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Histoire sur une île imaginaire -Les Jumeaux- – Chapitre 3




— Vivi ???!!! Quest-ce que … ? De quoi ???? Tu, as…

Emma vient d’apprendre par Victoria qu’elle avait couché avec son jumeau.

Et puisque les choses n’étaient pas assez compliquées comme ça, celle-ci voulait partir pour étudier sur l’île d’à côté.

Victoria continue son histoire.

Le lendemain de la tentative de suicide de son frère jumeau, Victoria avait exigé qu’elle dorme avec son frère. Elle voulait le surveiller. Et ni le père, et encore moins la mère ne s’y opposèrent.

Il n’y eut que Tommy qui ne voulait pas dormir avec sa sur. Ils étaient grands désormais, plus des enfants. Mais petit à petit, la situation semblait s’arranger. Tommy retrouva le sourire. Victoria passait le plus clair de son temps avec son frère. Elle apprit même à danser avec lui. Elle qui n’aimait pas danser, mais pour lui, elle fit une exception.

La situation parut redevenir stable. Suffisamment pour que la mère redevienne telle qu’elle était auparavant. Au grand dam de sa fille.

Un jour, Tommy se brouilla avec sa mère pour une histoire stupide. Elle avait insisté pour qu’il arrête d’agir en enfant immature. Suite à cet échange houleux, il retourna se cloîtrer dans sa chambre. Vivi le rejoignit aussitôt. Et ensuite…

Emma se taisait. Elle ne savait plus où se mettre. Victoria épargna les détails, mais elle admit qu’elle offrit sa virginité à son frère jumeau.

Elle n’avait pas besoin de raconter la première fois qu’elle embrassa son frère. Encore moins comment ils s’étaient donnés l’un à l’autre.

Emma bafouilla quelque chose avant de devoir partir. Et tandis que Victoria retournait chez elle, elle se remémore ces paroles, concluant que même sa meilleure amie ne pouvait comprendre la nature des sentiments qu’elle partageait avec son frère.

Ensuite, elle se repassa dans sa tête les événements de cette nuit. Cette nuit, enveloppée d’une aura de plaisir interdit et de découverte, avait fait d’elle une femme.

Elle s’était agrippée à lui de toutes ses forces. Il pleurait et elle serrait encore plus fort, dans la peur de le perdre à nouveau. Et elle répétait à quel point elle l’aimait.

Puis, comme attirés, par un désir jusqu’alors inconnu, ou plutôt un sentiment arrivé à maturité, ils s’embrassèrent. On ne voyait rien dans l’obscurité, mais leurs lèvres ne se rencontrèrent pas qu’une fois. Et pas que sur les lèvres. Il y a eu des larmes, des murmures plaintifs, même des rires nerveux de temps en temps. Et une chose en entraînant une autre, il la prit, se vida en elle. Et lorsqu’ils finirent d’assouvir leurs désirs sexuels jusqu’à plus soif, ils se blottirent l’un contre l’autre, se répétant « je t’aime ».

Elle avait supplié plusieurs fois « reste avec moi, ne pars plus. »

Son cur palpite encore à ce simple souvenir.

Elle est arrivée à la maison.

Papa n’est pas là, mais maman, si. Et en voyant sa fille elle s’écrie surprise :

— Oh mon dieu ! Victoria, qu’est-ce que c’est que cette tenue ???!

Victoria se rappelle qu’elle avait eu un échange « musclé » durant le match de foot. Elle devait être décoiffée ou quelque chose comme ça. Elle ne se soucie guère de savoir si elle est présentable ou pas.

— Ce n’est rien mère.

Pour la mère, ce n’est pas convenable. Elle rentre dans un monologue, expliquant que ceci n’est pas correct ou que cela n’est pas approprié, mais Victoria ne l’écoute qu’à moitié.

Elle a l’habitude de revenir un peu crasseuse en rentrant du foot.

La mère se tait, elle a un peu abandonné depuis ces dernières années. Si ses enfants, ingrats, ne veulent pas obéir et suivre les conventions sociales, elle ne veut plus s’investir dans des efforts inutiles pour les remettre sur le droit chemin.

Victoria remonta dans sa chambre. Tommy n’y était pas. Elle posa ses affaires, se changea rapidement. Elle n’aime pas prendre trop de temps pour s’habiller, alors elle met quasiment toujours la même chose. Un Cardigan. Par temps chaud ou froid, ça s’adapte vite à toutes les occasions. Elle quitte la maison. Elle sait où le trouver.

