu’elles opéraient l’une et l’autre. D’une main tremblante Louise ouvrit la pochette récupérée dans le tiroir. Elle fit glisser lentement la capote sur le légume qu’elle maintenait dans son autre main. Ainsi emmitouflée, la carotte longue et relativement de bon diamètre fut approchée de la bouche entre les jambes de Louise. D’abord, elle la fit coulisser sur les lèvres, suivant ainsi le même chemin que son majeur précédemment. N’y tenant plus, devant les deux autres qui maintenant léchaient chacune le bout de latex que l’autre avait enfoncé dans son vagin, la brune appuya très lentement sur son jouet improvisé.

Cette queue d’un genre spécial entra sans difficulté dans la brèche entrouverte. La mouille abondante qui perlait du sexe permit l’entrée sans douleur de cette bite qui ne risquait pas de débander. Louise eut comme un hoquet, c’était trop bon. Pourquoi avait-elle attendu tellement de temps pour redécouvrir de telles sensations ? Elle lova au plus profond de son ventre cette bite qui, elle, ne prendrait jamais la fuite. Les mouvements de son poignet lui rappelèrent qu’elle avait fait l’amour avec force mais c’était il y avait bien longtemps !

Les cris des deux gouines sur leur lit se mêlèrent aux soupirs de Louise. Elle jouit presque avec elles, sans les quitter des yeux. Ce fut si violent qu’elle lâcha son ersatz de sexe fiché en elle. Ses longues cuisses se serrèrent l’une contre l’autre. Elle les fit battre plusieurs fois pendant son orgasme ou bien était-ce une manière de prolonger celui-ci. Quelle merveilleuse perception de plénitude, quel bonheur de se sentir remplie ! Elle avait fermé ses paupières, n’écoutant plus que ses propres cris alliés à ceux des deux lesbiennes qui prenaient leur pied.

Quand elle les rouvrit, les deux femmes n’étaient plus là, la carotte avait glissé sur la moquette et elle avait froid. Il ne lui restait plus qu’à aller se recoucher. Au moment de s’endormir, des dizaines de sexes d’hommes voletaient derrière les stores de ses paupières. Elle aurait pu rêver aussi qu’elle les suçait tous, l’un après l’autre, mais il n’en fut rien. Cette fois son corps assouvi ne demandait pas son reste et elle plongea dans un sommeil réparateur qui devait l’emmener vers demain.

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Le soleil était haut dans le ciel. Les oiseaux, heureux de vivre, s’égosillaient sur la haie qui entourait la maison. Louise s’étira, chatte à peine sortie du sommeil. Un samedi ordinaire qui débutait. Ordinaire ? Pas vraiment. Finalement son ventre souffrait, de plus en plus, de cette trop longue absence de visite. Les légumes ne remplaceraient jamais le jardinier. Après son café et sa douche, elle prit place au volant sa petite voiture. Direction « la Croisette », une boite à la mode perdue en pleine forêt vosgienne. Le propriétaire venait de changer et la brune avait une subite envie de danser.

Là, la musique était toujours le fait d’un accordéoniste ou d’un bon orchestre, enfin du moins en avait-elle gardé ce souvenir. Mais là encore, c’était de lointaines bribes des jours heureux qui remontaient par bouffées, dans la tête de la jolie poupée bien maquillée qui roulait sur une route très étroite. Si l’établissement de l’extérieur ne semblait pas avoir beaucoup évolué, dès qu’elle eut mis un pied à l’intérieur, elle sut d’emblée que rien n’était plus pareil. Une jeune femme stylée vint à sa rencontre. Dans un uniforme sombre, strict, impeccable, elle souriait à l’arrivante.

Louise apprécia le tailleur de la jeune dame qui maintenant louvoyait entre les rangées de tables, pour l’amener vers une place libre. Libre pour un déjeuner qui s’annonçait comme un charmant prélude à l’après-midi dansant qui était partout annoncé, à grand renfort d’affiches. Le musicien s’appellerait donc Martial Villemain pour cette prestation de « bal musette » qu’attendait un bon nombre de couples. Ceux sagement assis donnaient l’impression d’être là pour des têtes à têtes amoureux ! La plupart des clients avaient largement dépassé l’âge de la jolie Louise.

