Le cocu se rebiffe.
Jhabite dans une petite rue, liaison entre une artère passante et une autre rue très peu fréquentée. Quatre demeures de chaque côté donnent sur cette voie. Tous les habitants se connaissent et savent tout de chacun. Ainsi ai-je remarqué depuis quelques semaines le stationnement dune voiture jaune tantôt en début, tantôt en milieu ou en fin de rue, à lheure où je retourne au travail vers 13 heures 50. Encore nest-elle présente que certains jours. Jai relevé sa présence uniquement le lundi et le jeudi. Je demanderai ce soir à ma jeune épouse Louise si elle sait à qui appartient cette auto en stationnement aujourdhui encore juste devant la mienne. Elle na pas de signe professionnel, nest le véhicule ni dun médecin ni dun infirmier par exemple.
A larrêt au stop je constate que la police contrôle les voitures. Zut, jai oublié les papiers dans leur pochette sur ma table de nuit. Je fais demi-tour. Au moment dentrer dans ma rue japerçois Louise : elle court vers la voiture jaune, monte du côté passager, claque sa porte. Que signifie ce départ précipité ? La Clio démarre, je prends son emplacement, me dépêche daller prendre la pochette. Au passage je massure de labsence de ma femme dans la cuisine et je note le parfait état des lieux, la vaisselle est faite, un bouquet de roses rouges décore la table du salon, tombé du ciel après mon départ il y a quelques minutes. Je ne me suis pas trompé, ma femme me trompe !
La Clio jaune quitte le contrôle, la police sen va, il est quatorze heures. Je serai en retard, tant pis. Je veux savoir où ma femme se rend dans la voiture dun inconnu, je les suis. Ils montent au centre de loisirs, sarrêtent à la piscine olympique, y entrent, se dirigent vers la caisse. Je monte au bar dont la baie vitrée donne sur le bassin de cinquante mètres. Je reconnais la silhouette de Louise en maillot de bain. Elle ne sait pas nager, refuse de maccompagner à leau et a toujours prétendu ne pas avoir de tenue de bain. Et pourtant elle porte avec élégance un deux pièces ajusté à ses formes. Elle se dirige vers léchelle en tenant par la main un bel homme à la chevelure brune, athlétique, qui bombe ses pectoraux, fier de guider cette jeune femme. Je rêve !
Dans leau il ne la quitte pas. Ils ont choisi un secteur calme, Louise s allonge dans leau, le type la maintient en surface dune main glissée sous son ventre. Tout est clair : Louise prend des cours particuliers de natation. Elle me réserve une surprise, un jour elle me proposera de lemmener à la piscine et méblouira en nageant mieux que moi. Ce maître nageur vient la chercher à domicile, deux fois par semaine vraisemblablement. Elle aurait pu men parler. Pour linstant sa nage est hésitante. Arrivée au milieu dune longueur, tout à coup elle bat des mains, saffole et son accompagnateur la rattrape, lui sort la tête de leau et la tient contre lui pour quelle se calme. Ils sont face à face dans leau, sans doute ventre à ventre. Louise passe ses bras autour du cou de son sauveur, discute, toujours collée à lui. Leurs têtes se rapprochent et jai la surprise dassister à un baiser de ma femme et de son entraîneur. Veut-il lencourager, mais est-il nécessaire de sembrasser aussi longuement ? Enfin Louise reprend ses mouvements. Elle sarrête de plus en plus fréquemment, embrasse lhomme et continue.
Vingt minutes plus tard, main dans la main comme mari et femme ils retournent au vestiaire, je vais me placer à lextérieur pour assister à leur sortie. Ils ne retournent pas à la Clio mais vont au casino, taquinent les bandits manchots, reprennent leur chemin et sengouffrent dans un cinéma. Je retourne au travail, retarde dune heure pour une semaine ma reprise de laprès-midi, je range mes affaires avec vingt minutes davance et je vais me poster à lentrée de mon quartier. A 16 heures 53 la Clio dépose Louise devant la maison et sen va. Je la suis pendant 1 500 mètres. Elle stationne le long du trottoir devant un immeuble à étages. Je me range derrière la Clio et volontairement jentre tout doucement dans son pare-choc. Le conducteur sort, inspecte sa voiture, la mienne. Je le rejoins, présente des excuses.
— Ce nest rien, il ny a pas de dégâts. Inutile détablir une déclaration daccident.
-Voyez votre garagiste, mon assurance prendra en charge les frais sil y a lieu. Pouvez-vous me donner vos coordonnées.
Ma victime se nomme Rodolphe Marche, habite dans cet immeuble. Pour lui, je suis André Doudut, avec un » t », jhabite dans la ville à une adresse quil ne vérifie pas. Je men vais. A la maison, dans notre appartement de létage, Louise chantonne, arrange dans un vase des roses rouges achetées cet après-midi pendant les courses.