    ***

Il est bientôt 19h, le ciel change de couleur, les nuages ont changé de robes et le soleil prépare sa lente descente vers l’horizon. Annonçant ainsi la fin de la journée. Les gens rentrent chez eux. Dans leurs maisons.

Tom-Tom n’a pas de maison où il se sent bien désormais. Tommy n’a plus personne désormais.

Thomas est seul.

Il jette son regard au loin sans vraiment prêter attention. Dans un coin reculé de la plage. Isolé.

Perdu dans ses pensées, il se pose des questions ne plus en finir. Et ne prend plus la peine d’observer les gens qui rentrent de la plage, de compter les oiseaux qui volent autour des rochers, de s’émerveiller des vagues qui vont et viennent le long de cette plage de sable fin. Il adorait pourtant peindre ce genre de scène.

Qu’est-ce qu’il aime en ce moment ? A part elle ? Non rien d’autre. Est-ce que cet amour interdit est la source de tous ses problèmes ? Non, c’est lui. Tout est de sa faute. En arrivant à cette conclusion, il s’enfonça la tête contre ses cuisses. Assis par terre. Seul. Perdu dans sa tête. Ça n’a pas de sens. Il n’y a pas d’issue à ses tourments.

« Pousse toi, c’est ma place. »

Elle l’a retrouvé. Normalement, il serait soulagé de la voir. Mais là, il a plutôt honte.

Elle insiste à nouveau. Il ne bouge pas et Victoria s’assoit à ses côtés. Par terre, sur cette plage.

Ils n’ont pas besoin de s’échanger des mots. Ils ressentent les choses quasiment de la même façon. Alors parler n’est pas toujours utile. C’est plutôt un complément.

Victoria s’invite sur les genoux de son frère. La tête à la renverse, elle essaie d’attirer l’attention de celui-ci.

Il fait mine de s’intéresser à la mer, d’observer les gens qui sont tous partis. Il tente d’analyser le vol majestueux des goélands.

Caressant ses cheveux soyeux, elle s’émerveille des cheveux de Tommy. Si brillants, si soyeux, se demandant si elle ne devrait pas apporter le même soin à ses propres cheveux.

Leurs yeux se rencontrent alors. Et il s’observe comme des petits singes qui se voient pour la première fois. Elle passe ses doigts sur son visage délicat. Caresse ses fossettes saillantes, puis les oreilles. Il sourit. Elle rit. Il retourne ses caresses.

Cependant, toutes les caresses du monde ne peuvent réduire le gouffre qui les sépare. Peu importe à quel point ils se tiennent au bord de ce gouffre grandissant, ni à quel point ils tendent leurs bras pour ne pas se faire séparer. Il tente de la garder pour elle à tout jamais.

— Je t’aime tu sais.

— Oui je sais.

-…

— Moi aussi.

Alors pourquoi ? Pourquoi fuir, Victoria ? Et elle explique. Elle raconte qu’elle ne veut pas que Thomas finisse avec une fille comme elle. Il faut qu’il rencontre une fille bien. Une fille comme Emma. De cette façon, il sera heureux s’il choisit de quitter la maison. Mais il affirme qu’il est déjà amoureux de quelqu’un. Ils se dévorent du regard. Elle tente de raisonner. Ce n’est pas normal.

Ce n’est pas non plus normal qu’ils dorment encore ensemble depuis tout ce temps. Il s’en fiche, il l’aime. Il cherche à trouver un moyen d’exprimer ce qu’il a dans le cur. Elle aussi.

— Moi aussi je t’aime comme tu m’aimes. Et je sais qu’on ne sera pas heureux comme ça.

— Vivi ?

— Je t’aime crétin, mais je vais te rendre malheureux. Alors je dois tout faire pour que tu sois pas … Tu sais quoi. Merde. Même si je dois vivre loin de toi. Vis ta vie et ensuite… Après, on sera peut-être…

Il l’embrasse. Elle ne pourra plus continuer à parler. C’est un petit baiser sur les lèvres. Suffisant pour l’empêcher de réfléchir. Elle de le repousser avec ses bras. Allongée sur le sable, tête sur ces genoux, elle grimace. Trouve un moment pour crier

— Connard, laisse-moi finir !

Il force à nouveau son chemin vers ses lèvres, même si, cette fois-ci, elle le repousse des mains.

— Mais laisse-moi finir ma phrase, du con !