La salle de bal se trouvait de l’autre côté d’une cloison d’où s’échappaient déjà quelques accords du piano à bretelles. La nourriture était aussi de bon goût, bien que la femme seule ne prenne qu’une salade plutôt légère. Ne surtout pas mettre en danger cette ligne revenue au prix d’efforts non négligeables. Elle picora simplement, sans vraiment se soucier des hommes, qui bien qu’accompagnés lui jetaient de fréquents regards. Plus intéressés par ses formes qu’elle ne dissimulait nullement, que par les épouses ou compagnes qui se trouvaient face à ceux-ci.

Elle attendit sagement que l’heure d’entrer dans l’arène arrive et sans se presser, elle traversa la salle de restaurant, balançant ses hanches souplement. Ses fesses devenaient la cible de tous les yeux masculins et peut-être aussi de quelques-uns plus féminins. Le parquet sur lequel elle débouchait, elle l’avait déjà, à maintes reprises pratiqué avec Jean. Mais cette fois, elle était seule. Les banquettes avaient changé. Celles qui trônaient-là étaient, ou lui parurent en cuir rouge. Elle en choisit une, assez éloignée de l’estrade où un jeune homme en chemise blanche réglait la hauteur d’un micro.

Elle jugea de la bonne assise de ce long siège. Doux au toucher, suffisamment souple, mais tout en restant relativement moelleux, elle ne s’enfonçait pas dans le divan. Tout autour de la piste, d’autres personnes étaient là, femmes, hommes et pas forcément ensemble. D’autres couples avaient, depuis le restaurant, suivi la belle brune qui scrutait son nouvel environnement d’un il discret. Elle crut déceler quelques mâles regards posés sur elle. Mais sans doute se trompait-elle. Pas vraiment des jeunes perdreaux de l’année tout autour dans cette salle de bal elle devait en convenir. Mais elle ne recherchait pas la jeunesse, seulement un cavalier qui la fasse guincher correctement.

La première marche réunissait sur la piste deux ou trois audacieux. Puis le parquet se garnit tout à coup d’une multitude d’anciens qui ne tournaient pas tous en cadence. Une jolie farandole s’instaura. Un monsieur âgé s’approcha d’elle. À sa veste, une pochette démodée, il s’inclina devant la femme qui pour lui, devait encore paraitre très jeune.

Vous m’accorderez bien cette danse ?

Mais bien volontiers !

Il avait déjà saisi sa main et il l’enlaçait en l’emportant dans une marche impeccablement exécutée. Il ne disait rien, se contentant de serrer contre lui sa cavalière. Il était bon danseur et ils firent ensemble la série de danses que l’accordéoniste envoyait avec maestria. À chaque tour, elle passait devant le musicien et celui-ci n’avait d’yeux que pour cette belle brune qui tournait, à pas précieux, en mesure. Les regards étaient si insistants qu’elle les sentit peser sur elle. Le vieux monsieur lui, continuait de la guider sur les accords de ce morceau qui claquait tout autour d’eux. Puis ensuite, l’instrumentiste déroula une série de valses.

L’équipier de Louise, la mort dans l’âme lui avoua honnêtement, ne pas trop apprécier cette danse. Il la lâcha à regret et elle revint vers son petit coin tranquille. Elle passa le reste de l’après-midi à tourner, seule ou accompagnée. Elle retrouvait des sensations oubliées, évitant de se laisser trop vite entrainer par des danseurs parfois un peu trop collants. Aucun ne lui tapait dans l’il, il est vrai que les plus empressés se trouvaient être les plus anciens. Une femme vint la chercher pour une série de slows. Celle-ci avait à peu de chose près son âge. Elle sentait bon, c’était agréable finalement.

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