Comme jai menti en donnant une fausse adresse à Rodolphe, elle me ment sur lheure darrivée et lorigine de ces fleurs, offertes à coup sûr par Rodolphe. Elle est douce, joue à lamoureuse, membrasse tendrement, mannonce pour la soirée des jeux amoureux. Hélas, je dois rendre une visite à un collègue de travail. En réalité je vais réfléchir dans un bar où jinvoque lesprit de la bière. A minuit je retrouve une épouse endormie. Elle a un amant, entraîneur, compagnon de jeu, accompagnateur, taxi et que sais-je encore. Jattendrai d avoir fait le point sur notre situation pour redevenir éventuellement son mari. Sils ne prennent pas de précautions lautre peut lui faire un enfant, je nen serai pas le père. Pour moi, plus détreintes, plus daccouplement aussi longtemps que durera une probable liaison. Après javiserai
— Ce midi je mangerai à la cantine.
Louise me regarde avec étonnement. Le mardi je mange habituellement avec elle. A treize heures trente je suis arrêté à proximité du domicile de Rodolphe. Jai mon caméscope. Sil rencontre Louise, je filmerai. Il roule devant, prend une direction inattendue, se range le long dun trottoir et attend. Un homme sort dune maison. Je lance mon caméscope. Rodolphe bouquet de roses rouges en main pénètre dans la même maison, revient à son volant, bientôt suivi dune blonde bien en chair. Il prend la route du centre de loisirs, entre à la piscine, donne un cours de natation à la blonde pulpeuse curieusement vêtue dun maillot de bain deux pièces identique à celui de Louise hier. La séance ressemble fort à celle de la veille avec ma femme. Du bar je filme discrètement les arrêts et les baisers dans leau. Ensuite je filme le couple au casino. Tiens, au lieu daller au cinéma, Rodolphe conduit la dame dans un hôtel. Que peuvent faire dans un hôtel, laprès-midi, un homme et une femme ? Jen ai assez filmé pour ce mardi. Je retourne au domicile de la femme adultère, note ladresse et le nom du mari. Quelques minutes avant dix-sept heures une Clio dépose une blonde aux cheveux défaits devant sa porte.
Ce Rodolphe a du succès. Ce soir jai un terrible mal de tête, je ne peux pas faire lamour à Louise. Le lendemain mercredi à treize heures trente jattends Rodolphe, je le file. Jassiste au départ dun probable mari, à loffrande dun bouquet de roses rouges et à lenvolée avec le galant dune rousse à gros seins. Je filme la séance à la piscine, la demi-heure au casino, lentrée au cinéma puis la sortie. Tout est réglé comme du papier à musique. La dame rousse précède de peu le retour de son mari. Si mes observations se confirment, demain, jeudi, la voiture jaune sarrêtera devant notre maison. Rodolphe a établi un cycle : ma brune le lundi, une blonde le mardi, une rousse le mercredi, le jeudi est pour Louise, le vendredi pour la blonde et le samedi ou le dimanche pour la rousse. Il a conduit la blonde à lhôtel le mardi, les deux autres au cinéma le lundi et le mercredi. Il y a fort à parier que Louise finira son jeudi après-midi à lhôtel. Je pourrais enrayer son programme en restant chez moi le jeudi après-midi. Je préfère vérifier de visu. Donc le jeudi je filmerai les allées et venues de Rodolphe et Louise. Ensuite il me suffira de filmer le séjour de la rousse à lhôtel samedi. Si tout se passe comme calculé, je ferai avec Louise une mise au point dès lundi et jai mon plan pour déranger le train-train de ce séducteur.
Voilà la Clio, Louise sortie, rebrousse chemin en courant avec un nouveau bouquet rouge avant de monter dans lauto jaune. Piscine, casino et hôtel se succèdent. Le passage au casino dure un quart dheure de plus et les complices se précipitent vers lhôtel pour rattraper le temps perdu. Louise nhésite pas, agit comme une habituée. Inutile dattendre la sortie. Ce soir je travaillerai plus tard, cest arrangé avec mon contremaître.
Je nassiste pas au retour du couple. Quand je rentre vers vingt heures Louise mattend, me sert mon repas puis se dit fatiguée et va se coucher. Elle ne supporterait pas de faire lamour, et je dois être capable de la comprendre puisque ni lundi, ni mardi, ni mercredi je nai été en état de la satisfaire.
— Tu te venges ?
— Si ça te fait plaisir de le penser, ce net pas gentil, mon amour.
La blonde verra un film le vendredi. La rousse se rendra à lhôtel le samedi. Jai désormais de quoi faire un montage assez simple. Je confie mes prises de vues à mon ordinateur, je laisse apparaître les dates. Quand jaurai tout filmé, six copies sur DVD vont faire des heureux.