Il l’interrompt une nouvelle fois. Pour lui, elle ne pourra plus rien ajouter. Elle a dit qu’elle l’aimait tout comme lui. C’est tout ce qui compte.

Tommy devient de plus en plus excité, se permettant quelques fulgurances du bout de la langue.

Elle gémit. Entre plaisir et honte, elle essaie de calmer le jeu. Cependant en position de faiblesse, elle n’arrive pas à s’imposer. Il l’embrasse encore et encore et elle se sent comblée. Mais elle doit l’arrêter. Elle est partagée entre l’envie de laisser la situation prendre cette direction et le besoin de parler. Elle tente une percée.

Elle attrape le visage de son frère et s’en sert pour se redresser. Lui rendant baiser sur baiser, elle parvient à se mettre debout, à ses côtés, avant de pouvoir le pousser sur le dos, prenant ainsi le dessus sur lui.

Elle pose les mains sur la poitrine de son amant. Elle l’embrasse, mais cette fois-ci, c’est elle qui commande. Ses baisers sont différents. Mêlés d’espiègleries et d’insolence, ils sont rapides et nombreux. Empêchant ainsi son frère de reprendre l’avantage ou du plaisir.

Le seul moyen pour ce dernier d’asseoir sa domination et de se servir de ses mains. Il empoigne l’épaule de Vivi et tente de la faire basculer sur le côté. Piètre manuvre, elle intercepte ses mains et les empoigne. Après bien des bagarres, elle sait comment plaquer un homme par terre. Et Tommy est un homme plutôt fin, maigre, délicat, éperdument amoureux de sa jumelle. Après d’autres lamentables tentatives, Il avoue sa défaite.

— Reste avec moi.

Le charme est brisé, elle se lève. Comme si

Qu’est-ce qu’il a fait ? Il ne saisit pas. Où s’est-il trompé ? Elle se lève, le laissant misérablement à terre.

Ne comprenant toujours pas ce revirement, il la poursuit en l’inondant de questions. Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que j’ai fait ? Tu vas bien ? On était bien là ?

Oui elle était bien, elle ne lui avouera jamais. Elle sait qu’il y a entre eux une complicité qu’elle ne connaîtra peut-être jamais avec qui que ce soit d’autre. Mais elle doit se résigner à le laisser vivre sa vie.

Il faut rentrer à la maison à présent.

Maman et papa leur demanderont ce qui leur est arrivé.

« On s’est battu sur la plage. Ça va mieux. »

    ***

La nuit.

— Tu dors ?

-…

— Vivi.

Elle grommelle. Allongée sur son lit, elle dormait. La fenêtre est ouverte. On peut entendre les grillons chanter. Elle dormait profondément, jusqu’à ce Tommy la réveille.

Leurs lits étaient autrefois séparés. Ils les ont rapprochés. Pour jouer aux cartes, pour parler avant de s’endormir, pour s’endormir l’un contre l’autre, comme avec un doudou.

Il murmure très doucement son prénom. Avec douceur et désir, il récite son prénom. Vivi. Elle se retourne avec difficulté, encore somnolente. Sur l’autre côté, elle lui fait face, mais parvient difficilement à ouvrir les yeux. Elle réussit, au bout d’un effort surhumain à prononcer.

« CÔA ? »

Elle sent des mains lui caresser les cheveux. Elle sourit, se laisse faire. Il lui parle gentiment. Lui déclare des choses venant du fond de son cur. Mais elle ne comprend pas tout. Trop fatiguée pour écouter et interpréter ce qu’elle entend.

Elle ne comprend toujours pas ce qu’il dit mais il attend une réponse.

— Vivi ? Est-ce que… tu ? D’accord ? Et … là-bas… toi ?

Elle ne comprend toujours pas ce qu’il dit. Cependant, elle réunit ses forces pour pouvoir se blottir contre lui. Lovée contre lui, sa tête repose contre sa poitrine, elle peut entendre son cur battre. C’est une douce berceuse pour elle. Elle cherche sa main. Il entrelace ses doigts entre les siens. Elle sourit.

Il essaie de dire quelque chose.

Elle lui répète de se taire.

— Je t’aime Victoria.

Il sent une petite douleur sur son torse. Il ouvre sa bouche, anticipant une douleur plus intense.

Vivi a repéré et mordu le téton gauche de son frère.

— Pitié… Aïe. Je t’aime.

Elle relâche son emprise et conclut.

« Ferme ta gueule. »

Ils s’endorment l’un contre l’autre.

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