Les sabots de la jument soulevaient la poussière blanche du sentier que la chaleur avait rendu plus sec qu’un pain de dix jours. Un soleil de plomb sévissait depuis le milieu de matinée, et Adria somnolait à demi bercée par le pas lent de sa monture écrasée elle aussi par la chaleur. Adria avait fait une halte pour se restaurer et abreuver sa jument et avait repris le chemin vers le sud.

Elle n’avait croisé que de rares paysannes affairées aux champs. Le Temple des Déesses n’était plus qu’à quelques lieues, elle y demanderait l’hospitalité pour la nuit après s’être entretenue avec Valindelle la grande prêtresse. Adria se versa un peu d’eau de sa gourde sur le visage pour se réveiller, donna un coup sec des talons et la jument se mit au trop non sans rechigner. Elle força l’allure jusqu’à atteindre les bois du vaste domaine du Temple. Elle s’engagea dans le sentier et fut soulagée de trouver l’ombre fraiche des sous-bois. Après deux heures de cheminement elle déboucha des bois sur une grande plaine jaunie par le soleil. À l’horizon entre deux collines, se détachait, à peine visible le Temple des Déesses

Les traces de sabots étaient fraiches. Yuri se redressa et regarda les traces qui disparaissaient dans les bois. Elle remonta sur sa monture et reprit sa route.

Le Temple était immense. Un rempart de dix mètres flanqué d’une douzaine de tours le protégeait. Les surs et prêtresses étaient aussi des guerrières et leur ordre était neutre, ne prenant parti ni pour la Nostria, ni pour la Sustria. Aussi devaient-elles assurer leur propre sécurité, même si des traités de non-agression avaient été signés. Adria se présenta devant la double porte massive surplombée par le poste de garde.

Une tête casquée apparut entre deux créneaux.

— Qui va là ?

— Je suis Adria, générale des armées de Nostria, je viens m’entretenir avec la grande prêtresse.

Un moment qui sembla interminable à Adria s’écoula jusqu’à ce qu’enfin les battants de la porte ne s’ouvrent. Deux gardes l’accueuillirent, toutes deux très grandes couvertes de mailles de la têtes aux pieds, un casque à nasale sur la tête et armées de longs cimeterres.

— Veuillez descendre de cheval Générale, nous allons vous escorter.

Une jeune femme prit la jument par le licol et s’éloigna vers les écuries.

— Suivez-moi.

Adria emboita le pas d’une des gardes. Une femme à la peau noire, même si son harnachement ne laissait que peu de peau visible. Adria avait souvent combattu ce genre de femmes. Elles étaient redoutables. Elle se souvenait aussi d’une fois, sous sa tente de Générale en campagne, avoir passé la nuit avec une de ses lieutenants. Une belle Africaine à la peau d’ébène. Elle se souvenait encore du parfum musqué de son sexe, de ses lèvres douces et pulpeuses et surtout de sa soif inextinguible de sexe. Infatigable.

Elles traversèrent un immense jardin pour aboutir devant les portes du temple. La garde fit signe à deux disciples d’ouvrir et elles entrèrent.

L’intérieur était magnifique. D’innombrables statues de déesses, de guerrières, de nymphes se tenaient là dans l’immense salle de l’hôtel. De nombreuses tapisseries également, certaines représentant des combats de masse, d’autre des scènes orgiaques, d’autres des femmes se faisant la cour. Tout le tour était parsemé d’alcôves toutes illuminées de centaines de bougies, changées en permanence par nombre de disciples et de surs vêtues de pagnes blancs, poitrines nues et cheveux tressés en une longue natte. Des murmures et des râles de plaisir et de jouissance s’échappaient de chaque alcôve emplissant la salle d’une sorte de musique diffuse qui semblait maintenir une atmosphère sexuelle permanente.

Devant elles se tenait la grande prêtresse agenouillée au pied une immense statue de la Déesse Sapho. Tout comme les disciples, la prêtresse était vêtue d’un pagne, le sien doré, et arborait, nue, une fière poitrine, ces cheveux rouges coiffés en une interminable natte, son beau visage, parsemé d’une multitude de petites taches de rousseur, des pommettes saillantes, une bouche charnue, et des yeux verts magnifiques. Adria fût immédiatement sous le charme. Elle n’aurait su dire quel âge avait la prêtresse, on lui prêtait des pouvoirs magiques, et d’aucuns disaient qu’elle avait plusieurs centaines d’années. Si ceci était vrai, la grande prêtresse Valindelle ne faisait pas plus de quarante-cinq ans. Celle-ci se releva et se tourna vers les nouvelles venue.