Lundi, je fais un faux départ et je minstalle dans la rue voisine. Jobserve. Rodolphe débarque avec son bouquet de roses rouges. Louise ma expliqué que lachat de fleurs de qualité, bio, garantissait au bouquet une longue vie. Le troisième bouquet en huit jours crée lillusion de fleurs impérissables. Jai fait semblant de gober lexplication. Il y a du nouveau, Rodolphe sest reposé le septième jour et aujourdhui, malgré la présence de belle maman au rez-de-chaussée, il pénètre dans la maison. Jy vais aussi, sans me presser. Je ne fais pas de bruit, jattends à la porte du salon. A lintérieur on discute tranquillement. Louise rit de plus en plus souvent, de plus en plus fort. Jentre.
Louise tente de quitter les genoux de Rodolphe. Lui dune main posée entre ventre et cuisse la maintient assise, dit
— Reste, pourquoi teffrayer. Nous ne faisons rien de mal.
La pâleur de Louise dit tout le contraire, mais elle obéit.
— Tu es le mari de cette chère Louise. Évidemment, qui dautre se permettrait dentrer sans frapper. Mais, je te connais
Louise me sauve
— Tu as vu notre photo de mariage
— Ah ! Oui. Mon cher ami tu as fait un beau mariage. Je regrette de navoir pas pu y assister. Jétais sur la liste des invités de Louise en qualité dami ancien et dex fiancé, abandonné à ton profit, Heureux Jean
— Jignorais, cher Rodolphe.
Je viens de létonner. Il mobserve un instant.
— Je te remets, chauffard. Le garagiste ma rassuré. Quel hasard. Louise, ton mari a heurté mon pare-choc, il y a quelques jours
Louise est soulagée. Elle sait pourquoi jai appelé son amant par son prénom. Elle voudrait quitter les genoux, mais il la retient.
— Ma chère Louise, soyons honnêtes. Que veux-tu dissimuler. Jean ne soffusque pas de te voir ainsi assise, nest-ce pas ?
Je ne réponds pas, jobserve toutefois que les jambes de ma femme sont à califourchon sur une cuisse de lami, comme si elle était à cheval. De légers mouvements davant en arrière et darrière en avant sur la jambe de lhomme lui ont redonné des couleurs, malgré elle.
— Cher Jean, un jour je suis venu me faire pardonner mon absence à vos noces. Louise a bien voulu passer léponge. Depuis nous nous sommes revus. Souvent elle sennuie à la maison quand tu travailles. Nous avons donc passé un accord. Comme je travaille habituellement du matin, je consacre deux après-midi à mon amie chaque semaine.
— Je me demande pourquoi Louise ne men a jamais parlé.
Le malin a réponse à tout. Louise ne saurait que dire.
— Par délicatesse. Elle ne veut pas toffenser, craint une manifestation de jalousie, veut ménager ta susceptibilité. Oui, cest une âme délicate.
Il se fout de moi. Une femme qui se fait tripoter à la piscine, qui couche avec lui à lhôtel et qui est surprise assise sur ses genoux à la maison est une âme délicate ! Il continue
-Vois comme elle souffre de cette révélation. Pourtant je mévertue depuis des mois à lui faire comprendre quelle ne te vole rien quand elle me reçoit en ton absence. Ce quelle maccorde ne te prive de rien, car à linstant où elle me loffre tu es dans limpossibilité den profiter.
— Cest évident. Mais
Il me coupe :
— Voilà, chère Louise, ton mari est daccord. Tu lui appartiens chaque jour vingt-quatre heures et nous ne nous retrouvons que cinq ou six heures par semaine. Pendant ces heures je te console, je te donne laffection quil ne peut pas te donner à cet instant, je suis son substitut. Tu as besoin dêtre écoutée et je te prête mes oreilles, tu as besoin de signes daffection et je tembrasse tendrement, ton corps aime les contacts et mes mains te caressent, touchent ta peau. Tout cela ce sont des marques damitié.
— Soit, mais je suis là, il me paraîtrait normal de prodiguer ces soins à ma femme moi-même.
— Tu es certainement venu chercher un objet oublié. Tu es ici pour quelques minutes et tu vas retourner au boulot. Tu es donc là sans lêtre vraiment, ton emploi du temps te déclare absent
-Admettons, je ne suis pas là vraiment. Je massieds dans ce fauteuil, je me tais et je regarde ce que vous faites le lundi de 14heures à 17 heures. Essayez donc de me montrer comment vous agissez lorsque le mari travaille.
— Quelle chance tu as Louise. Ton mari est supérieurement intelligent et compréhensif. Ne crois-tu pas que nous pourrions satisfaire sa curiosité, sans tricher, sans limites. Jean, ai-je bien entendu ? Tu veux voir tout et jusquoù nous nous amusons pour occuper ces rares heures
Je fais oui de la tête.
— Nous alternons les sorties, piscine, patinoire, casino, cinéma et les jeux dintérieur surtout ceux qui unissent deux êtres qui sestiment. Permets-nous de te montrer le plus et tu imagineras facilement les exercices plus simples.
Louise na pas lair rassurée. Cependant lorsque Rodolphe la fait agenouiller entre ses jambes et désigne sa braguette elle obéit immédiatement. Ses doigts ouvrent le pantalon, extraient une verge de belle dimension.
— Ma chérie, (car tu es absent, elle est à moi), ma chérie montre combien tu aimes ma grosse queue, fais moi une merveilleuse fellation.
Sans un regard pour l « absent », Louise manipule une hampe de plus en plus importante dont elle commence à lécher le gland surdimensionné. Les dimensions exceptionnelles de lengin ont compté autant que le baratin de son ex fiancé : elle est persuadée que ce que jappelle adultère, nest pas une tromperie. Elle est mariée avec moi, elle mest dévouée quand je suis avec elle. Mon absence fictive en ce moment justifie pleinement ses gestes. Elle avale avec difficulté le chibre, mais elle y met tout son cur. Une main caresse ses cheveux. Rodolphe me fait un signe, attire mon attention avec malice, lance lautre bras par-dessus le corps penché sur son sexe, saisit le bas de la robe, le tire à lui et découvre la croupe de ma femme. Je cherche mais je ne trouve pas : Louise ne porte pas de culotte. Ce na jamais été une habitude. Tout change quand je suis absent.
— Bien, si nous nous rendions caresse pour caresse.
Rodolphe sallonge parallèlement à la table, sur le tapis de laine, Louise se place au-dessus, toujours avec lintention de le reprendre en bouche. Les voilà engagés dans un soixante-neuf formidable. Ils font absolument abstraction de moi, se lèchent, se sucent, se masturbent, sarrachent des grognements et des plaintes. Je vais chercher mon appareil dans le living. Mon déplacement passe inaperçu. Je les filme. Louise doit se coucher sur le dos. Rodolphe lève ses deux chevilles, place son énorme manche à lentrée du vagin et descend, descend. Il ne peut sempêcher de regarder l « absent », il triomphe. Que je sois présent ou non, son regard me dit :
— Jai la plus grosse, je suis le meilleur et je baise ta femme quand je veux.
Il remarque mon caméscope et brutalement sarrache à létreinte du con en transes et sécrie
— Non, tu es absent, tu ne peux pas filmer.
— Tu as raison, continue à sauter la femme de labsent. Jai compris ce que vous faites et je me retire. On mattend au travail.
Je ne comprends pas pourquoi Rodolphe dit nerveusement
-Ne pleure pas, mon ange.
Le soir, Louise mattend, repeignée, maquillée. Je repousse ses baisers, je refuse de lui adresser la parole après une phrase lapidaire
— Désormais considère que je suis transparent, invisible, absent comme cet après-midi.
Elle finit par se décourager et sort. Quelle aille au diable ou à Rodolphe si elle veut. Sa soumission au séducteur est un signe de crédulité qui frise la bêtise ou la preuve dune dépravation irréversible. Se laisser prendre par son ex devant moi en niant ma présence demande une dose de vice hors du commun. Je termine mon film, mes DVD sont complétés.
Le lendemain à midi, avant le passage de Rodolphe, je me rends chez la blonde. Son mari me reçoit, je lui remets un DVD pour lui et un pour son épouse, à voir ensemble ou séparément. Jai la chance de trouver le mari de la rousse qui tient son mari amoureusement par le cou. Ils accueillent avec étonnement mon cadeau. Je précise à chaque couple que je suis le mari de la brune qui apparaît dans le film. En fin de DVD jai mis les noms et adresses des trois dames.
A mon retour, Louise se met à genoux devant moi, me supplie doublier ses erreurs. Je charge son ordinateur, je lui demande de sécher ses larmes pour bien observer toutes les scènes filmées. Je fais ma valise et quand elle a fini de regarder mon film, je lui souhaite bien du bonheur avec Rodolphe.
— Pourquoi me dis-tu que cest un salaud ? Ques-tu toi qui le recevais en secret depuis des mois.
— Ne pars pas, je suis enceinte, je nai pas eu mes règles.
— Bébé conçu en mon absence.
— Je ne comprends pas pourquoi tu mabandonnes.
— Cest précisément parce que tu ne comprends pas, que je te quitte
Rodolphe a fui trois furies et vit loin, très loin.