— La générale Adria de Nostria "mon Amour".

Entendant la garde ainsi s’adresser à Valindelle, Adria se souvint d’un seul coup que pour s’adresser à la grande prêtresse il était d’usage de l’appeler mon amour, car elle était la représentante sur terre de l’amour de la déesse Sapho.

— Merci sergent, vous pouvez aller.

La grande guerrière noire s’éloigna.

Se remémorant le protocole, Adria se mit à genoux devant Valindelle et lui embrassa ses deux jolis pieds, puis se relevant, lui prit les deux mains les baisant tour à tour, puis embrassa les deux seins et fini par un chaste baisé sur la bouche.

Valindelle sourit.

— Il est agréable de voir que vous vous conformez au protocole Générale.

— J’ai grand respect pour les traditions et eus.

— Je sais Générale Adria, je vous connais. Je vous suis depuis longtemps. Je vous attendais.

Quelque peu surprise Adria voulu parler mais Valindelle continua.

— Ne soyez pas étonnée Adria, puis-je vous appeler Adria ? On me prête de nombreux pouvoirs surnaturels, et certains sont réels. Je peux observer le monde à ma guise lorsque j’entre en transe. Je vous ai vu évoluer, grandir, souffrir, rire… Vivre. Vous avez un destin hors norme, et si je vous attendais pour enfin m’entretenir avec vous, il n’en reste pas moins que vous amenez de par votre quête la mort et la désolation ! Vous êtes en quête de la statuette sacrée de Sapho.

Reprenant ses esprits Adria continua.

— C’est là en effet mon but "mon Amour", je dois le faire pour ma Reine et…

— Ta reine se trompe si elle croit réussir à détruire sa rivale avec le pouvoir de la statuette. Saphilia elle aussi la convoite, le sais-tu? Ces deux femmes conduiront leurs royaumes à leur perte, car le pouvoir de cette statue ne peut-être utilisé, si tant est qu’elle accepte d’être utilisée, que pour ramener l’amour, l’ordre et l’harmonie entre toutes les femmes de cette île.

Adria fut surprise du tutoiement soudain de la prêtresse.

— Ma reine ne m’a rien dit de tel. Elle m’a parlé d’un artefact puissant, d’une arme qui…

— Ta reine est une mauvaise femme ! Elle ne voit que son intérêt et est prête à tout pour arriver à ses fins, et l’autre reine ne vaut guère mieux. Je les ai avertis il y a longtemps de cela, lorsqu’elles étaient encore jeunes Reines. J’ai voulu les faire se rapprocher dans une rencontre que j’avais organisée ici en terrain neutre. J’ai tenté de les attendrir et de les faire s’aimer, même de les faire tomber amoureuses, pensant y arriver grâce à mes pouvoirs, je me suis sur-estimée, quel manque d’humilité, j’ai lamentablement échoué. Seul le pouvoir de cette statue pourrait y parvenir. Je la cherche depuis longtemps moi-même, et c’est récemment dans une transe que je l’ai vu, dans un temple sous une montagne. Pourquoi n’avais-je eu cette vision plus tôt ? Tu dois la retrouver Adria, mais pas pour servir ta reine, pour sauver des milliers de vies et ramener la paix. Sais-tu qu’à l’instant ou je te parle Lilithia sait que tu caches la sur cadette de Saphilia dans votre demeure ? Dès que tu rentreras tu seras arrêtée pour trahison, et tu sais comment sont jugées les traitresses…

— Par toutes les déesses Mina !

— Ton épouse ne risque rien même si elle est captive. Lilithia a tout intérêt à la garder sauve. Par contre toi…

Mina était perdue dans un recueil de poésies, elle avait du mal à se concentrer sur ce qu’elle lisait. Elle fût soudain tirée de ses pensées par le bruit de chevaux dans la courre de la villa. Elle se leva vite et couru, Adria était revenue.

Elle stoppa net sa course arrivée sur le perron de la porte. Une trentaine de soldats de la garde Royale se tenaient dans la courre et Mina devina qu’au moins autant se tenaient à l’extérieur. Une capitaine son casque au plumet noir et blanc fièrement vissé sur sa tête parla du haut de sa monture…

Effondrée Adria ne contenait plus ses larmes. Valindelle s’approcha d’elle et prit le beau visage d’Adria dans ses mains et déposa un baisé sur son front.

— Ne désespère pas Adria, place ta confiance en Sapho, en moi, regarde-moi.

Adria plongea son regard dans celui de Valindelle. Le regard vert persan l’hypnotisa presque instantanément. Il semblait d’une profondeur infinie, elle y vit l’amour dans toute sa splendeur et un profond désir charnel pour cette femme monta au creux des reins d’Adria. Valindelle prit Adria par la main et l’emmena derrière l’hôtel, elle écarta les lourds rideaux de velours pourpres qui dissimulaient une grande alcôve. Tout comme dans les autres, une multitude de bougies diffusaient une lueur douce et chaude. Un parfum de subtiles encens planait au-dessus d’une couche aux draps de soie rouge. Deux disciples entrèrent, dévêtirent Adria puis se retirèrent. Valindelle défi son pagne découvrant une toison de feu. Une fiole à la main elle commença à oindre le corps d’Adria ainsi que le sien d’une huile parfumée, envoutante. Elle s’attarda sur les seins un long moment puis sur les fesses. Adria se laissait porter comme dans un rêve éveillé. Les parfums lui tournaient la tête, et elle ne pouvait détacher son regard de Valindelle.

Entre chaque caresse, Valindelle déposait des baisé sur la peau d’Adria, le cou, les seins, les fesses, les pieds, les joues, les paupières… Chaque baisé électrisait Adria et la soumettait plus encore au désir montant.

Puis Valindelle se plaça derrière Adria collant son corps luisant contre elle, lui prit la tête l’inclinant vers elle et l’embrassa sur la bouche. Bientôt la langue de la prêtresse força les lèvres d’Adria et s’engouffra pour y chercher sa jumelle. Les deux langues dansèrent lascivement l’une autour de l’autre, échangeant leurs salives suaves. Adria sentit la main de Valindelle passer sur son ventre et descendre doucement vers son sexe blond. Trouvant rapidement son clitoris après un doux massage de ses lèvres. Elle se laissa masturber ainsi plusieurs minutes sans briser leur baiser. Puis Valindelle coucha Adria sur le dos et vint se mettre sur elle, écrasant sa poitrine sur la sienne et en l’embrassant à pleine bouche. Leurs sexes s’épousèrent et les deux femmes commencèrent à se frotter lascivement. Leur étreinte s’accentua au fur et à mesure des vas-et-vient, chacune essayant de se serrer plus encore, comme si elles voulaient se fondre et ne devenir qu’une. Une intense chaleur et atmosphère sensuelle s’installèrent petit à petit.

Les gémissements des deux femmes faisaient écho et se mêlaient à ceux des autres alcôves. Leurs jambes mêlées leurs sexes s’embrassant leurs seins et leurs bouches soudées, les deux femmes s’étreignirent ainsi longtemps, Adria en perdit la notion du temps. Et plus l’étreinte durait plus elle voulait continuer comme si l’orgasme était continuellement repoussé. Puis Valindelle se redressa, s’allongea sur le dos et fit s’assoir Adria sur son visage. Une langue experte parcourut sa chatte, une bouche dégustait, non dévorait ses lèvres et son clitoris. La langue entrait, sortait se promenait partout dans l’entre jambe et s’aventura sur sa rondelle puis y pénétra alors que plusieurs doigts commencèrent à pistonner son vagin. Une vague gigantesque prit Adria qui explosa dans un cri de jouissance qui résonna dans tout le temple. Ne la laissant pas respirer Valindelle se mit debout, prit la tête d’Adria à deux mains et la plaqua sur son sexe. Adria la dévora y introduisant son nez, sa langue titillant l’anus par intermittence puis revenant vers le clitoris elle introduisit un doigt dans l’anus de Valindelle.

Celle-ci entra en transe. Elle se mit à marmonner, tout en gémissant, dans une langue inconnue, et accentua la pression sur la tête d’Adria. Une force incroyable maintenait Adria ainsi et elle n’aurait pu s’en défaire même si elle avait voulu. Elle savait qu’elle devait la faire jouir. Valindelle continuait ses gémissements et marmonnements soudain sous l’acharnement et la voracité du traitement d’Adria les yeux de Valindelle se révulsèrent, elle se cambra dans une pose surnaturelle et explosa d’un râle inhumain qui semblait venir d’un autre univers. Une véritable douche s’abattit alors dans la bouche et sur le visage d’Adria qui accueillit le nectar avec délice. Le cri de jouissance de la grande prêtresse semblait résonner encore dans le temple et avait fait taire tous les autres. Toutes deux épuisées les deux amantes se lovèrent et tombèrent dans un profond sommeil.

— Par ordre de la Reine Lilithia de Nostria je viens forte de son autorité arrêter la princesse Lyne de Sustria dite Mina.

— Il n’y a pas de Princesse ici Capitaine seulement notre maîtresse et femme de la générale Adria.

Mynca, la fidèle sergent d’Adria, s’était avancée. Elle était responsable de la sécurité de Mina et du domaine, et même si elle ne commandait que dix soldats, elles étaient toutes vétérantes et avaient juré après leur service de vouer le reste de leurs vie à Adria et sa femme. Des soldats d’honneur.

— Votre maîtresse n’est autre que Lyne, sur cadette de Saphilia, l’ennemi de notre reine bien aimée. Vous le savez très bien sergent. Livrez-la-nous et nous vous laisserons en paix. Vous avez la parole de la reine.

Patricia une armoire à glace fidèle des soldats d’Adria fit un signe discret à Mina de rentrer dans la villa. Mina recula doucement.

— Qu’en pensez-vous les filles ?

— Moi je dis qu’y a pas de princesse ici sergent et toi Trickie qu’est-ce que t’en dis ?

— Si y a une princesse ici Maria, je veux bien coucher

Toutes les gardes d’Adria éclatèrent de rire.

— Je vous préviens sergent. Si vous résistez il n’y aura pas de quartier. Vous n’êtes qu’une poignée.

Le sourire de Mynca s’effaça.

— Une poignée ouais Capitaine ! Mais cette poignée vaut cent de vos soldats, vous le savez mieux que quiconque. Partez cela vaut mieux, et dites à votre Reine qu’il n’y a pas de princesse ici.

La capitaine secoua la tête d’un air désolé.

— Vous savez que je ne peux pas faire ça sergent, je vous demande de bien réfléchir. Vous voulez vraiment mourir pour une princesse ennemie ?

— Non mon capitaine, mais pour la femme de ma Générale, oui !

Un air de tristesse et de résignation passa dans les yeux de la capitaine.

— SECTION !

La garde royale abaissa ses lances de concert et Mynca et ses soldats dégainèrent leurs glaives .

— A L’ATTAQUE !

Un combat furieux s’engagea alors. L’expérience des soldats d’Adria se ressentit très vite, en peu de temps une vingtaine de gardes royales étaient à terre, mortes ou hors de combat, trois de soldats d’Adria avaient succombé et comme l’avait deviné Mina d’autre gardes se trouvaient hors de la villa et arrivaient par le porche. Patricia faisait de grands moulinets, armée de deux glaives elle assénait de grands coups tout autour d’elle et les gardes royaux avaient du mal à s’en approcher sans se faire estourbir ou tuer aussi elle était tenue en respect à distance grace à leurs longues lances et c’est ensemble qu’elles la chargèrent la transperçant de toutes parts. Patricia emporta avec elle deux de ses assaillantes ôtant la tête de l’une, et transperçant l’autre. Avec les vagues successives de renforts bientôt Maria, Trickie et les autres succombèrent sous le nombre. Seule restait Mynca qui faisait des merveilles encore debout, blessée au visage et à la cuisse, elle fût bientôt encerclée.

— Sergent rendez-vous !

— Je pourrais faire ça toute la journée Capitaine . MINA FUYEZ !

Une volée de flèches firent taire la sergent Mynca qui tomba à genoux, puis de tout son long.

La Capitaine leva les yeux et fit un hochement de tête aux cinq archers qui s’étaient postés sur le toit. Elle descendit de cheval pour examiner les corps de ses adversaires. Toutes avaient le tatouage de la légion d’Aria, tout comme elle. Retournant le corps de Mynca elle sentit des larmes lui monter en voyant le visage de son ancien sergent. Mais se reprenant,

— Allez me chercher la princesse…

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